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par Yuri-G le 14 mars 2011
paru le 10 septembre 2002 (Thrill Jockey)
John Parish : évidemment, la collaboration avec PJ Harvey. Il évoque d’emblée le son profondément organique de To Bring You My Love, de même que l’électricité tourmentée de Dance Hall At Louse Point. Les deux albums semblent indissociables du personnage, sans compter son travail de producteur, qui passe de Eels à Dionysos, de Sixteen Horsepower à Dominique A, en allant vers Sparklehorse.
Une gamme assez large, à laquelle il faut ajouter ce deuxième opus solo, trop vite oublié. Succédant à une B.O. obscure, Rosie, parue en 1998 et déjà soignée, Parish élabore en 2002 un petit univers assez éloigné des éclairs furieusement enragés de Dance Hall At Louse Point.
Une logique purement cinématographique, tellement ce rock instrumental se porte aux images flamboyantes et vénéneuses. Apaisées et limpides, les guitares sont loin de cracher maladivement le venin comme par le passé. Ici, c’est une symphonie onirique qui se tisse, par l’évocation de paysages désertiques plongés dans une nuit d’encre, des cavalcades mélancoliques, des rêveries héroïques qui ne se font plus d’illusions sur leurs issues.
C’est peu dire que la musique est imagée. Parish installe une coloration instrumentale d’une richesse soyeuse, sachant susciter les plus simples désirs d’évasion : violon, trompette, piano, harmonica, guitare, tout résonne avec une élégance rare, sans jamais être pompeux ni démesuré. Les arrangements sont d’une profondeur absolue, envahissent ce folk-rock mélancolique et songeur. Que ce soit avec un violon mélodramatique en guise de préface (Absolute Beauty Is An Absolute Curse), une guitare ample et sombre où se brodent des motifs cuivrés (Westward Airways), ou encore un thème prédestiné à figurer dans un western signé David Lynch (Merreon), on est happé par ce lyrisme rentré, qui ne verse jamais dans l’opulence bavarde.
Peu de voix sur cet album, mais on ne peut oublier le passage de PJ Harvey dans un Airplane Blues très cabaret-garage-fifties. Parfois, côtoyer une douce transe à la frayeur épique (The Florida Recount). How Animals Move est totalement convaincant ; il introduit un souffle brûlant dans l’esprit assoiffé de grands espaces, il diffuse les élans lumineux d’une poésie emplie de romances noires, où tout est voué à la fatalité... mais avec une telle magnificence, qu’on n’a pas d’autre volonté que de se prêter entièrement à une dramaturgie aussi intense et imagée.
Article initialement publié le 4 septembre 2007.
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