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par Gilles Roland le 7 novembre 2011
C’est à peine quelques jours après la "Nuit des Masques", qu’Alice Cooper a possédé le Zénith de Toulouse pour un show évènement. Les historiens rock locaux vous diraient que le patron du shock rock n’était pas venu fouler ces terres depuis le début des années 80. De quoi conférer à un concert en tous points remarquables, un statut de tableau vivant instantanément culte !
Le toulousain a le postérieur bordé de nouilles. Après Motörhead, c’est Alice Cooper qui a décidé de parcourir largement l’Hexagone à l’occasion d’une tournée monumentale, qui fait étape dans la Ville Rose. Soit deux uppercuts lancés à la face du headbanger, à quinze jours d’intervalle !
Annoncés puis annulés, les jeunes disciples d’AC/DC de The Treament ont bel et bien assuré la première partie d’Alice Cooper. Sous une bannière affichant leur patronyme, les britanniques proposent un hard rock bien heavy et bien rétro, dans le ton d’un Airbourne (sans non plus arriver au même niveau), avec un enthousiasme plutôt communicatif. Les morceaux s’enchainent rapidement. La routine s’installe au fil d’une musique maitrisée, qui n’oublie pas les grands gimmicks du genre (voix perchée, solos héroïques, etc...), sans proposer grand chose de neuf.
The Treatment remplit néanmoins avec ferveur sa part du marché et semble taper dans l’œil des acharnés des premiers rangs qui prennent de plein fouet les riffs acérés de cette machine vintage et, il faut bien le dire, souvent kitch. Ceux qui ont vu le film Rock Star, avec Mark Walhberg, auront une idée assez précise de l’ambiance.
Sitôt le set de The Treament achevé, les roadies installent le rideau où figure l’affiche de la tournée d’Alice Cooper. A l’arrière, l’équipe s’active tandis que les haut-parleurs font résonner les derniers brûlots du Patron. La tension est palpable, le suspens de courte durée. La voix du mythique Vincent Price résonne avant de laisser les premiers accords de The Black Widow déchirer la nuit. Le rideau tombe, Alice et ses musiciens nous font face. Le maitre, perché en haut d’une estrade, grimé en araignée, s’impose directement comme l’hôte d’une cérémonie qui s’annonce grandiose. Et ce sera le cas, Alice Cooper (63 ans) défiant les lois ancestrales de la nature et du vieillissement en affichant une forme hallucinante (quelle voix mes amis !).
Étrangement intitulée "No More Mister Nice Guy Tour 2011", (alors que le dernier album, Welcome 2 My Nightmare, est sorti depuis peu), la tournée laisse la part belle aux plus grands hits de Cooper. La set list balaye les 40 ans de carrière de l’artiste. Seul I’ll Bite Your Face Off, représente le dernier opus. Pour l’occasion, Alice arbore d’ailleurs une veste sur laquelle figure l’inscription "New Song", histoire de ne pas laisser planer le doute. Un morceau qui tranche dans le vif. Efficace, fédérateur, il transporte le public de ses riff très "Stoniens" et prouve, si besoin était, qu’Alice Cooper possède encore de très belles cartouches en réserve.
I’m Eighteen, No More Mister Nice Guy, Hey Stoopid, Under My Wheels, Brutal Planet ou Muscle Of Love, le programme est gourmand et impose un rock and roll furieux. Les tubes se voient habillés de solos plus techniques, au son plus touffu. Glen Sobel le batteur est une machine à break terrassante, habillant de sa frappe musclée riche en double pompe les refrains connus de tous les fans. Un marteleur qui brillera particulièrement lors d’un aparté impressionnant de technique (mais un poil long), en duo avec Chuck Garric, bassiste aux allures de guerrier barbare bodybuildé et tatoué jusqu’à l’os ( un bassiste qui prouvera à de nombreuses reprises son talent de chanteur). Vous l’aurez compris, Alice sait s’entourer. Ses acolytes de scène sont tous spectaculaires à leur façon et forment un chœur vocal bluffant. De Chuck Garric à Steve Hunter, le vétéran de la bande, ancien guitariste de Lou Reed (notamment sur Berlin) et déjà présent sur les premiers albums solos de Cooper. Hunter qu’on croirait tout droit sorti du film Cruising (avec Al Pacino) croise le fer avec Tommy Henriksen, gratteux sec et efficace, mais aussi et surtout avec Orianthi.
Nouvelle recrue du gang Cooper, Orianthi, tornade blonde de 26 ans, attire irrémédiablement les spotlights et les regards. Incarnation parfaite du fantasme rock masculin, Orianthi, maquillage sanglant aux lèvres, déroule des riffs virtuoses (Steve Vai vous confirmera), enchaine les poses iconiques et fait hurler sa PRS dès que l’envie se fait sentir. Professionnelle, le belle blonde ne se laisse pas démonter, même alors qu’un ballon rempli de confettis lui explose en pleine tronche, projetant dans la fosse aux videurs micros et perches. Un grand moment ! On comprend aisément la ferveur qui entoure la guitariste depuis que Michael Jackson avait jeté son dévolue sur elle pour la série de concerts initialement prévus pour son retour.
Ceux qui ont vu Wayne’s World, ou qui sont déjà tombés sur les prestations live d’Alice Cooper savent que si la musique tient bien sûr une place prépondérante, le spectacle aussi. Aller à un concert d’Alice, c’est un peu embarquer pour un train fantôme de grand standing ou encore assister à une représentation théâtrale à tendance horrifique et "freak". Et de ce côté là, Cooper a également assuré.
Créature de Frankenstein géante, paparazzi embroché par Cooper, distribution de billets sur Billion Dollar Babies, ballons, serpentins, mains en feu, sabre, épée, haut de forme, pantins pendus en arrière plan, et bien sur la cultissime décapitation, avec exposition de la tête du patron par le bourreau himself. Une tête remplie de sang qui sera recraché par le dit bourreau sur quelques chanceux du premier rang. Du grand-guignol dans la plus pure tradition des films d’horreur de la Hammer et des spectacles de monstres itinérants, réalisé avec soin.
Et loin d’être kitch, le résultat fait vraiment la différence. La musique est parfaite, carrée et puissante. Les hits sont là et rassemblent. Et le spectacle habille le tout, contribuant à faire du concert un évènement réellement particulier. Un spectacle qui n’oublie pas la poésie, comme quand Alice, assis sur une poubelle cabossée, susurre à l’oreille d’une poupée trash genre Britney, les paroles de la chanson Only Women Bleed. Emportée dans une valse macabre, la poupée est cajolée avant de recevoir les outrages heavy d’Alice sur le morceau suivant.
Il est important de notifier la présence dans la set-list de l’un des morceaux les plus ambitieux d’Alice Cooper (issu de l’époque du Alice Cooper Band), Halo Of Flies. Prétexte à un déferlement de solos à la virtuosité grisante, le titre, qui organise la rencontre d’un free jazz sombre et d’un métal qui l’est tout autant, est l’un des sommets du concert et dénote d’un désir d’offrir autre chose au public qu’un simple best-of facile.
School’s Out clôture le set. Une version épaisse, puissante, gorgée à ras la gueule de rock, qui est ici mixée avec le refrain d’Another Brick in The Wall du Floyd. La révolte écolière clôt le show. L’équipe sauvage revient pour un rappel chauvin. Alice entonne les vers d’Elected, drapeau français à la main, veste brillante sur les épaules. "I’m your Man !" hurle Alice, avant de proférer son programme électoral : "il y a des problèmes à Toulouse, il y a des problèmes à Paris et à Lille. Et moi, j’en ai rien à foutre". Alice Cooper à tout compris à la politique ("Si tu écoutes une rock star pour t’informer pour qui voter, tu es alors plus con qu’eux !" déclarait-il en 2004) Au rock and roll aussi. Il sait que l’humour en est une composante primordiale.
Un candidat idéal qui se présentera en tant que Vincent Furnier à la foule lors du salut final, avant de lancer un "Happy Halloween" de rigueur. Tout est dit, bonne nuit et merci pour ce cauchemar...
Crédits Photos : Un grand merci à Marion Wlad et à Laurent Cobos pour leurs photos.
Vos commentaires
# Le 12 mai 2012 à 07:13, par danielle vergne En réponse à : Alice Cooper
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