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Motion Sickness

Motion Sickness

Bright Eyes

par Béatrice le 3 janvier 2006

4

paru le 14 novembre 2005 (Saddle Creek)

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On ne peut pas vraiment dire que Conor Oberst et ses compagnons de Bright Eyes aient chômé en 2005 : aux deux albums, aussi superbes que différents, sortis simultanément en janvier, ont succédé deux tournées (une par album, en toute logique) qui ont occupé une bonne partie de l’année. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut penser que le groupe va faire une pause et disparaître un temps, au contraire : ils concluent l’année en toute beauté, avec la sortie d’un live retraçant la tournée de trois mois qui les a fait voyager d’Omaha à Perth, en passant par Paris et Osaka, au cours des premiers mois de 2005.

Il ne s’agit donc pas d’un seul concert enregistré, mais d’une sélection de chansons parmi celles qui ont été jouées lors de la tournée, sans plus de précisions sur leur provenance exacte (ce qui fait qu’on peut très bien s’imaginer que la version de, au hasard, Train Under Water, est bel est bien celle qu’on a entendue, un soir d’hiver, dans une petite salle de concert à Paris, Londres ou Berlin - même si, en fait, sur 150 concerts, la probabilité est assez faible...). Mais comme une tournée de cette envergure mérite mieux, en guise de souvenir, que quelques pistes gravées sur un CD, s’ajoute au disque un livret de 24 pages remplies de photos prises un peu partout et d’un récit de la tournée écrit par Jason Boesel (délégué à la batterie sur l’album I’m Wide Awake It’s Morning et sur cette série de concerts, et également batteur de Rilo Kiley), qui retrace le périple du groupe et donne un peu l’impression qu’on l’a faite avec eux, cette fameuse tournée...

Bien plus qu’une simple transposition en live de l’album I’m Wide Awake, It’s Morning, c’est donc un véritable carnet de voyage que nous offrent les musiciens du groupe ; d’ailleurs, si les chansons de l’album sus-cité sont effectivement à l’honneur, comme c’était le cas au cours de la tournée, le live contient également quelques titres issus des albums antérieurs Fevers And Mirrors et Lifted, ainsi que - plus intéressant encore - des reprises inédites et des faces B ou autres titres difficilement trouvables, à moins d’être un fan acharné. Le son, extrêmement soigné, rend parfaitement justice aux titres qui, pour la plupart, sont encore plus poignants et forts que dans leurs versions studios ; à chaque concert, Conor Oberst semble en effet se réapproprier et revivre chacun des mots qu’il a écrit, et des titres tels que Landlocked Blues prennent tout leur sens en live, lorsqu’ils sont dénués de tout artifice et que chaque nuance dans l’intonation est perceptible. Les chansons sont toutes parfaitement maîtrisées par le groupe (selon toute vraisemblance, les titres ont été soigneusement sélectionnés, il n’est donc pas très étonnant qu’on ait droit à d’excellentes versions de chaque titre), mais la performance la plus impressionante est probablement celle du trompettiste Nate Walcott, qui parvient à s’adapter parfaitement à toutes les subtilités des chansons et joue un rôle prédominant dans l’instauration d’une ambiance propre à chaque titre, rendant par moment la présence de son instrument tout aussi indispensable que celle de la voix ou de la guitare. Que ce soit sur la country de Make War, le rock quasiment bruitiste de la fin de Road To Joy, la tristesse sèche et froide de Southern State, ou la poésie enjouée et aux frontières de l’absurde de True Blue, sa faculté à embrasser tous les styles ne fait que souligner l’incroyable diversité du répertoire de Bright Eyes. Répertoire auquel s’ajoute, comme on l’a déjà dit plus haut, deux reprises, l’une de Mushaboom de Feist, l’autre de The Biggest Lie d’Elliott Smith, toutes deux réussies, même si Conor Oberst (qui a vocalement plus de difficultés sur les chansons des autres que sur les siennes) ne fait pas oublier Elliott Smith, qu’on aurait presque l’impression d’entendre en filigrane sur sa chanson.

Bien sûr, cet album ne retranscrit pas toute l’intensité d’un concert de Bright Eyes, mais il offre quand même un beau souvenir à tous ceux qui ont eu l’occasion d’assister à un des concert de la tournée, et une excellente introduction à l’univers du groupe d’Omaha à tous les autres - même s’il présente surtout le versant le moins tourmenté de l’oeuvre de Conor Oberst, et est évidemment très loin d’être exhaustif.



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Tracklisting :

01. At The Bottom Of Everything (3’44")
02. We Are Nowhere And It’s Now (4’01")
03. Old Soul Song (4’07")
04. Make War (Short Version) (0’43")
05. Make War (Long Version) (5’40")
06. Scale (2’22")
07. Landlocked Blues (5’51")
08. Method Acting (3’41")
09. Train Under Water (5’59")
10. When The President Talks To God (3’27")
11. Road To Joy (5’56")
12. Mushaboom (2’44")
13. True Blue (5’41")
14. Southern State (4’40")
15. The Biggest Lie (2’48")

Durée totale : 61’24"