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par Emmanuel Chirache le 27 juillet 2010
Paru le 5 avril 2010 (WHB Records/Naïve)
Les Anglais sont passés maîtres dans l’art de sortir toutes les deux semaines un nouveau groupe branché qui fait du mélange de mélanges, assemblant des courants déjà amalgamés ailleurs et invitant aux comparaisons interminables avec d’autres formations, lointaines ou proches. C’est encore le cas avec We Have Band, groupe d’electro-pop punk-dance-funk, qui ressemble aux Raptures, à Depeche Mode, Chew Lips, Hot Chip, La Roux, LCD Soundsystem, ad lib. Pas facile de s’imposer dans ces conditions, et la presse anglaise est apparue au départ un peu circonspecte bien qu’intéressée face à l’arrivée d’un énième émule. Elle s’est faite suffisamment berner comme ça par nombre de fausses promesses, on ne l’y reprendra plus s’écrie-t-elle.
Pourtant les We Have Band, au-delà d’un nom unanimement décrié, possèdent quelques excellentes chansons en réserve. Des morceaux dansants, un peu jetables, parfois profonds, jamais inintéressants. Certes, le groupe gagnerait à varier un peu plus son humeur, souvent trop égale à l’intérieur d’un même titre. D’une chanson l’autre, toutefois, on trouvera des changements d’ambiance bienvenus, à l’image des deux premières pistes Piano et Buffet, douces, calmes, reposantes. Soit très différentes du reste du disque, bien plus orienté vers le dancefloor. Dès le très bon single Divisive, on le sait : ces anciens employés d’EMI veulent nous faire remuer le popotin. Petit bémol, ça ne fonctionne pas toujours. Si la basse sexy, les percussions vaguement brésiliennes, le chant distancé à la Dave Gahan, rendent Divisive attrayante, c’est moins le cas sur le faiblard Oh !, l’honnête Honeytrap, voire le gentillet Hear It In The Cans. Il manque à tous ces titres un petit plus pour se démarquer des milliers de leurs semblables disco-rock.
En réalité, la plupart des chansons de WHB commencent par accrocher l’auditeur avant de décevoir un peu ses attentes en n’évoluant quasiment pas au fil des minutes. Après un couplet qui pique la curiosité, le refrain ne semble pas décoller. Du coup, l’aspect dansant s’étiole pour laisser une sensation agréable de musique entêtante, simple mais éminemment sensible. C’est une autre optique qui s’offre à nos sens, pas forcément moins intéressante, au contraire. Sous cet angle, Love, What You Doing ? prend une tournure superbe, tandis que How To Make Friends se laisse apprivoiser. Le meilleur d’entre tous reste Centerfolds & Empty Screens, sur lequel le chant enlevé de Darren Bancroft portera celui qui l’écoute vers d’autres cieux, éthérés, apaisants, bercés d’une lumière réconfortante.
Les trois derniers morceaux, vraiment bons, confirment que les We Have Band ne sont pas aussi superficiels qu’il y paraît. Il s’agit ici moins de danser que de profiter pleinement de la musique, qui enveloppe le corps davantage qu’il ne le fait bouger, exactement comme a pu le pratiquer Depeche Mode auparavant. Encore mieux, le groupe conserve son énergie pour ses prestations scéniques : aperçu en festival à Londres la semaine dernière, le trio a prouvé qu’il savait se transcender pendant l’exercice et transformer son répertoire en dance-machine ! Le live donne alors sa pleine mesure aux chansons. Certes, on notera que les compositions manquent parfois d’invention et d’audace (certains critiques ont cru déceler dans l’ancien job des membres du groupe une inclination à formater la musique, alors qu’à l’inverse il faudrait peut-être attribuer les meilleurs moments du disque à ce côté "professionnel" du trio. Rien ne permet de trancher en tout cas), pourtant le résultat s’apprécie sans rechigner.
Clip de Divisive :
Version acoustique de Centerfolds & Empty Screens :
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