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par Vyvy le 3 avril 2007
paru en 2000 (Virgin)
Van Der Graaf Generator fut un tourbillon complètement barré qui a su souffler sur le Royaume de Sa Gracieuse Majesté de 1967 à 1978 un rock progressif unique en son genre. Van Der Graaf Generator, hydre à qui des têtes continueront de pousser tout au long de la période, va muter, s’hybrider, tantôt se produire sans aucune guitare (H to He... où la guitare prend des proportions filigranistes), tantôt se brancher avec une vigueur étonnante (Godbluff et fin de période). Protéiforme, proto-punk parfois, prototype du bizarre et de l’alambiqué fait musique assurément, VDGG est probablement un des monuments les moins visités de Grande-Bretagne (et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer de « maintenir le rêve en vie », petite allusion à des mancuniens d’une autre époque), mais c’est un monument dont l’originale maison de disques Charisma (celle là même qui accueilli leurs compatriotes et compères Genesis) fut racheté par Virgin. Ce qui, comme nous allons le voir, a beaucoup joué au moment où, au début de notre cher siècle, le Generator a décidé de refaire parler de lui. Décidé... Le terme est peut être trop fort, les subordonnés du grand Richard Branson y étant sûrement pour beaucoup. Quoi qu’il en soit, voilà qu’arrive, en l’an 2000, chez tous les disquaires de France et de Navarre (sans oublier les disquaires de la nation Navahos) cette boîte, coffret imposant de quatre CDs, un livret de près de cinquante pages, et un graphisme qui en dit long sur l’aspect sarcophage du tout : j’ai nommé The Box.
« Une compile, encore une ! » : voilà le cri qui à première vue accueille l’animal. En effet, entre les bootlegs foireux de prestations sublimes, les superbes reliques BBCiennes d’apparitions sombrées dans l’oubli (Maida Vale) ou enfin les singles empêtrés dans les lourdeurs poussiéreuses de l’Histoire (I Prophesy Disaster, en 1993 déjà chez Virgin) ont, semble-t-il fait le tour de la chose. À deuxième vue, l’intérêt certain pour cette compilation dont les titres avaient été remasterisés par Peter Hammill himself n’est plus d’actualité, vu que Virgin depuis 2005 réédite les vieux VDGG, et même plus récemment les œuvres solo du poète...Alors, faut il jeter ce bébé avec l’eau poisseuse du bain de mauvaises critiques et mauvaises compilations chroniques ? Non, rendons à Hammill ce qui lui revient : let’s bless the baby born today car cette compilation, si elle n’est pas parfaite, arrive à tirer son épingle du jeu.
Comme souvent dans ce genre de produit, on hésite à s’adresser aux fans ultimes ou au simple badaud. Ici, le choix n’a pas été vraiment fait, l’ensemble elle alliant des chansons originales, plus ou moins finement choisies, des inédits radiophoniques et des extraits de lives. Mais ici, les « inédits » ne le sont pas vraiment, tant ils ont (notamment l’incroyablement drôle et dantesque Theme One - détournement de générique de radio à grand coups d’orgue survolté-) déjà eu l’occasion de paraître au cours de la décennie précédente chez Virgin. Cette compilation précédente, n’avait pas eu l’audience du Box mais, il est vrai que le côté « inédit » reste assez douteux. Les chansons « originales », sont remises au goût actuel d’Hammill. Coupées, remasterisées, plus claires souvent, assez différente somme toute de leur version studio. Cette démarche peut surprendre, énerver (on touche là à des chefs-d’œuvre tels A Plague Of Lighthouse Keeper ou La Rossa), son résultat est parfois il est vrai l’amputation de certains titres de leurs longues (trop longues ?) folies, mais il permet aussi l’écoute de morceaux qui, auparavant restaient assez hermétiques (Meurglys III par exemple, qui en devient presque audible). Troisième sorte de morceaux qui gracient l’imposante boîte, les lives, eux, sont à se damner. Soit, il est vrai que le son reste celui d’un live, enregistrer de manière un peu artisanale (quoiqu’il ait, heureusement, été retravaillé) mais, les extraits de ce concert à Rimini (Italie) en 1975 (peu après la « remise ensemble » du groupe) nous permet à nous, pauvres « jeunes » qui n’ont pas pu assister à un de leur concert d’imaginer, ne serait ce qu’un peu, ce que ces fous-là pouvait donner.
La boîte (de Pandore, assurément) est ainsi divisée en quatre disques, retraçant la chronologie de la bande à Hammill. Tous arborent fièrement des noms tirés des paroles, toujours bizarres, toujours splendides, de l’auteur/leader. Bless The Baby Born Today retrace les pas de la prog machine de ses débuts « pop psyché ». On note par exemple le tout premier titre People You Were Going To, qui a l’avantage de ne pas trop se prendre au sérieux, tout en préfigurant le « dark side » des paroles de Peter Hammill The people in the downstairs flat
/are no longer there now because they left/
the gas tap on/, they’re all dead/.
So you’ve no-one left to talk to/,
you just lie there in melancholy/,
half-naked on your unmade bed.. Le disque se continue dans des morceaux choisis jusqu’à H To He Who Am The Only One ; album de 1970. On entre ensuite avec le deuxième des quatre dans la période précédent la deuxième séparation (la première avait eu lieu avant l’enregistrement du premier album). Cette période, particulièrement fructueuse, revue et corrigée par Hammill donne un très impressionant The Tower Reels. Après, avec la fin du tome 2 et le tome 3, on découvre les prestations Riminiesques (notamment le Lemmings) du groupe ; avant de se faire plaisir avec le meilleur de GodBluff et de Still Life réunis. Mais voilà, le tome 4, Like Something Out Of Edgar Allen Poe, malgré son titre splendide n’arrive pas à la hauteur du reste (ce qui est assez logique, tant il présente la moins bonne période du groupe). Il arrive à la rendre audible, voire même intéressante. Mais si Hammill est central dans le groupe, VDGG (ou VDG sur la fin) sans les orgues incroyablement bidouillés de Banton ni les saxophones (joués de manière simultanée biensur) de Dave Jackson, ce n’est plus VDGG. C’est autre chose, et cet autre chose est rendu pas mal par le traitement qu’on lui accorde, mais il reste que le son, plus « new wave » et guitaré dépareille. Tant pis !
Ces perles musicales ont la chance d’être présentées dans un cocon les mettant encore plus en valeurs. Cinquante pages de clichés superbes, d’extensives gig lists, des commentaires, d’époque ou non, des membres du groupe, mais aussi par exemple de Tony Banks (Genesis), compagnon de route de nos gus au début de leur épique voyage.
Au final, Virgin a essayé de dépoussiérer le monstre VDGG. Le résultat peut heurter le fan absolu. Mais permettre à l’amoureux du dimanche de se (re)plonger, corps et âme dans ce groupe incroyable, voire fournir un premier aperçu au néophyte courageux. Le problème majeur de ces compilations est de savoir à qui elles s’adressent et ici, à force de vouloir ménager la chèvre, le chou, le champ et les petits oiseaux, Virgin nous a pondu une compile atypique, protéiforme, bizarre, assez proche, somme toute, de ce qu’est le groupe lui-même.
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