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par Emmanuel Chirache le 20 janvier 2009
Paru en 1991 (Sony/Epic)
Derrière ce titre à rallonge se cache un homme : Cyco Miko, le chanteur fou des Suicidal Tendencies. En 1989, celui qui s’appelle Mike Muir à l’état civil recrute pour son groupe un certain Robert Trujillo à la basse. Ce dernier s’impose vite comme un bassiste redoutable, à la technique de slap percutante et au groove délicieusement funky. Grand fan de Funkadelic et Parliament, Mike Muir voit dans Trujillo l’occasion unique de donner corps à ses rêves de fusion funk-metal en créant le side-project Infectious Grooves en compagnie du batteur de Jane’s Addiction Stephen Perkins et des guitaristes Dean Pleasants et Adam Siegel.
Nous sommes alors au début des années 90, une époque bénie où le métal explosait dans toutes les directions, rap avec Rage Against The Machine, grunge avec Alice In Chains, indus avec Nine Inch Nails, funk avec Red Hot Chili Peppers. Les Infectious Grooves s’inscrivent dans cette effervescence métallique, dont la production sonne quelque peu datée mais dont les morceaux gardent une fraîcheur incroyable. Les tempos s’enchaînent, les riffs se suivent et ne se ressemblent pas, les humeurs fluctuent, les idées affluent. Le parrainage de tonton George Clinton (et même de Frank Zappa) se fait entendre sur tout le disque, qui reprend également les recettes des Suicidal : mélodies accrocheuses, refrains scandés en chœur, délire perpétuel, grosse rigolade. Comme son nom l’indique Punk It Up insère immédiatement une bonne dose de punk à deux mille à l’heure, histoire de réveiller l’auditeur endormi. Il sera davantage question de funk avec Therapy, sa guitare sautillante, son refrain entêtant et son solo wah-wah. Mais le voyage vers le pays de George Clinton ne fait que commencer, puisque vient ensuite un Stop Funk’n With My Head ultra funky.
D’autres morceaux offrent une veine bien plus metal, tel que I’m Gonna Be My King et son riff terrifiant de puissance, mais là encore la basse resplendit et donne une coloration particulièrement groovy à l’ensemble. De son côté, le génial Monster Skank s’approche beaucoup de ce qu’aurait pu réaliser un Zappa s’il était né vingt ans plus tard et avait choisi le skate comme occupation favorite et le bandana en habit traditionnel. Le plus beau reste à venir : Do The Sinister condense toute la fantaisie des Infectious Grooves. Rythmique imparable, riffs efficaces, guitares qui croisent le fer, voix aérienne, tout y est. Voici ce que le metal a de mieux à offrir à l’histoire de la musique. Enfin, Infecto Groovalistic (hommage évident à Funkadelic) vient conclure brillamment un album placé sous le signe du foisonnement sonore. Une œuvre riche, intelligente, inspirée, qui puise son souffle chez deux génies, Zappa et Clinton, et chez un immense bassiste, Trujillo, son groove unique. A découvrir absolument.
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