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mercredi 15 avril 2015
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par Fran le 25 octobre 2005
sorti le 6 juin 2005 (XL Recordings / Third Man Records / Beggars Banquet)
Souvenons-nous qu’au tournant de ce siècle, les White Stripes et autres Strokes portaient haut l’étendard du "revival rock". Comprenez un rock brut, primitif, effronté, qui s’abroge de toute expérimentation - et parfois expérience - et dont le travail de production est réduit à son minimum. La Vieille Europe (comme c’est souvent le cas) leur emboîte le pas et les groupes en "The" fleurissent (Libertines, Hives...). Une effervescence comparable à celle qui agita la seconde moitié des seventies prend forme. Tout le monde - ou presque - pouvait envisager le succès pour peu que l’on chante fort, frappe fort, et sache aligner deux accords, mais le tout, avec "style".
Et du style, ils n’en manquent pas les White Stripes. Ecartant toute idée d’augmentation d’effectif, ils ont fait de leur duo une force, mieux, une marque de fabrique : d’un côté, le jeu de batterie métronomique de Meg façon Moe Tucker, et de l’autre Jack, re-visitant à sa guise le blues et décochant des riffs monstrueux à l’instar de Jimmy Page. L’ouverture de ce cinquième LP n’augure pas de profonds remaniements. Blue Orchid et son riff crado appuyé par le pilonnement non-contenu de Meg nous renvoie aux tours de force passés. A l’inverse, les délires bruitistes et exotiques de The Nurse amorcent un virage étonnant ! Marimbas et maracas emplissent l’air tandis que batterie et guitare essaient tant bien que mal d’exister dans cet univers nouveau. La voix de Jack ne vacille pas, désinvolte tel un personnage de Tim Burton environné de situations toutes plus fantasques les unes que les autres. Relégué auparavant au colmatage, le piano apparaît désormais au premier plan, tantôt taquin (My Doorbell, The Denial Twist), tantôt funèbre (White Moon). Mais Jack ne délaisse pas pour autant les cordes et sait les retrouver quand il s’agit de plonger dans ses racines : de la country traditionnelle (Little Ghost) au Led Zeppelin le plus hargneux avec Red Rain où la voix de White côtoie étrangement celle de Plant. As Ugly As I Seem va jusqu’à sonner le retour à la terre, cherchant le son le plus roots qui soit avec tapotages du bois - de guitare - et crépitements de bande en sus.
Elephant et l’imparable tube Seven Nation Army n’ont fait que révéler au Monde une facture que le groupe s’était efforcé de développer dans ses trois premiers albums et dont White Blood Cells (2001) constitue l’effort le plus aboutit. Auréolé de toute part, Jack aurait pu voir l’avenir sereinement en produisant éternellement la même recette efficace. Mais l’homme n’est pas de ceux qui se reposent sur leurs lauriers la gloire venue. Au risque de surprendre et décevoir leur auditoire, les White Stripes explorent ainsi de nouvelles contrées, où la sainte dualité guitare/batterie côtoie désormais d’autres sonorités. Pied de nez anti-commercial d’un groupe voulant retrouver l’intimité de ses débuts ou véritable conscience artistique ?
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