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par Thibault le 18 avril 2012
paru le 6 avril 2012 (Autoproduction)
Dimanche 18 mars : je rentre d’une Saint Patrick copieusement arrosée afin d’oublier les déconvenues rugbystiques de la journée (deux matchs pourris soldés par des défaites françaises et irlandaises le jour de la fête du Trèfle, c’est un coup à vous plomber le moral) ainsi que d’une séance de l’excellent biopic Cloclo. Arrivé chez moi, je trouve dans la boite aux lettres un petit paquet pour « Thibault / Inside Rock ».
Perplexe, je me rends compte qu’un groupe français que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam, The Same Old Club, distribué sur un label pas plus familier, Challenger, a réussi à trouver mon nom et mon adresse, pourtant pas de notoriété publique, pour m’envoyer un disque, comme ça, gentiment, dans l’espoir d’obtenir un retour. La découverte que mon nom et mon adresse, ceux d’un bénévole de vingt et un an qui écrit plus ou moins régulièrement pour un webzine amateur sans aucune structure officielle, se promènent quelque part dans à l’insu de mon plein gré est un peu déroutant mais à un premier « what the fuck ? » succède un « Soit. Ecoutons ce truc, en plus y’a marqué Faith No More sur le sticker, ça peut pas être nul ».
Ceci me fait remarquer que non seulement ces gens ont trouvé mon adresse, mais qu’en plus ils ont dû se renseigner un minimum sur Inside Rock pour savoir qu’il suffit d’appuyer sur le bouton Mike Patton pour attirer l’attention de certains rédacteurs. C’est très sympa de votre part messieurs, il ne manque que la boite de chocolats et la bonne bouteille qui va bien.
Donc, le sticker et la feuille de présentation du groupe évoquent les noms de Refused (jamais écouté), Ghengis Tron (inconnu au bataillon) et de Faith No More (youpi !) ainsi que le death metal (pas mal), le post hardcore (moui) et la pop 80’s (le plus fun comme le pire !). Une ligne nous dit que « la pertinence des instrumentations électroniques et atmosphériques relève magistralement les riffs et rythmiques métal, rock et autres pour emmener l’auditeur vers des paysages sonores vierges. » Effectivement, pour faire rapide, on peut dire que le premier album de The Same Old Club, ce sont des lignes de guitare distordue sur lesquels se posent des synthés cheap pour une ambiance détronchage de zombie sur la console, sans oublier un type qui gueule. Du coup, « paysages sonores vierges », pas trop.
Loin de moi l’idée d’égratigner la plume des gens qui écrivent les dossiers de presse, ce n’est vraiment pas mon style, mais pour peu qu’on ait écouté The Real Thing de Faith No More ou qu’on connaisse les plus confidentiels Lost Sounds de Jay Reatard ou encore les petits rigolos de Polkadot Cadaver, on est en terrain connu à l’écoute de The Same Old Club, dont le nom évoque les bonnes recettes qui ont fait leurs preuves.
Venons-en au contenu : Werewolf VS Ants raconte le combat épique mené par une armée de fourmis qui entreprend de botter le cul d’un loup garou. De la série Z sonique bon esprit et plutôt poilante, toute en subtilité, voyez plutôt les derniers mots du titre :
Beasts ate men.Shut up !Shut up !Ants ate beast.
Passée cette entrée en matière, Charles Mansion nous prie de nous installer confortablement : « doors wide open, everybody is warmly invited to sin ». A la bonne heure, voilà qui est bien urbain ! C’est parti pour du shake your booty sur Diskull Breath Dead :
Now I sail through your bodyFrom your head to your feetOn a disco boat on your rivers of blood.You hear my song ! Feel it, feel it !You must free your body, lifeless body !I try to mess your mind and I turn you into a puppet.I pull the strings till you pull the triggerBut you don’t… and you won’t.I eat your cheesy brain like a rat andI make your heart beat your last tune andI dance with your soul.Right now, just now, take what I’m giving.This is your chance, your fucking chance.DANCE, BITCH, DANCE !!!
Fœtus in the Beehive raconte les angoisses hautement existentielles d’un bébé abeille à l’aube de la vie, Number 6 est une bouleversante introspection sur l’angoisse de la feuille blanche, le reste est du même tonneau avec des punchlines comme « bugs as man, man as mountain » ou « past is over, death is the future ». Bref, vous l’aurez compris, The Same Old Club raconte des conneries. Hélas, ces textes parfois fendards ne sont pas valorisés par un chanteur qui ne cesse de piailler que pour tenter des growls faiblards.
On en vient donc aux problèmes de cet album, et malgré la bonne volonté et la générosité du groupe, force est de constater qu’ils sont bien là et qu’on les remarque. Premièrement, le chant, qui manque principalement de puissance, de nuance et de personnalité. On se doute The Same Old Club fait avec les moyens du bord mais une petite esquisse de mélodie ou un changement de registre, ce n’est pas beaucoup demander. Ensuite, et c’est vraiment plus handicapant tant on commence à se résigner devant les problème de chant dans les groupes de metal, la production. D’accord, passer du temps en studio et trouver un bon ingénieur coûte cher, mais en l’occurrence le son de Guitar Pro 6 met à l’amende celui de cet album, ce qui est embêtant. On est à l’époque du numérique, du home studio, de Logic et de Cubase, ça devient de plus en plus handicapant de sortir un disque aux textures aussi ternes et uniformes.
Ces deux gros défauts, chant et production, desservent à mal les compositions en les diluant dans un ensemble qui parait répétitif. Sur la durée, les chansons ne se distinguent pas suffisamment les unes des autres et les bonnes idées ne sont pas assez mises en valeur. C’est dommage car le groupe témoigne par ailleurs d’un certain sens de la dynamique, en attestent entre autres l’enchaînement Rewind, Reset, Replay / Werewolf vs Ants, les breaks simples et très carrés de Diskull Break Dead, toute la chanson We Are... ou encore le pont et le final de Melancholia & Convergence. Les rôles sont bien répartis entre le synthé et la guitare, on sent une complicité entre les musiciens qui doit probablement s’affirmer encore davantage en live. Il faut également mentionner le bon travail du batteur qui assure les arrières sur chaque chanson dans un style nettement plus rock que metal, un choix judicieux qui évite d’alourdir inutilement les compositions. A une ou deux exceptions près, le bassiste est muet comme une tombe, mais ça aussi on a l’habitude.
Ainsi, l’album gagne à être écouté avec parcimonie. Prises une par une, les chansons se révèlent plus sympathiques et plus percutantes. Et si on ne place pas d’espoirs démesurés dans The Same Old Club, on sera content de les croiser au détour d’une première partie ou d’un festival. Ci dessous le clip sympathique de We Are..., probablement inspiré de celui de New Millennium Cyanide Christ de Meshuggah.
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