Portraits
The Jesus And Mary Chain, l'ombre et la lumière

The Jesus And Mary Chain, l’ombre et la lumière

par Milner le 7 juin 2006

En réponse au marasme musical du début des années 1980, deux frangins n’ont rien trouvé de mieux que former un groupe qui créera le lien manquant entre le gothique et le rock tout en ayant un œil braqué vers l’Oncle Sam. L’indie rock dans son plus bel éclat ...

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Ils s’appelaient The Jesus And Mary Chain et étaient apparus en Écosse au beau milieu de l’année 1984 ... c’est ainsi que peut commencer l’histoire de ces héros de la noisy pop, disparus « tragiquement » à la fin du dernier siècle. Le début d’une courte histoire banale, si elle n’avait pas été marquée par l’enregistrement de quelques albums essentiels. Une voix et du bruit qui résonnaient violemment dans les profondeurs intimes de quelques-uns qui virent en eux des précurseurs, des personnages attachants chargés chaque fois d’une plus grande gravité.

The Jesus And Mary Chain n’étaient pas pour autant des poètes de l’Apocalypse ou des visionnaires à la manière d’un David Bowie, plutôt un groupe secret mais ambigu dont l’œuvre ouvre sur les mots chuchotés, caressés et tout aussitôt les cris et les riffs cinglants. À travers les chemins légèrement sinueux qui menèrent à leur conception de la musique populaire, il fallait coûte que coûte que l’anti-message de ses textes et les sons lâchés dans les studios enfumés deviennent ensuite des créatures sauvages qui ne vous appartiennent plus, ivres de liberté retrouvée, celle du rock’n’roll des pionniers.

The Jesus And Mary Chain, c’était tout cela et plus que cela : un itinéraire chaotique aisément audible à travers les disques, témoignages d’une aventure musicale simple mais dévastatrice. Le combo est entré dans la légende et son mythe lui survivra.

Et la lumière fut

Les Mary Chain (comme ils sont le plus communément appelés) se sont très tôt formés autour de la collaboration musicale de ses deux membres principaux, deux frangins marginaux, les frères Reid. William Reid (né le 28 octobre 1958 à Glasgow, Écosse) s’adonne aux cordes comme guitariste tandis que Jim Reid (né le 29 décembre 1961, à Glasgow, Écosse) a une nette préférence pour le chant. On sait peu de choses sur leurs premières années de la vie, si ce n’est qu’ils ont grandi dans la froideur de Glasgow. Comme on le voit, rien d’exceptionnel.

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La formation mythique : Hart, J. Reid, Gillespie et W. Reid

Tous deux fans transis du Velvet Underground et des nombreuses productions de Phil Spector durant les années 1960, ils décident donc de s’associer au sein d’un duo au tout début des années 80. Dès l’année 1983, Jim et William Reid décidèrent d’enregistrer quelques démos bricolées chez eux à East Kilbride afin de les soumettre à la maison de disques London Records. On leur demanda alors un nom pour ce duo. Les frangins choisirent ainsi le nom de The Poppy Seeds. Devant le faible impact de leur maquette, les Reid prirent la décision de s’installer à Londres dans le but de se faire un nom par leur propres moyens à travers le circuit des clubs. À cet effet, ils changèrent alors de désignation et choisir une appellation plus « tape à l’œil » : The Jesus And Mary Chain. Et toujours dans la foulée de ces nombreux changements, les frères se décidèrent à recruter des musiciens pour parachever leur vision musicale. C’est ainsi que Douglas Hart et Murray Dalglish les rejoignirent officiellement comme bassiste et batteur pour une série de concerts non programmés en guise « d’acte fondateur ». Partant à l’assaut de la foule avec un son monstrueux gorgé de feedbacks et de larsen, leurs prestations scéniques de cette époque furent très tôt controversées et il fut même mentionné que les quatre compères durent un soir quitter la scène au bout de quatre petites minutes sous la menace d’un programmateur excédé par tout ce joyeux raffut.

Dans le courant de l’année 1984, The Jesus And Mary perpétuait les séries de concerts en haut de l’affiche, d’une durée guère plus longue que le quart d’heure conventionnel ! C’est à ce moment que les choses évoluèrent positivement pour le groupe puisque Alan McGee, patron du label indépendant Creation Records, fut fortement impressionné par le combo après l’écoute d’une démo qu’on lui avait fait parvenir. La noirceur a désormais un nom En tout cas, suffisamment pour permettre à la bande des frères Reid de faire la première partie dans le club que le rouquin Écossais gérait en parallèle, The Living Room. De fil en aiguille, McGee financerait alors quelques séances studio et deviendrait par la suite leur manager. Le résultat de cette heureuse rencontre se matérialisa par un 45 tours (le premier single de The Jesus And Mary Chain), le bien nommé Upside Down qui, couplé en face B avec une reprise du Vegetable Man de Syd Barrett, parut en octobre 1984 pour la somme dérisoire de 250 € ! Attaques de stridences guitaristiques, batterie métronomique, mélodie démente ; les médias sont agréablement surpris et le grand public découvre alors un groupe, un son ... vraiment différent du reste des productions de l’époque. Peu après cet événement extrêmement gratifiant, Murray Dalglish deviendra le premier membre du quatuor à se faire la malle, générant par la suite une liste bien remplie d’une vingtaine de nom. Âgé de seulement 16 ans à l’époque, l’ado se fit convaincre par son père qu’il devrait demander plus d’argent pour les nombreux concerts auquel le groupe participait - alors que le groupe ne rentrait déjà pas dans ses frais. Son départ devint effectif en novembre de la même année. Pour le remplacer, la fratrie Reid fit appel à un de leur pote, Bobby Gillespie, qui leur avait auparavant permis de signer chez Creation Records.


Psychocandy ou le coup d’éclat de l’année 1985

À l’époque, Gillespie chantait déjà au sein d’une formation obscure baptisée Primal Scream. Mais, c’est en se désolant de voir ses amis sans batteur pour les engagements à venir qu’il proposa ses services derrière les fûts (bien que ses aptitudes rythmiques étaient en ce temps très limitées) tout en conservant actif son propre groupe.

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Derrière les fûts : Bobby Gillespie

Au début de l’année 1985, le label Blanco Y Negro (sorte de laboratoire sonore pour le label Warner) se montra fort intéressé par le combo de Glasgow et arracha un contrat pour deux singles et un album. Deux nouveaux singles sortirent ainsi à quelques semaines d’intervalle : Never Understand (aux accents Sex Pistols) et You Trip Me Up (qui causa quelques soucis avec la maison de disques puisque la face B devait être à l’origine Jesus Sucks. Jugé obscène, WEA lui préféra Just Out Of Reach). En août de la même année, The Jesus And Mary Chain surprirent beaucoup de monde en publiant leur ballade désenchantée plus orientée sur les charts Just Like Honey dans laquelle la voix de Karen Parker, apparemment la petite amie du moment de Gillespie, faisait un délicieux écho avec la voix de Jim. Capitalisant sur le bon accueil de la presse à l’égard de leur trois titres récemment parus et à leur réputation scénique avantageuse, les membres du quatuor firent donc rapidement paraître leur premier album en novembre 1985, Psychocandy ; un titre qui résume fièrement leur influence pour deux groupes en particulier : The Velvet Underground et The Ronettes. L’album avait donc l’avantage de fusionner bruyamment les sons de guitares saturées de rock indépendant des années 60 avec les groupes pop dirigés par le génial Phil Spector. Il est, à juste titre, bon de rappeler qu’à l’époque, nos Écossais carburaient sans mal au LSD et que le caractère malsain et désolé de leurs compositions s’en ressentait doublement. Le disque reçut des critiques absolument élogieuses de la part de la presse spécialisée tout à fait unanime sur le caractère historique et primordial de Psychocandy. Suite à ce mini-succès, les quatre appliquèrent la même recette sur la mélodique Some Candy Talking qui eut le bonheur d’atteindre la 13ème place des charts britanniques dans le courant de l’année 1986, une première pour eux !

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Jim Reid dans une pose typique du shoegazing

À leur décharge, notons que les diffusions radio du single s’arrêtèrent brutalement au bout de quelques semaines lorsque certaines personnes bien informées crurent déceler à travers les paroles un quelconque message adressé à l’héroïne. Dans une interview datant de 2005 qu’il accorda à Filter Magazine, Jim Reid se défendait d’une telle interprétation : « Some Candy Talking n’a strictement rien à voir avec les drogues. C’est juste un DJ radio qui a lancé l’affaire et résultat, la chanson s’est retrouvée du jour au lendemain interdite sur la totalité des plus grandes stations de Grande-Bretagne. »


Une devise : la clarté obscure

À cet égard, les frères Reid avaient depuis longtemps affiché leur goût pour les sulfates d’amphétamine. Les premiers concerts du combo étaient devenus des moments de légende dans les cercles indépendants de la capitale. Jouant devant un auditoire réduit, les Mary Chain acquirent leur notoriété en ne s’exécutant que sur une très courte période, certaines ne dépassant même pas les dix minutes de murs de feedbacks et de distorsion, tandis qu’ils s’appliquaient à jouer dos au public en ne leur adressant pas la moindre parole ! De nombreux concerts se terminèrent alors irrémédiablement par une destruction en règle du matériel sonore sur scène et dans le meilleur des cas, la foule suivait et déclenchait des bagarres ... Tout cela réjouissait bien évidemment Alan McGee, leur premier véritable manager, qui trouvait là une véritable occasion de faire connaître son groupe. En effet, il n’avait plus qu’à s’assurer que les journalistes invités étaient bien présents au concert pour laisser le gang noisy faire des siennes. Mais lorsque Blanco Y Negro « s’empara » de son contrat, il faut noter que les quatre donnèrent quelques suées au label. La violence qui s’échappait de leur prestation scénique devint si forte qu’elle culmina en un événement du folklore musical londonien. Le 15 mars 1985, le groupe se produisait à la North London Polytechnic devant la plus importante foule regroupée à un concert jusqu’alors. Le groupe de première partie Meat Whiplash avait auparavant jeté la confusion en lançant une bouteille en direction du public, comme pour haranguer les spectateurs au moment ou les Mary Chain monteraient sur scène. Et quand ceux-ci arpentèrent les hauteurs de la salle, la foule excitée déclencha une bagarre générale que toute la presse, présente ce soir-là, saura rapporter. On a estimé à 8.000 £ le coût des dégâts engendrés ainsi que quatre blessés qui durent être emmenés à l’hôpital. Cette épisode sera désormais connu sous le nom de "The Jesus And Mary Chain Riot".

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Le groupe chez l’Oncle Sam, en 1985 (photo prise par W. Reid)

Dans le même genre d’idées, on peut également s’attarder sur l’épisode où le combo, jamais le dernier pour déclencher les ennuis, se fit expulser des bureaux de la maison de disques après une bagarre qui emmena William Reid au poste pour possession d’amphétamine en Allemagne. Tout cela déboucha pour la presse sur des comparaisons non vaines entre The Jesus And Mary Chain et The Sex Pistols. À l’instar du Anarchy Tour de la bande à Rotten, les Écossais étaient interdits d’entrée à Plymouth, Birmingham, Sheffield. Si bien qu’à la fin de leur tournée de 1985, une impressionnante escouade de policiers encadraient l’ultime étape à Brighton devant 600 fans qui surent bien se comporter ... tout comme les frangins Reid ! Alors que la reconnaissance et le succès commençaient finalement à pointer le bout de leur nez, Gillespie annonça en octobre 1985 son désir de se consacrer entièrement à son groupe Primal Scream et de ce fait quittait le groupe. Bien que cette annonce ne devint effective qu’au début de l’année 1986 après la fin d’une tournée, cela marqua profondément les Mary Chain puisqu’il allait de nouveau falloir trouver un remplaçant derrière les fûts alors que le combo semblait être solidement installé.

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La fratrie en pleine ébullition...

C’est John Moore qui s’appropria les baguettes du batteur pour une courte période de deux années qui ne l’aura pratiquement pas vu taper sur ses caisses en studio. Car, après la parution de deux singles à la nuisance guitaristique moindre (April Skies qui atteint la 8ème place des charts, leur plus grosse vente de singles et Happy When It Rains), un second album Darklands paraît en septembre 1987 et est enregistré dans sa quasi-intégralité avec une boîte à rythmes ! Les fans et la presse sont surpris, voire divisés mais le grand public embrayera. Bénéficiant d’un son plus mélodique, l’album fut entièrement conçu par le frères Reid ce qui explique donc l’absence de parties de batterie organique. Si bien que pendant la tournée, le pauvre Moore se vit confier la guitare rythmique pour faire acte de présence sur scène. Le manque de feedbacks sur l’album avait au moins le mérite de prouver que le talent de composition de la fratrie Reid était suffisamment important pour mériter un tel changement sonore. Les concerts du groupe, auparavant considérés comme la pierre angulaire de l’identité des Mary Chain et l’une des raisons de leur succès, seraient dorénavant occultés par les productions discographiques. En 1987 donc, ainsi qu’en 1988, ils tournèrent à travers le monde sans batteur, préférant embaucher un roadie à passer des rythmes programmés. Pour les fans de la première heure, ces concerts furent très mal perçus et certains n’hésitèrent pas à le manifester publiquement.

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Le noir et blanc leur va si bien...

Lors d’un concert au RPM club de Toronto en novembre 1987, Jim Reid frappa allègrement deux fans avec son pied de micro ce qui occasionna un séjour nocturne en prison. Contre le versement d’une somme de 500 £, il fut convenu qu’aucunes poursuite ne serait intenté envers sa personne.


Cet épisode marqua le groupe qui décida par la suite de reprendre un batteur en tournée pour éviter de pareilles mésaventures. Tout le long de leur carrière, les Écossais connurent la valse des musiciens au poste plus que sinistré de batteur mais également à ceux de bassiste et guitariste. Certains étaient même embauchés pour une seule apparition à la télé ou une série de concerts ; et tout cela selon le bon vouloir des frères Reid. Au printemps 1988, une compilation de raretés baptisée Barbed Wire Kisses est lancée sur le marché, ce qui permettra de constater à quel point le groupe pouvait toujours écrire de bien belles chansons au goût particulièrement toxique telle la somptueuse Sidewalking. Après de nombreux concerts, le fragile quatuor publie à la fin de la décennie Automatic, leur album le plus accessible jusqu’à présent. De nouveau retranché en duo pour composer l’album, les mêmes programmations synthétiques au menu, le disque fut pratiquement aussi bien accueilli que ses prédécesseurs et contient les singles Head On et une ode à Bob Dylan, Blues From A Gun. À cette époque, la violence que l’on associait autrefois avec le combo était pratiquement devenue non-existente. Même William et Jim Reid semblaient s’être calmés, c’est dire !

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La scène, le lieu où tout se passe

L’année 1990 démarre avec déjà une énième surprise : le départ du bassiste Douglas Hart. Lassé par ce cirque, il préféra quitter le circuit et devint réalisateur de vidéos pour le label de Alan McGee, Creation Records (il signa par exemple la vidéo de Soon de My Bloody Valentine) puis créa sa propre maison de production. Il contribua entre autres au vidéo-clip Can’t Stand Me Now de The Libertines ainsi que différents témoignages visuels sur The Stone Roses. De la formation initiale, il ne reste plus que les frères ... Pour le remplacer, les frangins dégotent un Australien multi-instrumentiste qui s’occupera plus particulièrement de la guitare rythmique, un dénommé Ben Lurie, ancien employé chez Rough Trade Records qui deviendra pratiquement son remplacement en tant que troisième membre officiel jusqu’à la fin. Début 1992, les Mary Chain publièrent leur premier album enregistré dans leur nouveau studio londonien joliment baptisé « The Drug Store ». Honey’s Dead, leur cinquième opus, est plus orienté vers des sonorités dance qui affolaient alors les hit-parades de l’époque.

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L’expression du ras-le-bol

En guise de promotion de l’album, les Écossais embarquèrent pour la tournée Rollercoaster aux côtés de Blur, My Bloody Valentine et Dinosaur Jr en ce qui concerne la Grande-Bretagne. Le volet américain eut lieu durant l’été 1992 à travers le Lollapalooza festival. Mais, le groupe ne se sentait pas dans son meilleur élément et l’annonça au travers d’interviews comme une erreur de casting. Au même moment, le titre Reverence fut banni des ondes américaines à causes de paroles jugées trop offensantes (‘I wanna die just like JFK / I wanna die in the USA’). À la suite de la tournée, les Mary Chain publièrent leur deuxième compilation baptisée The Sound Of Speed puis s’attaquèrent à la réalisation de Stoned And Dethroned, largement plus acoustique. L’album marque l’émergence de William Reid comme chanteur sur le même nombre de titres que son frère. Un titre sublime, Sometimes Always, voit ainsi le guitariste partager les vocaux avec Hope Sandoval, ex-leader du groupe Mazzy Star. Durant les quatre longues années qui suivirent, les Mary Chain se firent soudain discrets. Car, à l’exception du single I Hate Rock’N’Roll (qui reflétait le sentiment du groupe à l’égard de l’industrie musicale de l’année 1995), peu de chances d’avoir entendu parler des frères Reid. En effet, le groupe était arrivé en fin de contrat discographique avec Blanco Y Negro et s’apprêtait à signer avec le label indépendant américain Sub Pop.


Munki et le crépuscule du groupe

Il s’écoulera un long moment entre Stoned & Dethroned et Munki, l’album paru en 1998 qui marque, lui, le second virage d’une carrière et le début d’un besoin d’une reconnaissance par une nouvelle génération. Pour beaucoup, ce Munki marque l’entrée du groupe dans le rang, pour d’autres, au contraire, le combo prenait conscience subitement de la nécessité de refaire la soudure avec le public rock. Et bizarrement, c’est l’entente entre les deux frangins qui commence à s’effriter : « William et moi ne nous sommes pas vraiment bien entendus à cette époque-là. L’année précédente, on ne s’est même presque pas parlé. Munki est l’un de mes albums préférés mais on peut pas vraiment dire que c’est un album conçu par le groupe. William partait enregistrer avec le reste du groupe au studio quand j’étais pas présent, et vice-versa. Ce fut une période très pénible », raconte amèrement Jim.


Voilà qu’il devient clair que ce Munki sera le dernier album de The Jesus And Mary Chain. Bien que ce ne soit pas avant le mois d’octobre 1999 que la séparation devient officielle, une première engueulade éclata entre le guitariste Ben Lurie et William Reid dans le bus de tournée, peu avant de monter sur la scène du Los Angeles House Of Blues le 12 septembre 1998 pour une prestation à guichets fermés. Durant ce même concert, l’ambiance s’envenima et les frères s’engueulèrent même pendant une dizaine de minutes, provoquant le départ de William dès le lendemain. Jim, particulièrement éméché ce soir-là, reconnut honnêtement que ce fut tout simplement l’un de leur pire concert mais promit de poursuivre le reste de la tournée américaine et japonaise sans son consanguin ; un drame pour les fans qui commencèrent à venir se faire rembourser leurs places de concert. Tristement et sur la pointe des pieds, le groupe disparut. Sans la présence d’un des membres historiques, le groupe n’avait tout bonnement plus aucune raison d’exister. Quelques mots dans les journaux spécialisés, quelques amis qui écrivent leur peine, sans fracas, sans émoi, The Jesus And Mary Chain s’évanouit officieusement ...

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Le trio, pour un set tranquille en 1998

Une décennie plus tard, ce sont des groupes tels que The Ravonettes, Skywave ou Black Rebel Motorcycle Club qui remettent au goût du jour ce rock’n’roll tout en noirceur et en énergie brute. Mais, le vide est immense et la rock music ne semble plus être tout à fait la même. La parution en 2002 de la compilation de l’intégrale des singles 21 Singles 1984-1998 permettra de dérouler temporairement et le temps de quelques pages un survol essentiel de leur carrière, ceux de leurs singles, exercice de composition dans lequel les Écossais excellaient. Juste un témoignage, le dernier d’un de ceux qui ont fait découvrir une certaine idée du rock minimaliste. Il est possible de se rassurer : il y aura toujours encore des inspirés qui hurleront leur amour pour The Jesus And Mary Chain, ça ne fait aucun doute. Tout cela est signe que le rock’n’roll existe toujours ... pour ceux qui le désirent !

 [1]



[1Sources :

MAGAZINES

  • Q Magazine
  • Mojo
  • Rock & Folk
  • NME
  • Uncut

SITES WEB

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