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mercredi 15 avril 2015
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par Our Kid le 13 décembre 2005
paru le 16 septembre 1996 (Columbia/Sony Music)
Dans les années 1990, et plus particulièrement à la suite du mouvement de la Brit Pop, il était de bon ton d’exprimer haut et fort son amour pour les Beatles et de faire des hommages réguliers à ses héros. Ainsi, on pouvait voir Oasis se considérer comme meilleur que les Fab Four et reprendre I Am The Walrus ou encore entendre d’autres formations proclamer que McCartney était une influence majeure de leur musique. Cependant, depuis la « retraite » de Harrison en 1992, on n’avait guère aperçu quelqu’un tenter de reprendre le flambeau laissé par le « Beatle timide ».
Il fallut attendre 1996 et l’apparition de Kula Shaker sur le devant de la scène pour que ce soit chose faite. Formation originaire du sud de l’Angleterre, Kula Shaker se fit même adouber par leur idole qui ne tarissait pas d’éloges sur la musique du quatuor et les invita même à participer à la bande-son accompagnant la réédition de Wonderwall Music. Comment Harrison, réputé critique envers la musique populaire des années 1980-1990, a-t-il pu succombé au charme des jeunes Anglais ?
Il faut dire que le groupe a tout fait pour se mettre Harrison dans la poche. Tout d’abord, en le citant comme influence principale du groupe, puis en mélangeant le sanskrit et l’univers hindou, chers à Harrison, sous l’impulsion de leur leader Crispian Mills qui avait séjourné cinq ans en Inde. A cela s’ajoute la présence du morceau Govinda, reprise du Radha Krishna Temple, collectif soutenu par le guitariste des scarabées, et qui devient un tube pour la seconde fois.
Justement le premier effort de Kula Shaker (nom inspiré d’un empereur indien, Kula Sekhara) est assez révélateur de l’emprise musicale de la musique indienne sur le groupe, bien qu’on y retrouve également un rock d’inspiration classique, servi en cela par des claviers directement issus des années 1960. La quasi-totalité des morceaux sont le résultat de Mills, guitariste et chanteur doté d’un sens mélodique inouï et qui incarne le groupe, bien aidé, il faut le dire, par sa belle gueule. La production, importante du fait de la présence de nombreux guests et de musiciens indiens, est confiée à une pointure, en la personne de John Leckie avec pour tâche de sonner sixties. Le résultat est probant dès l’ouverture avec Hey Dude, single rock qu’on jurerait enregistré en 1969 ! Les claviers de Jay Darlington font merveille et la guitare wah-wah de Mills se révèle tranchante de bout en bout des quatre minutes du titre.
Après une ouverture rock, Kula Shaker laisse entrevoir son côté exotique avec la présence de tablas sur Temple Of Everlasting Light ou encore Govinda, qui comprend d’ailleurs des paroles en sanskrit et évoque l’Inde. Toutefois, le seul morceau que l’ont peut qualifier de purement « indien » correspond à l’instrumental Sleeping Jiva, les autres contiennent une teneur en rock plus importante et dont le sujet des paroles se retrouve éloigné de l’univers hindou (Grateful When You’re Dead / Jerry Was There ou encore Start All Over). Les arrangements n’étouffent pas les compositions, bien au contraire, ils procurent une richesse supérieure aux morceaux et mettent en avant les qualités des musiciens. K contient ainsi de grands moments comme les singles Hey Dude, Govinda et Tattva mais aussi Start All Over, un morceau évoquant les difficultés que peut rencontrer un couple et qui permet à Mills de montrer des prestations vocales très sûres.
Cependant, comme la plupart des premiers albums, K souffre de son contenu trop inégal et qui, bien que présentant toutes les facettes de la musique du groupe, désarçonne l’amateur de musique classique indienne et l’auditeur en quête d’une musique rock. Certains morceaux auraient pu figurer en face b de singles mais on peut malgré tout saluer le courage artistique des quatre.
Finalement, et pour notre grande surprise, la musique de Kula Shaker vieillit très bien et a parfaitement su maintenir l’héritage du Beatle George Harrison avec, en guise de clin d’œil à Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, la pochette de K qui fait figurer le portrait de Lord Kitchener et toute une clique de personnalités qui témoignent aussi de l’univers musical du groupe, un univers délaissé depuis par les nouvelles générations de musiciens.
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