Dans la famille des groupes d’exception, disparus trop tôt, dans l’indifférence générale, et vénérés par quelques centaines de milliers de fans, laissez moi vous présenter Quicksand. S’il y a un groupe qu’on aimerait voir se reformer, c’est bien celui-là. A une époque pas si lointaine (1993), des mecs de New York pouvaient puiser aux sources du hardcore, du métal, et du rock, pour créer un son unique, tendu comme arc, pesant comme une masse, et aussi frais qu’un milkshake à la fraise. Non, il n’y a pas eu que Nirvana, Rage Against The Machine et Korn, dans les 90s. Des groupes comme Helmet, Fugazi et Sick Of It All ont aussi cassé la baraque. Et si Quicksand n’a jamais convaincu les gamins, il aurait mérité d’inscrire son nom aux côtés des vieilles gloires de l’alternatif. A peine le temps de tâtonner du côté des clubs underground, épaulés par un 4 titres prometteur, et voila nos quatre bonshommes signés sur une major (Polydor). Il faut dire que le groupe est composé de valeurs sûres du milieu indépendant : Walter Schreifels (Chant, guitare), a fait ses armes chez Gorilla Biscuits et Youth Of Today, Tom Capone (guitare) a sévi chez Bold, Alan Cage (batterie) a cogné ses fûts chez Burn et Absolution, accompagné de Sergio Vega (basse).

En 1993 sort donc un premier album, Slip, et c’est un coup de maître. 12 titres fabuleux, bande-son idéale des skaters de Brooklyn, des jeunes à capuches, des fans de métal alternatif, de post hardcore hargneux, et de noise urbain. Les guitares assènent leurs riffs comme autant d’uppercuts. La distorsion, grasse et sèche, propulse la voix nerveuse de Walter Schreifels contre le souffle lancinant de la rythmique, largement inspirée par Helmet. La production est à la hauteur des efforts fournis par le groupe, et nous offre un disque intemporel, pourtant fidèle à son époque, et à ses racines. On se surprend à onduler à chaque coup de caisse claire, en balançant la tête et en serrant les poings. Quicksand transcende la lourdeur et la rage, et s’aventure volontiers sur le terrain d’un hardcore apaisé, jamais résigné. Si il fallait choisir, on miserait volontiers sur quelques titres, carrément indispensables : Fazer, Dine Alone, Freezing Process, Lie & Wait, et Can Opener.

Avec Slip, la sauce a vite pris auprès du public headbangers, mais pas au delà. Un second album est sorti en 1995, sur Island Records (Manic Compression), malheureusement, les engueulades à répétition entre membres ont mis un terme à l’aventure. Quicksand a splitté, avant de se reformer de façon éphémère entre 1997 et 1998. A cette occasion, le groupe tournera avec Deftones, qui s’est largement inspiré de la puissance des new-yorkais.