Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Fran le 18 octobre 2005
Sorti le 14 septembre 2004 en Amérique du Nord (Merge Records). Réédité le 28 février 2005 pour l’Europe (Rough Trade).
Injustement connu pour sa propension à dénicher des chanteuses "à cris" aux noms patronymiques ridicules, le Québec se révèle être un formidable terrain d’expérimentations musicales. A en croire Rolling Stone et le New York Times, Montréal serait même devenu "la future capitale du Rock", rien que ça. Un titre honorifique qui est loin d’être usurpé au regard des nombreux héritiers de l’orgiaque Godspeed You ! Black Emperor. En témoigne aujourd’hui Arcade Fire.
Quand le couple Win Butler et Régine Chassagne embarque son groupe dans le légendaire Hotel 2 Tango en vue d’enregistrer ce qui sera leur premier LP, ils sont loin de se douter d’un hypothétique succès, et pour cause. Marqué par la mort de pas moins de 9 proches du groupe, Funeral ("Enterrement" donc) aurait aussi bien pu passer de vie à trépas. Mais loin de mettre à mal les bonnes intentions du début et de précipiter le groupe dans une noirceur sans fin qui aurait pu être fatale au projet, le disque se révèle d’une cohérence presque insolente.
Rarement des mélodies pop se seront aussi bien mariées à des orchestrations classiques. Les complaintes de Win Butler sur Neighborhood #1 (Tunnels) ou Une Année Sans Lumière sont vite balayées d’un revers de guitare ou de batterie appelant progressivement au défouloir collectif. Puis ce sont les violons, omniprésents, qui incitent à de grandes envolées rendant alors le combo incontrôlable. A l’inverse, les guitares vengeresses de Neighborhood #3 (Power Out) ou le riff accrocheur du désormais hymne de stade Wake Up donnent d’entrée un ton plus rock à la formation. Et c’est ça qui plaît chez Arcade Fire : ce formidable équilibre entre douces mélodies et déflagrations électrico-symphoniques. Le tout est emmené par la voix hantée de Win Butler passant tout à tour de l’ivresse à la détresse comme seuls pourraient le faire un Robert Smith ou un Thom Yorke. C’est aussi ce goût pour les contradictions permis par la variété des instruments utilisés (accordéon, harpe, violons, xylophone, etc...) surprenant à chaque fois l’auditeur. Et cette Régine Chassagne, pas vexante pour un sou, multi-instrumentiste mais aussi très à l’aise au chant sur la belle ballade Haïti ou qui clôt merveilleusement le disque de ses mélopées suaves sur le très Björk In The Backseat.
Ce disque est un espoir pour toutes les âmes perdues en mal de groupes innovant qui recherchent un salut comme avait pu l’être en son temps OK Computer. Et si le groupe conserve la modestie et la rigueur affichées depuis lors, il pourrait bien connaître une unanimité critique et publique comparable à Radiohead. C’est en tout cas tout le mal qu’on leur souhaite. L’avenir s’annonce palpitant.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |