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par Giom le 18 janvier 2011
paru le 11 septembre 2007 (Constellation)
Le déjà mythique label Constellation s’offre une légende vivante : Vic Chesnutt. L’affiche est on ne peut plus alléchante quand on sait que le songwriter d’Athens (Georgia, mais tout le monde sait où ça se trouve depuis R.E.M.) s’est entouré de la fine fleur de Montréal, j’ai nommé les justement bien nommés Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra + Tra-La-La-Band. Quand on sait que Jem Cohen est à la production, on est alors presque sûr de passer un très bon moment.
Et comment dire, la touche québécoise s’entend ! Notamment sur le titre Gossolalia où tout le Tra-La-La semble être venu pousser la « chansonnette » (avec beaucoup de guillemets) pour soutenir l’organe de notre paraplégique préféré. La voix justement, celle de Chesnutt ne perd rien sur ce disque de son potentiel émotionnel déjà entrevu sur les opus précédents de l’Américain. Comment résister, en effet, à la fin du poignant Splendid, où Chesnutt, uniquement appuyé par sa fidèle guitare acoustique dont il sort des arpèges suaves et savoureux, chante d’un timbre déchirant mais surtout pas pathétique : « We did everything we could ! ». L’adjectif qui sert de titre au morceau semble alors on ne peut mieux choisi pour illustrer pareil bijoux.
Et l’ensemble est du même calibre bien sûr. Qu’il soit accompagné d’une orchestration riche (où l’on cite à nouveau Glossolalia) ou du simple dépouillement de sa guitare (Rustic City Fathers), Chesnutt sait toucher juste pour laisser se développer ses textes mélancoliques et désabusés. On connaît la façon originale qu’a Chesnutt de chanter, en insistant sur certaines syllabes, comme lors d’une représentation théâtrale. On retrouve ici ce procédé qui se fond à merveille avec les cordes sensuelles de ses musiciens montréalais. La somptueuse fin d’Over en sera l’ultime et émouvante preuve.
Chesnutt semble être de ces artistes au talent intemporel, procurant de puissantes émotions à chacun de ses morceaux, il semble pouvoir s’adapter à toutes les atmosphères tel un voyageur céleste qui ne fait que passer et pourtant reste dans nos esprits. Son étape québécoise, avec ce North Star Deserter enregistré dans les studios « old school » Hotel2Tango, en est la preuve absolue. Le titre Debriefing en est lui la marque à son échelle. Après le déchaînement électrique passager, symptôme du contexte dans lequel se trouve l’artiste, la rythmique acoustique tendue refait toujours surface, comme l’artiste face à une vie qui ne lui a pas fait de cadeaux. Et quand le déluge post-rock achève le tout à la fin du titre, les accords de Chesnutt reviennent une ultime fois et restent dans la tête de l’auditeur, en survie, comme son interprète. La quiétude de Marathon apaisera tout cela par la suite...
Le douzième disque de Vic Chesnutt est une merveille, cela est dit. Comme toujours chez le musicien, tout est d’une sincérité artistique absolue. Entouré d’un écrin post-rock, le joyau brille toujours plus en 2007. Une bonne nouvelle somme toute. Heureusement que Michael Stipe est passé par le 40 Watt Club d’Athens, un soir de fin des 80s. La musique d’aujourd’hui aurait peut-être moins de saveur sans ce Vic Chesnutt. Comme quoi aller boire un verre n’est pas chose futile. Enfin, ça dépend pour qui !
Article publié pour la première fois le 4 septembre 2007.
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