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mercredi 15 avril 2015
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par Parano le 9 décembre 2008
paru en novembre 2008 (Domino)
Que penser des Arctic Monkeys, en tant que groupe de rock ? Franchement, je n’en sais rien. Ces types sont-ils vraiment extraordinaires ? Vue de ce côté ci de la Manche, on a des doutes, mais comme l’Albion a la perfide habitude de pondre un groupe génial tous les dix ans, on se méfie quand même. Et si c’était eux ? Bien sûr, vous me direz qu’ils ont levé toute ambiguïté, en intitulant leur premier album Whatever People Say I Am, That’s What I Am Not. Mais ils s’attendaient peut-être à passer pour des tocards.
Bref, le mieux c’est encore d’aller mesurer la chose en concert, et ça tombe bien, voilà que sort ce Live At Apollo, qui a eu l’honneur d’une diffusion en salle au Royaume-Uni. L’emballage est emballant. Plutôt qu’un austère boîtier plastique, on a droit à un livre cartonné (édition limitée ?), et à de chouettes photos noir & blanc, sur papier… glacé (glace, Arctique, pigé ?).
Les singes ont été shootés à Manchester en décembre 2007, à domicile donc, à la fin d’une tournée mondiale qui a dû sacrément roder la machine, et aussi les narines. Côté technique, c’est filmé en 35mm, par le réalisateur Richard Ayoade, qui fait dans la sobriété extrême : plans serrés, montage minimaliste, et une bonne dose de grain pour salir la pellicule. Le résultat colle parfaitement à l’image du groupe : sage, simple, et un brin subversif. Les bonus, offrent quelques titres en multi caméra (une sur chaque singe). Le son, lui, est parfait, même si le mix sacrifie la guitare de Jamie Cook. Il joue si mal que ça ?
Sur scène, les Arctic Monkeys balancent autant de tubes que de faces B, devant un public hystérique, mais quasi invisible. Sans rire, la caméra ignore totalement la fosse. C’est à peine si on entend l’ovation des fans entre chaque chansons. Du coup, on a l’impression curieuse d’assister aux balances, ou à un show télé fauché. Surtout que le groupe ne force pas. La nonchalance d’Alex Turner ferait passer Rivers Cuomo pour un chihuahua cocaïnomane. C’est dire. Pulls moches. Coupes de douilles. Arctic Monkeys, c’est l’anti-spectacle assuré, et assumé.
Côté musique, c’est une autre histoire. Le groupe envoit le bois, et c’est probablement ce qui explique son succès. Le contraste entre le chant indolent de Turner, et la batterie volcanique de Matt Helders (le plus doué des quatre), fait merveille. Le reste, c’est la routine. Guitares épileptiques et basse new wave. La formule est un peu répétitive (un geek égaré sur le dancefloor maltraite sa guitare), mais comme le sujet est maîtrisé de bout en bout, on ne s’ennuie pas. Passé la demi-heure, les singes se prennent au jeu, et le show s’anime un peu. Pas chassés, ondulations du bassin, tressautements du coude. Pas de quoi inquiéter Mötley Crüe, mais pour les petits gars de Sheffield, c’est déjà beaucoup.
Au final, ce Live At Apollo est une bonne surprise, qui pourrait réconcilier les vieux cons avec la scène actuelle, pour peu que l’on ne soit pas réfractaire au songwriting déroutant d’Alex Turner.
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