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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 14 mai 2005
paru le 17 août 1979 (Virgin Records)
Ce qui est bien avec les deux plus grands groupes pop des sixties (The Beatles, The Beach Boys), c’est que la polyvalence de leurs musiciens respectifs à passer d’un instrument à un autre leur garantissait un haut niveau de compositions, ne serait-ce qu’aux yeux du grand public. Il est surprenant de constater que cette qualité répandue ne desservit pratiquement aucune formation descendant de cette mythique lignée, si ce n’est un groupe.
XTC, les mal-aimés de la New Wave, se trouvèrent fort dépourvus à l’aube de l’enregistrement de leur troisième album. Le claviériste Barry Andrews venait juste de claquer la porte et, plutôt que d’opérer un changement poste pour poste comme on dirait dans le jargon du ballon rond, ils recrutent Dave Gregory, un ami guitariste de longue date qui pouvait aussi jouer des claviers. Sous cette nouvelle mouture, naît Drums And Wires, album imparable qui marque un tournant dans la carrière du trio grâce à un panel de chansons qui reflètent véritablement la maturité de la composition des chansons.
Car si les deux albums précédents montraient déjà une écriture enjouée et acide, alternant compositions complexes, débuts de mélodies et un esprit parfois ironique, celui-ci (dont les titres de travail étaient Boom Da Da Boom et Third Story) déborde d’idées délirantes. L’énergie sans but d’auparavant s’attarde ici dans un état de cohésion avec la voix aisément identifiable de Andy Partridge où - tel le spectre de Syd Barrett - sa finesse d’esprit, son humour et son goût prononcé pour les jeux de mots garantissent une saveur britannique à l’ensemble (Helicopter). Les compositions du bassiste Colin Moulding (That Is The Way et Ten Feet Tall) ne subissent bizarrement pas le traitement nerveux des autres morceaux ce qui permet de constater à quel point l’étiquette de Beatles de la New Wave n’était en fin de compte pas si usurpée que ça.
D‘un point de vue technique, Drums And Wires tient son nom du nouveau son de batterie expérimenté pour la première fois, « un son qui déchire et qui doit être une composante prioritaire du troisième album » comme aimait à le rappeler Partridge. Après avoir entendu son travail sur l’album The Scream de Siouxsie And The Banshees, le groupe loua les services du producteur Steve Lillywhite qui, assisté de l’ingénieur du son Hugh Padgham, donne l’impact impulsif et panoramique nécessaire, travail que l’on retrouvera ensuite sur les albums de Queen pleine période disco. Boosté par des rythmes puissants et des arrangements minimalistes, l’introduction de Dave Gregory autorisa au groupe un jeu de guitares inventif qui eurent pour seul effet de masquer l’absence de claviers, la tension entre les guitares et la batterie donnant à l’album une tonalité power pop complètement inspirée.
XTC accouche finalement de son premier tube, Making Plans For Nigel, morceau pop contagieux relatant la situation que vit un garçon dont les parents influent sur ses décisions à venir, qui s’imposera plus dans la conscience collective anglaise que son succès ne le laissait espérer. Telle était la période ska-punk-new wave de XTC qui s’affirmera comme l’un des leaders dans ce domaine pendant les 4 années qui suivront.
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