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World Wide Rebel Songs

World Wide Rebel Songs

Tom Morello / The Nightwatchman

par Sylvain Golvet le 11 octobre 2011

3,5

Paru le 29 août 2011.

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En faisant le tour des sorties d’albums sur le site du Rolling Stone US, c’est par surprise que je tombe sur un entrefilet sur le dernier opus du guitariste de feu-RATM, passant encore sous les radars de la presse au même titre que ces précédents opus. Un sort assez injuste puisque le gars ne démérite pas dans sa nouvelle carrière de folkeux. Ici, selon le magazine, Morello y proposerait même des morceaux à la RATM. Crispation immédiate quand on se souvient du malheureux projet Street Sweeper Social Club, vaine tentative de faire renaître le son groove-metal du mythique quatuor à l’aide de chansons d’une faiblesse rédhibitoire et d’une interprétation sans nouveauté ni la moindre âme. Dissipons le malentendu, il n’en est rien et It Begins Tonight, le seul morceau un tant soit peu metal, sonne bien trop redneck pour figurer sur la discographie du groupe susmentionné.

Morello fait tout de même parler la pédale d’effet à quelques reprises avec des riffs et des soli plutôt inspirés. Car si l’album débute sur un air d’harmonica, le Nightwatchmen a musclé son jeu, et même si l’ambiance est au folk-rock, le tout est habilement amplifié. Surtout, alors que ce Black Spartacus Heart Attack Machine pourrait vite sombrer dans l’apathie si Morello n’y mettait pas de l’ardeur dans son chant, et s’il n’était pas épaulé par des chœurs plus qu’énergiques.

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Phil Ochs, l’une des influences de Morello.

C’est l’un des bons points de cet album, il ne lésine pas sur les arrangements qui fournissent une jolie variété d’ambiances au long de ces 50 minutes. Ballade folk pour The Dogs of Tijuana, Country à reprendre en cœur pour Speak And Make Lightning et même simili trip-hop pour Facing Mount Kenya, le tout produit plus qu’honnêtement par les propres soins du Nightwatchman. L’exercice est à chaque fois très référencé et ce n’est pas nouveau que Morello vénère Cash, Guthrie ou Springsteen, jusqu’au dylanien Phil Ochs à qui la pochette est dédiée. Il n’oublie pourtant pas sa petite touche perso au cocktail. Un petit piano par-ci (The Whirlwind), des chœurs inspirés et inspirants par-là (Stray Bullets), c’est avant tout par sa guitare que Morello parle le mieux. Union Town, It Begins Tonight, Speak And Make Lightning, autant d’occasion de faire parler le son si particulier de sa 6-cordes, sans jamais dépareiller au sein des divers styles qu’il illustre.

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Non mais garde-là Tom, ça te va pas mal.

Bien sûr, le soufflé manque un peu de volume et notre attention est parfois perdue, à l’image du mid-tempo ronflant de Save The Hammer For The Man (mais sur celle-ci, Ben Harper n’y est sûrement pas pour rien). Entendons-nous bien, Morello n’est pas la hauteur de ses modèles. Mais on a envie d’encourager le bonhomme sur cette voie parce qu’elle dénote un engagement et une évolution de style appréciable alors que le contexte économique de la musique est loin d’inspirer la prise de risque chez ses collègues. D’autant plus que la sincérité du projet se ressent bien plus que lors de la reformation poussive du quatuor mythique qui l’a fait connaître. Enfin, gageons que l’album fera bonne mesure dans les rangs des manifestants d’Occupy Wall Street, qui s’ils se lancent dans un joyeux World Wide Rebel Songs collectif, pourront se souvenir du clip de Sleep Now in the Fire.



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