Sorti en 2004 aux États-Unis, le sixième album de Joseph Arthur voyage toujours dans son univers et nous propose ici un bon album, expression de son talent extrêmement vaste. Encore une fois, l’artiste fait quasiment tout tout seul, de la production à la pochette... Cette fois, l’album sort un peu de cette ambiance sombre qui caractérise Come To Where I’m From (2000) et dans une moindre mesure Redemption’s Son (2002). Les musiques plus légères, partent tout de même dans des délires électriques qui rappellent ces albums.

Our Shadows Will Remain démarre sur un titre introduction à l’album à la sonorité vaporeuse, vite cassé par la rythmique du morceau suivant. Et là, tout part sur les chapeaux de roues sur le démentiel Can’t Exist. Une mélodie simple appuyée par une rythmique entêtante, et alternant les passages calmes aux refrains où les boucles de guitares et de voix s’entremêlent et vous prennent aux tripes. L’inquiétant Stumble And Pain rappelle les sonorités plus sombre des albums précédents. Puis, c’est l’accalmie avec le magnifique Echo Park. Une ballade toute simple, une petite bluette à la guitare acoustique, soutenue par des nappes de cordes en arrière-plan. La voix de Joseph Arthur couronne le tout, tirant presque les larmes, en voyageant de l’outre-tombe à la douceur... Les titres s’enchaînent ensuite naturellement les uns aux autres.

Mais quelque chose est différent, et dérange un peu. L’album a des sonorités qui rappellent parfois les années 80... De la réverb‘, une rythmique marquée. Cela se remarque essentiellement sur la deuxième partie du disque, sur des titres comme Puppets ou I Am... D’abord, ça fait peur. Mais cela reste du Joseph Arthur. L’artiste ne tombe pas dans la caricature et joue le tout en finesse. Les boucles caractéristiques de sa musique sont toujours présentes appuyant ces mélodies efficaces et entêtantes dont il a le secret. Puis, une deuxième ballade magnifique permet un peu d’oublier ces sonorités. A Smile That Explodes contraste fortement avec le reste tellement elle est épurée : un arpège à la guitare, quelques notes de piano, une fine couche de synthé à peine perceptible, et un duo avec Julia Darling et vous voilà ailleurs. Rien n’est jamais meilleur que la simplicité. La sonorité 80 revient sur Leave Us Alone mais encore une fois, le talent d’Arthur surpasse tout et le résultat passe très bien.

Our Shadows Will Remain peut dérouter beaucoup de fans par cette malheureuse sonorité. Mais malgré cette escale douteuse, Joseph Arthur n’a rien perdu de son talent et continue d’explorer son univers personnel, et de produire de la bonne musique.