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mercredi 15 avril 2015
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par Our Kid le 10 juillet 2005
paru le 3 décembre 1965 (Parlophone / EMI)
Ce qui frappe d’emblée, c’est cette pochette : gros plan sur les quatre visages fermés, graves, ce qui devient désormais une constante pour le groupe (cf. Beatles For Sale). Ceux-ci apparaissent déformés, étirés, signe que les temps changent. De même, le titre et sa police de caractère préfigurent l’ère psychédélique. Le titre justement, Rubber Soul, littéralement âme en caoutchouc, constitue un jeu de mots avec rubber sole, semelle en caoutchouc et suggère que les Fab Four traitent dans leur opus de ce qui touche leur âme.
D’âme, il en est précisément question ici, non plus les sentiments qu’évoquaient les morceaux précédents, mais des réflexions plus mûres avec parfois des interrogations (I’m Looking Through You). Les influences dylaniennes entrevues sur Help ! sont parfaitement assimilées sur cet album, ce qui lui donne une légère tendance acoustique. L’autre influence est celle, inédite, de la musique classique indienne apportée par Harrison et son sitar sur Norwegian Wood (This Bird Has Flown) : en clair, on glisse tranquillement vers le psychédélisme et d’ailleurs, une chanson comme The Word illustre à merveille le futur slogan peace & love. Il faut dire que nos petits Beatles découvrent la marijuana et deux d’entre eux ont été initiés cette année-là aux saveurs du LSD. Leur perception du monde change et cela se ressent sur tout l’album, ce qui apporte une certaine cohérence aux morceaux.
Cohérence donc, mais l’album laisse également chacun s’exprimer individuellement et pour la première fois, les quatre sont crédités, même si la contribution de Ringo Starr se résume à quelques mots sur la Country & Western What Goes On. Ainsi, McCartney, le compositeur de ballades laisse apparaître pour la première fois ses faiblesses dans ses chansons d’amour telles que You Won’t See Me, I’m Looking Through You, mais reste cependant dans l’inconscient collectif avec une chanson comme Michelle. Quant à George, il commence à mettre en place ses talents de compositeur avec Think For Yourself et If I Needed Someone et n’hésite pas à enrichir sa palette sonore avec l’emploi de fuzz box, guitares douze cordes et sitar donc. De son côté, Lennon évoque ses liaisons extra-conjugales dans Norwegian Wood, publie son premier grand hymne avec In My Life, plein de nostalgie, et un sommet (Girl) agrémenté de superbes harmonies vocales inspirées directement des Everly Brothers, des Beach Boys (influences que l’on peut retrouver sur Wait et Nowhere Man) voire des Byrds (dont l’introduction à la guitare de If I Needed Someone reprend celle de The Bells Of Rhymney). Autre pépite, le titre inaugural Drive My Car, inspiré du Respect d’Otis Redding mais cuisiné à la sauce rock’n’roll, résume à lui seul l’album avec son ton léger, sa façon efficace de parler de l’amour en deux minutes et trente secondes.
Rubber Soul est certainement le premier grand album de la carrière des gars de Liverpool et reste déroutant par son apparente simplicité et sa richesse. Bref, un disque charnière qui naît à une époque où les groupes apparus en Angleterre à la suite des Beatles éprouvent des difficultés à se réinventer et qui pose, sans le savoir, les bases du psychédélisme à venir.
Vos commentaires
# Le 13 juin 2012 à 14:05, par M. Kite En réponse à : Rubber Soul
Comment se fait-il qu’il y ait deux chroniques de cet album dans la même catégorie ?
A choisir entre deux, celle-ci est la plus convaincante.
# Le 13 juin 2012 à 14:23, par Aurélien Noyer En réponse à : Rubber Soul
# Le 14 juin 2012 à 17:11, par M. Kite En réponse à : Rubber Soul
Je comprends votre position mais pour le visiteur, ce n’est pas si évident que ça. De plus, une bonne partie de la chronique la plus longue peut très bien trouver sa place dans le portrait du groupe.
A quand deux articles pour Sgt. Pepper, l’album blanc, white light/white heat, piper at the gates of dawn, nevermind the bollocks, etc... ?
Comprenez par là que si un album est jugé incontournable, on s’attend à ce qu’une seule critique lui soit accordée afin de renforcer son côté unique, précieux. Alors quand on voit double...
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