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Gods and Goddesses

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Brant Bjork

par Antoine Verley le 13 avril 2010

3

Sorti le 30 mars 2010 (Cargo Records/ Differ-ant)

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La tendance actuelle est à faire, pour reprendre un poncif déclamé hebdomadairement par tout pisseur de copies payé pour, du "neuf avec du vieux". Culte du vintage, matos croulant payé à prix d’or sur l’autel d’un revival clinquant et artificiel, allégeance au classic rock à papa, la mode a de beaux jours devant elle. Sans réellement faire ce que l’on pourrait appeler "neuf", c’est à dire, de vraies mélodies innovantes. Brank Bjork, c’est exactement cela, à cette nuance près que son boulot solo consiste plutôt en la création de... Vieux avec du neuf.

Brant Bjork... On se souvient du batteur de Kyuss, incontournable de la scène de Palm Desert. Imaginez-vous un grand chevelu sapé comme un fumeur de bang déserteur du Vietnam, collez lui un bandana et une veste en jean, chaussez-le alternativement de tongs ou de basques mathusalémiques, et, enfin, affublez votre Bjork (Non, pas Guðmundsdóttir) d’une moustache ringardissime. Ca ne vous suffit pas ? Pour la présente pochette, faites poser votre Brant (Pas Mike, enfin !) au volant d’une caisse vintage (encore !), une nana cheap sur la place du mort, et voici campé, façon Boulevard de la mort, le décor de l’opus : vieux. Toujours. Une pelletée de classic rock cousu main. Et aucun détail n’est négligé : même le disque est format LP (33 minutes) !

A première écoute, rien de bien poussiéreux. Le son de gratte est rondouillard, les basses lourdes (on reste dans la galaxie stoner, hein), et cette caisse claire sonne plus Blues Explosion que jamais. Mais lorsque la première plage, Dirty Bird, tourne en blues crasseux, on ne rigole plus. Les plus moderno-futuristes d’entre nous n’attendront pas la deuxième piste pour hurler au plagiat grossier et débuter la rédaction de leur demande de remboursement à la maison de disques. Tout ici fleure légèrement le moisi : la voix de série Z de Brant, d’une intense et naïve conviction ; les textes, d’une plaisante candeur, mais la cerise sur le gâteau esr une référence que transpire l’album : Hendrix. On use du feedback par-ci, on (ab)use de la wah-wah (comme les potes de Fu Manchu, tiens !) par-là... Même s’il s’efface sur les vagues prétentions funky de Radio Mecca et le gouleyant Porto clair et grave, le type de Seattle est bien là. Comme au bon vieux temps des Bros (Les années 2000, vous vous souvenez ?)

On pourra s’offusquer, râler, ou pire, hausser les épaules, devant une telle collection de morceaux classic rock. Mais à force d’écoutes répétées, on prend étrangement goût à ces mélodies vermoulues : et s’il est un pari réussi pour Brant Bjork sur cet album, c’est de produire des morceaux classiques, presque vieux à en gerber, comme s’ils avaient été écrits par le pire des heavy boogieux des seventies, à notre époque... Et prenant une furieuse patine, écoute après écoute. Malgré son riff simple et futé, The Future Rock (We Got It) ne nous racontera pas de bobards : pas de révolution à l’horizon. Simplement le désert qui poudroie et le refeer qui fumoie. Et c’est tant mieux.



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Tracklisting :
 
"Dirty Bird" - 2:48
"The Future Rock (We Got It)" - 3:56
"Radio Mecca" - 3:54
"Little World" - 5:02
"Blowin’ Up Shop" - 3:27
"Good Time Bonnie" - 3:49
"Porto" - 3:50
"Somewhere Some Woman" - 5:49
 
Durée totale : 32’52"