Incontournables
The Wall

Un pari risqué

The Wall

Pink Floyd

par Arnold le 23 février 2005

paru le 30 novembre 1979 (Harvest/EMI)

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Le mariage “ orchestre + rock ”, pas toujours très heureux, fait souvent fureur au sein des groupes progressifs et dans les cercles d’artistes qui deviennent peu à peu mégalo. Le tout étant d’avoir une œuvre, de “ marquer de sa patte le panthéon de la musique ”... Le résultat est rarement probant.

Roger Waters, en 1978 fait un peu parti de ceux là... Après une tournée mouvementée au Canada pour la sortie de Animals, il imagine trois projets “ d’album-concept ” pour les réaliser en solo [1]. En les présentant à ses comparses du Floyd, ces derniers sont séduits par l’un des projets : l’histoire de Pink, une rock star qui, dépassée par le succès devient mégalo, limite parano, et s’imagine dans la peau d’un dictateur facho... A travers son personnage, Waters trace aussi une critique sociale de l’Angleterre d’après-guerre. Il retrace sa vie dès l’enfance et montre un à un les éléments qui l’ont amené à se construire un mur autour de lui. De la guerre où il a perdu son père, à l’école où l’État le formate pour devenir un pantin comme les autres, avec des professeurs intransigeants et violents. Waters fait son auto-psychanalyse... et Pink Floyd en fait un double album.

Le pari de The Wall est donc risqué : un opéra-rock, double album, orchestre philharmonique... Un album à part dans la discographie floydienne. Un morceau imposant, très sombre, un OVNI quand l’on regarde leur discographie oscillant entre psychédélisme et expérimentation...

Mais le pari est réussi... La puissance et l’ampleur de la musique provoquées par le mariage “ orchestre + rock ”, et de fortes lignes de basse, reflètent à merveille l’esprit du projet et l’on écoute l’album comme si l’on regardait un film [2] notamment sur The Trial. Cette impression est renforcée par les dialogues, et autres bruitages qui rythment les morceaux.

Le duo (/duel ?) Waters / Gilmour rend l’album encore plus intéressant. Waters chante les parties où Pink intervient en personne. Gilmour lui, tient un rôle plus extérieur, une sorte de narrateur, ou de voix intérieure. Le contraste entre la voix de psychopathe de Waters et celle plus posée de Gilmour rajoute une couche de folie à l’album. Cette folie n’a rien à voir avec celle qui habite les envolées psychédéliques de leurs débuts. Il y a ici quelque chose de malsain, de dérangeant. Le plus bel exemple de ce contraste réside dans la suite The Happiest Days Of Our Lives / Another Brick In The Wall - Part2.

Toutes les paroles sont écrites par Waters, ainsi que la plupart des musiques. Gilmour participe cependant à trois titres qui figurent parmi les meilleurs de l’album dont Comfortably Numb où l’on reconnait son coup de griffe sur le solo final. Le co-producteur Bob Ezrin, habitué au milieu du heavy-metal, apporte sa patte à l’album, notamment sur Young Lust mais aussi sur les espèces de voix d’ogres sur la fin de The Trial. Ce mariage des styles (Waters et sa folie, Gilmour et sa patte aérienne, Ezrin et le coté metal) contribue à accentuer cette atmosphère un peu malsaine qui donne toute sa force à The Wall.

Tous les ingrédients sont donc réunis pour soutenir l’histoire de Pink et lui donner toute la force nécessaire. Le pari risqué est donc réussi et l’album connaît un fort succès. La tournée qui suivra mettra l’album en scène comme une pièce de théâtre.



[1The Pros And Cons Of Hitchicking fait partie de ces projets, il en fera un album solo sorti en 1984

[2The Wall sera d’ailleurs porté à l’écran en 1982 par Alan Parker, avec Bob Geldof dans le rôle de la rock star détraquée, et des animations excellentes de Gérald Scarfe

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Tracklisting :
 
Disque 1 :
 
1. In The Flesh ? (3’17")
2. The Thin Ice (2’28")
3. Another Brick In The Wall, part one (3’41")
4. The Happiest Days Of Our Lives (1’20")
5. Another Brick In The Wall, part two (3’56")
6. Mother (5’32")
7. Goodbye Blue Sky (2’48")
8. Empty Spaces (5’36")
9. Young Lust (2’03")
10. One Of My Turns (1’33")
11. Don’t Leave Me Now (4’22")
12. Another Brick In The Wall, part three (1’17")
13. Goodbye Cruel World (1’05")
 
Durée totale : 39’06"
 
Disque 2 :
 
1. Hey You (4’39")
2. Is There Anybody Out There ? (2’40")
3. Nobody Home (3’25")
4. Vera (1’38")
5. Bring The Boys Back Home (0’50")
6. Comfortably Numb (6’49")
7. The Show Must Go On (1’36")
8. In The Flesh (4’16")
9. Run Like Hell (4’22")
10. Waiting For The Worms (3’56")
11. Stop (0’34")
12. The Trial (5’16")
13. Outside The Wall (1’42")
 
Durée totale : 41’51"