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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 1er novembre 2005
paru le 13 septembre 2005 (Parlophone / EMI)
Retour de l’enfant prodigue de Liverpool, après un silence de quatre ans. Une fois de plus, il y a de fortes chances de divisions au sein de la communauté pop. Pour les inconditionnels du gaucher dépravé qui tient la basse déguisée en violon, ce disque est une des sept merveilles musicales de l’année 2005 et constitua leur disque de chevet au moins jusqu’aux fêtes de Noël. Pour les autres, ceux dont le retour de Macca les interpelle autant qu’une expo sur Jean-Edern Hallier à la Maison de la Radio, il est futile de parler de ce disque puisque, à la manière de The Rolling Stones eux aussi sous les feux de l’actualité, McCartney n’est plus bon qu’à tourner à travers la planète avec son groupe de bambins bloqués sur Wings. Pour contenter tout le monde, la meilleure solution consisterait à en parler simplement, en faisant fi de son passé Beatles...
Mais voilà, à l’écoute de Chaos And Creation In The Backyard, son passé de scarabée ressort comme jamais et il est bien difficile de ne pas reconnaître que l’homme compose toujours aussi bien pour son âge canonique (64 ans). Pas de critiques gratuites pour un artiste attendu au tournant. L’ex-Beatle a pris l’habitude de publier un album comme bon lui semble et celui-ci est, en quelque sorte, un condensé de sa carrière solo bien que deux titres évoquent les séances du White Album de 1968 (Jenny Wren et son sous-Blackbird ; A Certain Softness). Plutôt que de proposer un album dont la créativité n’aurait pas été motivée par un besoin violent, Sir McCartney s’est attaché à ce qu’il faisait de mieux, des ballades dans le plus simple appareil. Toujours impressionnantes, souvent bouleversantes, celles-ci cohabitent avec des morceaux plus balancés comme l’excellent single et titre inaugural Fine Line ou la réponse au Afternoon Tea des Kinks sous influence Martha My Dear (English Tea).
Si vous êtes friand de ce genre musical et que vous ne deviez acheter qu’un seul album en ces temps difficiles, jetez-vous sur le Chaos And Creation In The Backyard de Paul McCartney. Vous ne serez pas déçus : ce disque est une collection de ballades d’anthologie, des origines à nos jours. De la grande musique. Alors bien sûr, certains diront qu’il suffit de faire l’expérience de choisir un titre au hasard et, dans les trois secondes qui suivent, vous entendez au moins un plan piqué à son premier album solo, le rudimentaire McCartney, sans parler des secondes séries ; oui, mais voilà, lequel plan piqué est immédiatement transcendé par une éblouissante idée de prise de son ou de mixage. Ocean Way est un studio hanté ; Nigel Godrich est un monstre. Jetez-vous sur cet album et longtemps après que vous aurez terminé de recenser toutes les chansons qu’il a “piraté”, vous n’aurez quand même pas fini de vous régaler, loin de là.
Peut-être l’un des rares chefs-d’œuvre dans ce domaine de ces années 00. Ne serait-ce que pour la cathédrale sonore que représente la déroutante How Kind Of You, la précieuse Too Much Rain et la parfaite Promise To You Girl. Si en plus, on ajoute le fourre-tout de démos audible à la fin du dernier morceau de l’album qui ne manquera pas de combler les accros à All You Need Is Love... La distinction, la classe, la voici ! Et cette musique-ci n’est pas seulement anglaise : elle est universelle.
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