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mercredi 15 avril 2015
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par Brice Tollemer le 9 novembre 2010
Paru le 9 novembre 2010 (Towerbeat records)
Dans les années vingt aux Etats-Unis, il arrivait de temps à autre qu’on organise des rent-parties, des soirées privées qui se tenaient chez des particuliers et qui étaient destinées à payer le loyer. Au cours de ces petites sauteries qui faisaient le bonheur des locataires, certains interprétaient des chansons avec des instruments traditionnels (banjos, harmonicas) et incorporaient dans cet orchestre d’un autre temps des éléments et accessoires domestiques : une washboard pour la percussion et une tea-chest bass pour la basse. Ce mélange de blues, de jazz et de boogie-woogie s’appelait le skiffle. Et c’est l’un de ses représentants écossais, Lonnie Donegan, qui implanta le rock&roll en Angleterre en 1956 avec sa reprise d’une chanson de Leadbelly, « Rock Island Line ». Oui, c’est cette musique qui pouvait parfois se jouer avec une bassine retournée, un manche à balai et une corde qui permit par la suite la naissance et l’explosion des Beatles et des Rolling Stones. Le premier groupe de John Lennon, les Quarrymen, était ainsi un orchestre de skiffle.
Ce qui est intéressant dans cette traversée de l’Atlantique qu’a connu ce mouvement, ce n’est pas que les plus grandes stars du rock aient commencé à jouer sur des ustensiles habituellement réservés à la gent féminine. Non. Ce n’est pas ça. En revanche, ce qui est notable dans l’arrivée du skiffle dans le noble royaume de Grande-Bretagne, ce sont les perspectives qui vont alors s’ouvrir pour toute une nouvelle génération qui est née après la fin de la seconde guerre mondiale. Ce genre musical, typique de la communauté noire de la Nouvelle-Orléans, va progressivement se teinter d’un blues urbain britannique, celui des gamins de Manchester et de Liverpool. Cette genèse, c’est toute l’essence du rock, c’est la combinaison des cultures noires et blanches, anciennes et nouvelles, rurales et urbaines. C’est l’interaction continue et soutenue du passé avec le présent. C’est la nature des groupes anglais du début des années soixante.
Cette période d’effervescence musicale où tout était à créer et à découvrir, Towerbrown y est en plein dedans. Le nouveau projet de l’ancien guitariste/chanteur des Firecrackers s’inscrit ainsi véritablement dans cette mouvance Rhythm n’Blues/Beat anglais. On pense bien évidemment aux Animals avec « Fire Won’t Burn Anymore ». Mais, d’une façon plus générale, c’est toute cette british invasion qui transparait au cours des quatre titres qui composent le premier quarante-cinq tours du groupe [1]. Quand les principales formations de l’époque, telles que les Kinks, les Zombies et bien évidemment les Animals débarquèrent aux Etats-Unis pour conquérir le Nouveau Continent, les membres cherchèrent immédiatement à rencontrer les musiciens noirs qu’ils écoutaient depuis des années. Le retour aux sources. Les racines de la soul. Le rock est un aller-retour permanent et Towerbrown l’a bien compris. Let’s Paint It Brown pose les bases solides d’un projet qui peut aussi aller voir du côté des Pretty Things, des Them de Van Morrison ou bien encore des Small Faces. Avec un orgue Hammond comme ça, on peut se rendre de partout. On peut voyager dans le temps et résister à des hordes de groupies diaboliquement hystériques. On ne craint rien.
[1] Ils devraient bientôt être disponibles en téléchargement direct chez le label anglais Smoky Carrot
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