Portraits
Van Der Graaf Generator, le rock autrement

Van Der Graaf Generator, le rock autrement

par Vyvy le 4 novembre 2008

Cette story a été publiée pour la première fois sur ce site en septembre 2006.

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De 1967 à 1978, Van Der Graaf Generator a parcouru l’Europe et le monde. Groupe polyforme, toujours entre deux ruptures mais incroyablement prolifique, il ne connaitra, Italie et France exceptées, qu’un succès d’estime auprès de leurs pairs de la scène progressive et de quelques journalistes. Leur musique, difficile d’accès mais ô combien intéressante, a marqué tout ce mouvement progressif qui se répand ces années-là.

1968 : et Van Der Graaf fut !

Van Der Graaf Generator est issu d’une scène particulièrement prolifique, celle de Manchester. C’est à cette université que se rencontrèrent les membres fondateurs du premier Generator, Peter Hammill, Nick Pearne et Chris Judge Smith.

Peter Hammill, étudiant en sciences inscrit en première année, traîne souvent du côté du département théâtre de l’université, ainsi qu’avec des cercles de gauche. Celui que certains qualifieront de "Jimi Hendrix des cordes vocales" ! n’en est qu’à ses premiers essais. Nick Pearne, également étudiant en sciences, est organiste. Chris Judge Smith (Judge pour les intimes) est lui étudiant en théâtre et auteur de petits films. Après un été de l’amour mouvementé, au cours duquel il traînera notamment avec Country Joe And The Fish, Judge se rend à une audition organisée à l’université en novembre 1967. C’est là qu’il va rencontrer Hammill, rencontre fructueuse dont découlera une longue amitié, et un groupe, Van Der Graaf Generator.

Le nom du groupe est issu d’une liste de propositions de Judge Smith (parmis lesquels on retrouvait par exemple Shrieking Plasma Exudation...). Il désigne un générateur électrostatique inventé par Robert Van Der Graaf.

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un générateur de Van der Graaf

À ses débuts, Van Der Graaf Generator comptait bien une bassiste, Maggie, mais les mœurs peu usuelles de Judge l’auraient fait fuire au cours d’une séance d’essayage de leurs costumes de scène. À l’époque, Judge avait en effet décidé de faire les concerts vêtu de noir, avec un casque de loup en latex et des capsules de faux sang prêtes à exploser, afin de jaillir au cours d’un morceau, Wolfmann’s Song, qui ne fut jamais enregistré. 1968 est une toute autre époque ... Ainsi, lorsque enfin eut lieu leur premier concert, les membres de VDGG n’avaient plus de bassiste.

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Judge Smith, Nick Pearne et Peter Hammill

Premier concert qui se révéla d’ailleurs calamiteux : les membres furent sortis de la scène à coup de cannettes de bières par des étudiants en médecine en furie... Nick Pearne, échaudé par les choix vestimentaires de Judge, fut définitivement rebuté par l’échec flagrant de leur concert. VDGG ne se résumait plus qu’à Hammill et Smith.

Mais ces deux-là étaient plus motivés que jamais. Ils continuèrent à se produire en duo, remportant un succès croissant dans Manchester. Ils firent ainsi la première partie de Tyrannosaurus Rex (futur T.Rex). L’inventivité musicale du groupe était déjà fortement marquée. Ainsi, Judge avait commencé à utiliser sur scène une machine à écrire comme percussion. Pour cette raison ou une autre, le groupe avait à cette époque l’étiquette peu recommandable d’un « constantly tripping band ». Pour démontrer leur sérieux, il se cherchèrent un manager.

Leur premier manager, Caleb Bradley, était, comme eux, étudiant à l’université de Manchester. Caleb leur avait promis, entre autre, qu’ils pourraient enregistrer... Et quel enregistrement ! Ce qu’ils firent, chez les parents de celui-ci (en leur absence) et dans des conditions pour les moins originales. En mono, avec en lieu et place de l’ampli promis deux télévisions... Télévisions dont le bourdonnement s’averra si bruyant qu’Hammill fut forcé de jouer dehors. Et pour parfaire la légende, il est bon de noter qu’un orage éclata ! Ainsi, le premier enregistrement de Van Der Graaf Generator est de facture artisanale, enregistré dans des conditions très limites, avec un grondement de tonnerre à l’arrière.


Pourtant, c’est avec cet enregistrement dont Hammill s’affirme "convaincu qu’il n’était pas convaincant" que VDGG va décrocher une proposition de contrat de la part de Lou Heizer de Mercury Records. L’Américain aurait, selon Hammill, été plus convaincu par les échos positifs de leurs premiers concerts londoniens que par la dite cassette. D’outre-Atlantique, la nébuleuse britannique était bien dure à cerner, et quelques bonnes critiques ont semble-t-il suffit.

Rumeur puis projet de contrat en route, les VDGG vont saisir l’occasion de se débarrasser de leur encombrant et inefficace manager. Ne faisant rien comme les autres, les membres de VDGG décident de passer contrat directement avec Mercury. Ils vont donc investir le bureau d’Heizer, avec les masques, les instruments, et jouer devant lui. Pas besoin d’avocats ou de manager quand on a 19 ans et qu’on vient de Manchester ! Les deux, mineurs à l’époque, signèrent ainsi un contrat avec la maison américaine. Ils ne seront, au même titre que David Bowie, pas considérés par Mercury comme des artistes à grand potentiel, et le soutien de la maison de disque sera assez relatif.

To record or not to record, that is the question

Le duo, contrat en poche, va accueillir dans ses rangs un des membres légendaires de VDGG, l’organiste Hugh Banton. Hugh, contrairement aux deux autres, avait une « réelle » formation musicale. Organiste dans une église, il ne s’est mis à la musique pop que peu de temps avant cette rencontre. C’est par son frère, amis de Judge et Peter qu’il fit connaissance avec VDGG.

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Judge Smith, Peter Hammill et Hugh Banton

Groupe signé, VDGG va se mettre à enregistrer. Ou plutôt, va tenter de s’y mettre. Au printemps 1968, une première séance organisée par Mercury n’amène pas de résultats escomptés. Quincy Jones, le célèbre producteur américain, de passage à Londres, assistera à une de ses séances. Et partira en disant que le groupe a besoin de plus d’entraînement. Peter et Judge s’y remettent, sans Hugh, la plus part du temps l’été. Ils enregistrent à deux une trentaine de titres. Mais quand l’automne arrive et que le trio reprend la route du studio, là encore, le résultat déçoit. Deux choses leur manquent alors : un vrai manager et un groupe plus solide.

C’est étonnamment le nouveau, Hugh, et non les anciens, qui va se mettre à la recherche des pièces manquantes. Peter, lui, retourne dans son Derbyshire et Judge s’envole vers de nouvelles aventures américaines, dont une nouvelle rencontre avec Country Joe And The Fish.

Hugh, seul à Londres, fit ce qui se faisait à l’époque, il posta une petite annonce dans les pages de l’International Times. L’International Times est alors le journal underground londonien, à la pointe du rock, soutenu financièrement par de grands noms (tel Paul McCartney).

Petite annonce ô combien fructueuse : il dégotta un producteur, un vrai, en la personne de Tony Stratton Smith (Strat). Celui-ci leur amena Keith Ellis, bassiste, sans groupe depuis l’implosion des Liverpuldiens de The Koobas. Ellis, était lui un réel pro. Les Koobas avaient connu un certain succès... en Suisse, ce qui fait que Keith Ellis, malgré le faible écart entre leurs âges, avait une pratique de la scène, des tournées, et de la vie en groupe bien supérieure à celle des membres du groupe qu’il rejoignait. L’annonce leur permit aussi d’entrer en contact avec Guy Evans, batteur de son état. Une audition dans l’appartement d’Hugh plus tard, VDGG avait un batteur. Fort de ce nouvel apport de membres, ils enregistrèrent un 45 tours, People You Were Going To / Firebrand chez une petite maison de disques, en lien avec Strat : Tetragrammation Records. Sorti quelques semaines plus tard, le disque fut retiré de la circulation immédiatement. Avec deux membres (Judge et Peter) signé chez Mercury, VDGG n’avait pas le droit d’enregistrer ailleurs d’après les termes du contrat.

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Hammill, Smith, Banton, Evans & Ellis

Ils continuèrent donc à enregistrer. Mais le duo originel n’était plus ce qu’il était. Les compositions de Peter se faisaient bien plus fréquentes que celles de Judge, et Peter tenait à les chanter. Judge se sentant de plus en plus marginalisé, mal à l’aise de plus dans ce que devenait Van Der Graaf, quitta le groupe en novembre 1968.

Van Der Graaf se composait alors de quatre membres, Peter Hammill, Keith Ellis, Guy Evans et Hugh Banton. Et grâce à l’entreprenant Strat, le groupe dégotta des concerts intéressants : une des premières partie d’Hendrix au Royal Albert Hall, un concert avec Fleetwood Mac et Status Quo ...


Tout semblait aller pour le mieux... mais brouillé avec Mercury (qui avait peu apprécié l’initiative de leur manager) et qui, de plus, n’avait signé que certains des membres et s’étant fait voler leur matériel (se trouvant donc dans l’incapacité de jouer, et encore plus d’enregistrer), leur manager parti aux États-Unis... Tout (ou presque) contribua à la cordiale séparation du premier Van Der Graaf, après un bon dîner, alors qu’aucun album n’avait été publié.

Peter Hammill, seul signé à Mercury, s’attelle après la séparation à la création d’un album solo. Mais sa musique n’est pas une musique de solitaire, il a besoin d’autres musiciens. Il fait donc logiquement appel à ses amis de Van Der Graaf. L’album reprend donc beaucoup de titres écrits par Hammill, et qu’il aurait fait jouer au VDGG s’il avait encore existé. Mais les conditions d’enregistrements, comme d’habitude, laissent à désirer. Répété en 6 heures, 12 heures d’enregistrement, 6 heures de mixage ! Strat, de retour de chez l’Oncle Sam, va aller voir Mercury et s’accorder sur un deal étrange : l’album, The Aerosol Grey Machine, sera distribué aux États-Unis uniquement, sous le nom de VDGG (et non celui d’Hammill) et en échange, Peter Hammill sera délivré de son encombrant contrat.

Ainsi, sans aucune promotion et dans un pays où ils ne se sont jamais produits, le premier disque, bâclé, des VDGG verra le jour, et ne sortira pas de l’anonymat.

1969- 1972, Van der Graaf Generator « première » génération

Malgré The Aerosol Grey Machine, VDGG ne s’est pas officiellement remis ensemble. Tandis qu’Hammill joue en solo, Guy Evans a rejoint The Misunderstood, où il va se lier avec Nic Potter. Keith Judge Smith, ancien membre fondateur, a mis en place un groupe (The Heebalob) comptant parmis ses membres Dave Jackson, saxophoniste de son état. Les deux groupes, Misunderstood et Heebalob, se séparent. Evans amène Potter dans une nouvelle équipe de VdGG avec Banton et Hammill ; à l’opposé, Ellis décide de ne pas participer au VDGG et rejoint les autres membres des anciens Misunderstood. Sous les conseils de Judge, Dave Jackson envoie une maquette des feu-Heebalob à Hammill, qui engage Jackson sur le champ. Van Der Graaf est reformé, autour de cinq membres, Hammill, Banton, Evans, Potter, et Jackson.

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Banton, Hammill, Potter, Evans & Jackson

Libéré de Mercury, Hammill et ses acolytes ont le choix entre plusieurs maisons de disques. Mais, leur manager Strat ne l’entend pas ainsi. Dégoûté des grosses maisons suite aux problèmes avec Mercury, il crée sa propre maison Charisma, avec laquelle VDGG signe évidemment (au même titre que Genesis...).

Le groupe se rôde au cours de quelques concerts en Angleterre. Mi-décembre 1969, on peut les voir retrouver le chemin du studio. En 4 jours, ils vont enregistrer leur deuxième album The Least We Can Do Is Wave To Each Other. Le son VDGG a bien évolué depuis leur premier opus, les vents de Dave Jackson sont fortement presents comme le montre la cascade de son qu’il nous offre à la fin de White Hammer. L’activité du groupe leur permet de se faire remarquer et de passer, en janvier 1970 sur la BBC. Ils sont dans une période prolifique où certains de leurs plus grands succès sont écrits. Ainsi en 1970 encore, sort le single Refugee/The Boat Of Millions Of Years.

Refugee
 
I walked the waters’ depths and played my mind.
East was dawn, coming alive in the golden sun :
the winds came, gently, several heads became one
in the summertime, though august people sneered ;
we were at peace, and we cheered.

Les concerts s’enchaînent d’avril à juin 1970 à travers l’Angleterre encore une fois. Et les particularités de VDGG, par rapport aux musiciens de son temps (scène progressive y compris), s’exacerbent. L’absence de guitares électriques (dont Hammill ne met jamais en avant, la guitare a ici un rôle rythmique et est de plus souvent acoustique), la proéminence de l’orgue (bidouillé par Banton, passionné de mécanique, qui arrive à tirer des sons incroyables de son instrument) et des saxophones (au nombre de deux souvent joués en même temps par le génie qu’est Dave Jackson), la voix inimitable de Peter, tout cela fait la magie Van Der Graaf. Au cours de leurs concerts, l’imprévisible est de rigueur. De longues improvisations, des chansons radicalement altérées par rapport à leur version studio, des cris inhumains, tout cela fait parti du show VDGG.

Juillet 1970 les voit débarquer en Allemagne pour quelques dates, qui les marqueront... Nic dépeint ainsi un festival à Munich ou entre 99% et 100% de l’audience était droguée...

C’est alors le temps de retourner aux studios Trident. Les VDGG vont y enregistrer leur troisième album, H To He Who Am The Only One au cours de l’automne 1970. Là encore, il a en lui quelques un des titres phares des futures prestations scéniques du groupe, telles Killer et Lost. Les compositions d’Hammill se font plus dures, plus personnelles, plus crues.

Killer
 
On a black day in black month
at the black bottom of the sea,
Your mother gave birth to you and died
immediately ....
’Cos you can’t have two killers living
in the same pad
and when your mother knew that her time had come
she was really rather glad.

Mais là encore, le temps passe et la composition de VDGG ne se ressemble pas. Le jeune Nic Potter (17 ans !) décide de quitter le groupe au cours des éprouvantes sessions d’enregistrement de H To He.... Hugh Banton, du haut de son orgue bidouillé, gérera dorénavant la basse.


1971 commence sur la route, d’abord seul, puis avec leurs petits camarades de Charisma, respectivement Lindisfarne (groupe de folk-rock anglais) et Genesis. Lindisfarne ouvrait le show, suivi par Genesis, et clôturait par VDGG. De cette tournée commune, où l’émulation était de rigueur, Hammill écrit que sur cinq concerts, deux étaient moyens, deux affreux et un merveilleux. VDGG, prompt à improviser longuement, était à l’époque et par la suite, toujours capable du pire comme du meilleur.
Ambiance de tournée, encore, lorsqu’ils décrivent l’agencement des groupes dans le bus : Lindisfarne à l’arrière, avec de la bière Newcastle Brown de leur ville natale, Genesis à l’avant avec le panier de pique-nique et VDGG, au milieu, avec la dope.

Mais la fièvre créatrice d’Hammill n’était pas étanchée. Et dès avril 1971, Fool’s Mate, premier (de quarante !) albums solo du poète musicien est enregistré, avec le concours de Robert Fripp de King Crimson entre autre. Fripp participa aussi (soli de guitare) aux deux albums de VDGG précédents.

Une fois ceci fait, les VDGG se retrouvent en Allemagne, dans une tournée se passant très mal. Le public allemand n’est pas du tout réceptif à la musique du quatuor. Ils rentrent donc sur leur île, ou ils vont jouer pas mal de gigs, dont un avec Elton John, qui refusera de faire loge commune !

En juin, ils retournent, cette fois-ci en tant que groupe au studio. Ils enregistrent le fameux Theme One et les fumeux Man-erg ou Darkness. Theme One est la version haute en couleur du générique de l’émission de Rock Friday Rock Show sur Radio One, écrit par George Martin. Pour cette raison, ainsi que par son caractère purement instrumental, ce titre diffère grandement du reste de l’œuvre des VDGG. Moins torturé, plus accessible, il reste une belle illustration des prouesses de Banton à l’orgue.

En juillet sort Fool’s Mate. Les VDGG, eux, sont sur la route et ils écrivent au fond de leur bus. Ils participent en août au festival de Weeley, « un week end de musique progressive » aux côtés de King Crimson, T Rex...

« We were completely mad by that stage », Peter Hammill

Les chanson écrites vont être enregistrées en été au studio Trident, dans leur quatrième album, le controversé Pawn Hearts (son plus grand succès, il est renié par le groupe par la suite).
Guy Evans garde de cet enregistrement un souvenir de folie douce. Les tensions s’exacerbaient au sein du groupe. Prévu comme un double album (avec des solos de Guy, Dave et Hugh), il sera décidé de n’en faire qu’un simple, par « prudence ». Encore aujourd’hui, on ne sait où trouver les enregistrement de cette version double.

Le très bizarre et long, A Plague Of Lighthouse Keeper, qui va durer toute une face, sème la discorde. Hammill ne sait pas trop comment relier les différentes parties de la chanson. La première face, comprendra ainsi deux chansons, Man-erg et Lemmings.

Mais comme chaque fois chez VDGG, les problèmes furent résolus autour d’une bonne table.

La structure particulière, deux titres sur une face, un titre sur la seconde, avec des subdivisions en plusieurs parties peut faire penser au Close To The Edge de Yes, paru l’année suivante. Ici encore, si VDGG n’a pas tout inventé, il a tout du moins défriché un chemin qui sera emprunté par plusieurs groupes progressifs.

En octobre 1971, Pawn Hearts sort et les VDGG reprennent la route, rôdant leurs nouveaux titres. Mais les soucis financiers les guettent. l’année 1972 commence mal. Charisma leur annonce qu’ils n’investiront plus sur eux, tant qu’ils ne seront pas viables. Radio One, prenant ombrage du fait que leur thème a été réutilisé (Theme One), ne diffuse plus de VDGG sur son émission. Mais en février 1972 débute la première de leur trois tournées italiennes.


L’Italie est conquise et le groupe joue devant des milliers, non plus des centaines, d’aficionados. À Milan, une émeute éclate. À Florence, le groupe joue les prolongations et les trois minutes de Theme One deviennent sept. Le succès que rencontre le groupe en Italie est pérennisé par le fait que Pawn Hearts devient numero uno et restera classé à la plus haute marche du classement pendant plusieurs semaines.

Ils continuent leurs tournées épiques. S’ensuit un retour en Angleterre en avril, après un passage remarqué par la Belgique puis repartent sur le continent, en Suisse fin avril puis de nouveau l’Italie, où les attendent salles remplies, police anti-émeute et fans enragés.

Ils trouvent le temps d’enregistrer quelques titres pour leur prochain album (notamment Ronceveaux) et Banton continue à se construire de nouveaux orgues, toujours plus étranges les uns que les autres.

Ils font après cela un troisième tour en Italie... le troisième de l’année ! C’est alors exténué, mentalement, physiquement et financièrement que VdGG décide de se séparer pour la deuxième fois.

72-75, le temps des soli

Séparés, mais s’entendant toujours bien, ce qui est à noter (la chose étant tellement rare au sein d’un groupe de musique), ils continuent plus ou moins chacun de leur côté. Banton fait une pause musicale d’un an au cours de laquelle il se consacre à la mécanique... En 1973, Evans, Jackson et Banton se remirent ensemble (avec le revenant Nic Potter) pour faire un album instrumental The Long Hello...

Hammill, égal à lui-même, enregistra et sortit de nombreux albums

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Gordian Troeller

solos, dont Chameleon In The Shadow Of The Night, datant de 1973, qui contient des contributions de ses anciens compagnons. Hammill fait des tournées en Italie, mais aussi au Canada, où il assure la première partie de Genesis. Il a, à partir de 1972, changé de manager. Exit Strat ; bienvenue Gordian Troeller, ami et photographe qui va se dédier à Hammill puis au VDGG.

En 1974 est enregistré un album solo d’Hammill particulièrement important, Nadir’s Big Chance. Important car il montre une facette punk d’Hammill. Important aussi car tout VDGG y participe et que c’est pendant son enregistrement que les différents membres s’annoncent prêt à relancer le navire Van Der Graaf.

Van Der Graaf Generator, deuxième génération

Sous la houlette de l’entreprenant Gordian, VDGG promet à Charisma de mieux se tenir, financièrement parlant. Armé de plusieurs nouvelles compositions et de quelques œuvres solos d’Hammill, ils reprennent la route : Angleterre, France (16 dates !), Belgique ....

Une fois leurs chansons rodées, ils les enregistrent en un nouvel album, Godbluff, qui diffère grandement de Pawn Heart. On y voit un retour marqué à la guitare électrique, et même Banton abandonner son orgue pour jouer de la basse ! Le groupe livre ici un album violent, d’une intensité impressionnante. Larsen, guitare électrique, clarinette, saxophones, une batterie subliminée, tout se combine pour donner un album sur lequel il est judicieux de s’attarder. Et toujours, la voix de Peter Hammill, qui passe si aisément du chuchotement au cri désincarné.

Arrow
 
How long the time seems, how dark the shadow,
how straight the eagle flies,
how straight towards his arrow.
How long the night is -
why is this passage so narrow ?
How strange my body feels,
impaled upon the arrow.

Ceci fait, ils repartent comme à leur habitude dans une longue tournée de promotion de leur dernier opus en date, en France, au Paradiso d’Amsterdam, et bien sûr en Italie. Cette tournée de 1975 va marquer les esprits comme une des tournée les plus folles qu’’il soit ! ette tournée de 1975 en Italie est si incroyable qu’elle mérite que l’on s’arrête quelques instants sur les déboires qu’y connurent VDGG. Peu avant l’Italie, à Dijon, Evans s’évanouit sur scène. Une fois passé les Alpes, les choses sérieuses commencent. À Padoue, la scène est prise d’assaut par des hommes encagoulés, armés de battes. Le groupe s’enfuit de justesse, en manœuvrant le bus à travers un mur de verre. À Rome, le camion du groupe est volé, avec tout le matériel dedans. La tournée, financée entre autre par des communistes italiens, fait que des milices fascistes se sont mis dans la tête de gêner le groupe. Une rançon fut demandée ! Quelques temps après, avec l’aide de l’ambassade britannique, la quasi-totalité du matériel fut récupéré. Cette aventure italienne, laissa le groupe échaudé, et ils annuleront les 10 dernières dates....

Après le délire italiens, ils retournèrent directement en studio où, en janvier 1976, ils enregistrèrent le sublime Still Life. Plus calme et accessible que Godbluff, il contient ainsi le calme Still Life, le célèbre Pilgrim.


Pilgrim
 
Sometimes you feel so far away,
distanced from all the action of the play,
unable to grasp significance,
marking the plot with diffident dismay,
stranded at centre stage,
scrabbling through your diary for a lost page :
unsure of the dream.

Still Life, encore plus que Godbluff, reçoit de bonnes critiques : "If there’s one British band who deserves wider acclaim, then this is it" peut on ainsi lire en 1976 dans le Record Mirror.

Si la tournée de 1975 menant à Still Life fut haute en couleur, cest pourant en Angleterre que, quelques temps après la sortie de l’album, le groupe fut agressé. Mais le groupe continue et passe les huit premiers mois de l’année 76 sur la route, avec une petite pause en avril pour enregistrer un nouvel album, World Record qui sortira en octobre.

Van Der Graaf sort ainsi en un an (d’octobre 75 à octobre 76) trois albums conséquents, preuve supplémentaire de l’effervescence artistique qui meut le groupe. Revenons sur World Record : « Is this a record ? » s’exclame Sounds en octobre 76 au sujet du petit dernier. Étrange disque, notamment Meurglys III, The Songwriters Guild du nom de la guitare d’Hammill (une Meurglys).

Meurglys III, The Songwriters Guild
 
These days I mainly just talk to plants and dogs,
all human contact seems painful, risky, odd,
so I stay acting god in my own universe

Trois albums en formation groupe, un solo, et pourtant, ils tournent. Ils tournent, en Amérique du Nord, au Pays de Galles, en Écosse, en Angleterre. Mais le rythme effréné a raison de l’organiste Hugh Banton, qui donne sa démission à l’automne 76 (mais il reste pour finir la tournée jusqu’en décembre). Son départ donne lieu à un dîner, comme à l’habitude du groupe.

Van Der Graaf, la fin...

Sans Banton, Evans, Hammill et Jackson décident de continuer. Ils se rebaptisent Van Der Graaf, abandonnant le « Generator » que peu de fans utilisaient. Ils appelèrent dans le groupe le violoniste Graham Smith, et rappelèrent Nic Potter. On les retrouve en répétitions intensives en janvieret février 1977 . Mais Jackson se voit obliger d’abandonner VDG pour raisons familiales. Une tournée étant déjà prévue, VDG continue quand même sans lui. Hammill, autrefois relégué avec sa guitare dans un rôle d’accompagnateur, se voit maintenant obliger de donner l’armature harmonique de chaque titre (en plus d’assurer le chant). Le quatuor s’entend bien, sonne bien, et fin février, prend la route, jouant un ensemble de titres d’Hammil solo, VDGG et VdG.

Hammil continue ainsi sa carrière solo prolifique, et trouve le temps d’enregistrer Over en avril 1977. VDG enregistre un double album The Quiet Zone/ The Pleasure Dome en mai. Cet album, sans les saxophones de Jackson ni l’orgue de Banton, sonne pourtant bien Van der Graaf, mais est plus accessible et plus rock, de part la part importante (de nouveau) de la guitare électrique dans l’instrumentation.

Cat’s Eye/Yellow Fever
 
I’m running, I just can’t wait, I haven’t
got a moment to anticipate ; yes, I’m run-
ning, I just can’t stop, I’ve got to get
to the bottom just to get to the top, I’ve
got the dark alleys and the open skies -
I got the yellow fever from the cat’s eye.
 
I’ll let you know how it goes in the ninth life.

La tournée reprend et se passe bien, les fans se font plutôt bien au nouveau line-up. À Ibiza, le groupe, ainsi que la totalité de l’île, voient un OVNI...

Après cette tournée étonnante, un violoncelliste, Charles Dickie rejoint le navire VDG en août 1977.

En septembre, VDG reprend sa route et joue devant 10.000 personnes au Scheesel Open Air Festival aux Pays-Bas. Mais, en dehors de cette date, la tournée n’est pas d’un grand succès. Les rapports avec Charisma se tendent à nouveau. Les soucis financiers reviennent. Ils enregistrent un live, Vital au cours d’une de leurs monumentales tournées, et puis s’en vont, au début de l’été 78.

We actually decided to wind up the final Van Der Graaf, while the going was good, while we felt in control”, tels sont les mots que révéla Guy Evans à la presse.


Vers une renaissance ?

Oui mais voilà, l’aventure VDGG ne s’arrête pas en 1978. Les différents membres (de la formation classique, Evans Jackson, Banton Hammill) se retrouvent à plusieurs reprises, en 91, 96 et 2003 pour jouer pendant des concerts d’Hammill des titres du groupe. Et suite au concert au Royal Albert Hall courant 2003, ils se mettent à travailler sur de nouveaux morceaux au cours de l’été 2004. En 2005 sort Present, le dernier album de Van Der Graaf Generator. Le son est là, l’âme aussi. Ces chansons auraient tout à fait pu être enregistrées dans les 70s. La jam session enregistrée sur le deuxième disque de l’album montre que ces papys du rock « ultra-prog » n’ont pas perdu leur verve. La BBC, le déclare « album de la semaine » au début du moi de mai ; les critiques sont majoritairement positives. Et comme à leur habitude, les quatre prennent la route durant l’été 2005... Mais en décembre 2005, Peter Hammill annonce que ce n’était qu’un court projet, en aucun cas une refondation du Generator... et chacun partit de son côté.

Sources :

Livre :

Michka Assayas, Dictionnaire du Rock, Robert Lafont, Bouquins, Paris, 2000, entrée Van der Graaf Generator

livret de The Box, compilation de Van der Graaf Generator, Virgin Records, 2000

Sites Internet :

http://www.vandergraafgenerator.co.uk/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Van_der_Graaf_Generator

Magazines et webzines :

http://www.bigbangmag.com/dvdgg1.php

Article originellement publié le 5 septembre 2006



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