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par Vyvy le 29 mai 2007
L’Européen était, jusqu’à ce fatidique 20 mai 2007, une des nombreuses salles parisiennes où je n’avais jamais mis les pieds. La salle, sur les bords de la place de Clichy, est pourtant bien sympathique, dans son style auditorium à fauteuils rouges confortables, mais sa programmation, très « nouvelle chanson française » m’avait pour l’instant laissée un peu sur ma faim. Quand j’appris que les kings de la punktry (oui oui ce savant déréglage, burinage de la country par de grands tarés gueulants), les fort bien nommés Two Gallants se produisaient dans cette salle, quelle ne fut donc pas ma surprise (heureuse la surprise, tant les deux précédentes prestations du duo auquel j’avais l’occasion d’assister m’avaient séduites)... Mais en fait, comme mon billet « encore chaud » alors que j’écris ces lignes en témoigne, ce n’était pas Two Gallants qui se produisait, mais Two Gallants (USA) en acoustique !! Et ne faisaient pas de la punktry, mais du pop rock [1]. Et n’attirait pas une foule de gentils désaxés, mais désormais de jolis bobos bien fringués.
Les jolis couples pullulent dans l’antre décidément très confortable de l’Européen, les petits vestons, les mèches, les lunettes à monture épaisse. Ici, on apprécie l’underground californien avec style, m’sieurs dames. Tombée sur 2GS comme ils s’appellent maintenant (nouveaux T-shirts, hoodies et badges à l’appui) pas vraiment par hasard (violemment poussée en fait), il est difficile de se dire que ces deux là sont devenus hype, un peu « dans notre dos »... Difficile aussi d’imaginer ce qu’Adam Stephens allait rendre, sans sa bougeotte qu’il l’amène régulièrement, de derrière sa splendide guitare rouge, à aller taquiner Tyson, maître ès rythmes s’il en est. L’acoustique punktry paraissait un pari tendu... Au final, tendu ou pas, il fut relevé haut la main, cette nouvelle variation permettant de mettre le jeu divin de Tyson Vogel en lumière, lui permettant d’ échapper au sort de nombre de batteurs, à savoir celui de faire-valoir rythmique de guitaristes omniprésents. Non ici ce sont bien deux musiciens de même calibre, de même ampleur (et quelle ampleur !) qui vont mener le set, cela d’autant plus que ce n’est pas vraiment Adam qui va faire la causette au public, mais bien le batteur...
Entrons dans le vif du sujet... Two Gallants venait, on l’appris le soir même, présenter un EP, The Scenery Of Farewell (sur Saddle Creek, le 4 juin en Europe), et donc, vu qu’ils ont du nouveau matériel, ils vont nous en jouer pour nous en présenter, hein, car quand même ce serait bête de se priver. Surtout que le fan de Two Gallants frustré, ce n’est pas beau à voir. Mais ce soir là, il ne devait pas y en avoir beaucoup, tant la prestation allait convaincre, et le néophyte, et la fan aguerrie.
Sans première partie, le concert va commencer avec 30 minutes de retard, et se dérouler sur une petite heure de prestation magistrale.
Il nous faut un peu de temps pour nous habituer au côté statique du « show » : Adam est assis, sa guitare folk, griffée, crasseuse, dont la lanière n’est qu’une fine cordelette finement nouée, sur ses genoux. À côté de moins on s’insurge. « Quoi, c’est pas de l’acoustique ça, il a une pédale ». Un coup d’œil vers les fûts de Vogel et un splendide "gling gling" japonais [2] accueille et surprend notre regard : buriné, ça, mon œil ! Mais une fois rentrés, le feulement de la batterie, son moindre ronronnement, les doux cris et murmures d’Adam vous accompagnent pendant un moment unique. On a droit à leurs « tubes », à quelques plus ou moins neuves nouveautés du futur EP, Linger On et Seems Like Home To Me (cette dernière ayant été entendue lors de leur dernière prestation, remarquable évidemment, au Nouveau Casino il y a de ça plusieurs mois), et à quelques morceaux choisis de leur répertoire... qui semble figurer, griffonné, sur un papier collé au flanc de la six cordes du barbu.
Alors ces tubes, qui sont-ils ? Tout d’abord, arrivant comme une fleur à quelques titres du début, et rapidement acclamé, le bougre, Steady Rolling se faufile entre les doués doigts du duo.
Well I come from the old time baby,too late for you to save me.If I remain then I’m to blame.But if you should ever need me,I’ll go where’er you lead me.It’s all the same, the same old game.
Comme d’habitude avec 2GS, on est frappé par les paroles ("But I shot my wife today/dropped her body in the Frisco bay."), dures, douloureuses, qu’Adam Stephens éructe, ici moins, acoustique oblige, que d’habitude, d’une manière viscérale. Il faut que ces histoires, si belles, si sordides, sortent, qu’elles le laissent un peu tranquille, au moins quelques instants.
Ensuite viens la sublime Crow Jane. Une des rares chansons qu’ils font, de toute manière, en acoustique, ici sublimée par la participation gracieuse et efficace, (pour un tiers du set) d’une violoncelliste de leurs amis... Ici je m’avoue un peu déçue, tant je trouve la chanson, légèrement trop « bien chantée », quelques effets de voix aucunement nécessaire s’ajoutant au début de la prestation. Mais le final est tel qu’il faudrait vraiment être hypocrite pour ne pas applaudir à tout rompre, une fois que les derniers accords ont finit de geindre.
Avant le merveilleux final en Nothing To You, qui, s’avérant être ma chanson préférée du groupe, m’a semblé parfaitement apte à clore ce brillant exploit, on a eu droit à quelques jolis titres, tels The Prodigal Son, ou encore Our Last Goodbye (All Your Faithless Loyalties), qui, comme les autres, ont réveillé notre jolie salle bon chic bon genre... Mais comme la perfection n’est pas de ce monde, cette jolie variation acoustique empêche les Two Gallants de mugir leurs plus énervées histoires, telles Last Cruces Jail... Bah, raison de plus pour retourner les voir au plus vite !
[1] selon la programmation officielle de l’Européen
[2] récompense faramineuse a qui trouve le nom du dit objet
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