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par Nils le 20 juin 2006
paru en 1980 (Sire / WEA)
L’année 1980 ne fut pas la plus productrice en matière de disques incontournables et autres chefs-d’œuvres musicaux, même si on en retiendra des excellentes claques, Graal oublié du punk d’un côté avec Songs The Lord Taught Us des Cramps et le triple album des Clash, révolutionnaire de l’autre avec The Wall de Pink Floyd et Closer de Joy Division. Pourtant c’est cette année, à la fin de l’effervescence punk et quelques années avant l’explosion pop, qu’un tout nouveau groupe qui en influencera plus d’un débarque : The Pretenders.
Le groupe est mené par Chrissie Hynde au chant et à la guitare, oui Chrissie Hynde. Celle qui a offert le cadenas à Sid Vicious, celle qui a joué avec Mick Jones, celle qui a appris la guitare à Johnny Rotten ! Facilement repérable sur la pochette car perfecto rouge flamboyant et seule nana du groupe, c’est grâce à elle, après avoir longtemps traîné dans l’ombre de la scène punk et dans le Roxy, que naît The Pretenders à la fin des années 70 et qui va, dès son premier album, réunir pop rock, new wave et reggae, puis se glisser dans l’influence de beaucoup de groupes.
Même si cette brunette passait le claire de son temps à couper les cheveux à Mick Jones, à vendre des vêtements dans le magasin Sex de Mclaren, à jouer avec les futurs Dammed et à chanter les chœurs pour Johnny Thunders, ce n’est pas un son punk qu’on retrouve dans l’album. Dès les premiers titres, précipitation et rythmique entraînantes sur un nuage de pop s’enchaînent avec Precious, The Phone Call et l’incontournable Tattooed Love Boys.
Ce disque éponyme peut être comparé à une base du rock futur, tout le monde, filles et garçons, 90’s ou new wave, s’inspireront un minimum des Pretenders.
Avant d’être la femme de Ray Davies, Chrissie Hynde trahit déjà quelques sentiments pour le leader des Kinks avec la reprise Stop Your Sobbing. Leadeuse incontestée du groupe, elle laisse s’exprimer ses confrères le temps d’un très bon instrumental, Space Invader, qui peut être aussi écouté comme hommage quand on sait que James Honeyman-Scott (guitare) et Peter Farndon (basse) sont morts respectivement deux ans et trois ans après la sortie de l’album (overdose pour les deux, ça faisait mode comme chacun sait).
Nous ne sommes cependant pas mécontents de retrouver sa voix sur The Wait, rebelle et meneuse des troupes, elle sait s’imposer. Certains ne prendront pourtant pas goût au personnage de Chrissie, moins punk, plus docile qu’une Patti Smith (mais toute les deux rock critic avant d’être chanteuse) et moins belle qu’une Blondie de l’époque, et pour cause le registre n’est pas tout à fait le même.
Le disque est donc d’un côté violent, agressif, avec des réelles courses poursuites et des guitares résonnantes (Tattooed Love Boys et Mystery Achievement), mais quelques soufflements reviennent comme sur le superbe passage au son reggae avec la douce Private Life ; dès les premiers sons de cordes, l’image des îles apparaît dans nos têtes, la douce voix de Chrissie s’y mêle alors doucement accompagnée de chœurs et d’électricité qui ne font pas tache. Mais c’est bien dans sa voix roque et dans les guitares grinçantes qu’on retrouve le meilleur du groupe (The Wait et Up The Neck), même si à l’époque c’est plutôt la ballade Lovers Of Today qui avait fait sensation.
Incontournable donc, un disque historique qui témoigne des influences qu’il suscite aujourd’hui.
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