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par Gilles Roland le 18 juin 2012
Cette tournée a fait couler un maximum d’encre. Mais n’est-ce pas courant lorsqu’on parle d’Axl Rose ? À la grande époque, celle d’Appetite for Destruction et de Use Your Illusion, on déplorait déjà les retards capricieux de la star rouquine égocentrique.
Le temps n’a rien arrangé à l’affaire. Mis à part qu’aujourd’hui, si ces retards réguliers sont toujours soulignés par des fans agacés, ce sont aussi les performances qui sont montrées du doigt. En gros, Axl Rose ne sait plus chanter, il a pris du poids, s’habille mal, fait sa star et n’a aucune légitimité. Aimer la nouvelle mouture des Guns aujourd’hui n’est pas chose aisée. On se heurte à la résistance féroce, aux fans de Slash et aux autres qui n’aiment pas Axl sans forcement savoir pourquoi.
Jusqu’à maintenant, seuls les commentaires positifs issus des derniers live reports et les quelques vidéos YouTube assez flatteuses m’aidaient dans ma tache. Le concert de Toulouse m’a en cela permis de vérifier ce qui au fond de moi sonnait comme une évidence : Axl Rose est un grand.
Réputé pour ses retards légendaires donc, Axl Rose est arrivé sur la scène du Zénith de Toulouse avec ses nouveaux Gunners à 22h, soit à peu près à l’heure. Le temps d’aller faire la queue une demie-heure au bar et d’admirer les t-shirts incroyablement hideux des GNR, vendus à des prix scandaleux (80€ le sweat, 35€ le t-shirt...). Boire une bière donc pour patienter alors que No One is Innocent est de retour, après son concert en première partie de Motörhead fin 2011. No One qui livre une prestation pour le moins insipide et sans surprise, pourtant assez nerveuse. Le problème, en fait, vient des compositions, datées. Même lorsque le groupe joue ses derniers titres. Oubliable donc...
À l’entrée, pendant que No One régale ses fans avec leur hit La Peau, un mec tente le forcing en déboulant dans le Zénith en arborant un t-shirt de Slash. Un t-shirt assez laid mais super voyant qui ne choque visiblement pas les types de la sécurité qui laissent rentrer le gus. Le jeune homme en question est fier et ne manque pas de sourire comme un beau diable, conscient qu’à Manchester, quelques jours plus tôt, il aurait été contraint de retourner son t-shirt, voire de le jeter dans les flammes. Axl Rose a peut-être demandé que les murs de sa loge soient peints en noir, mais il n’a pas donné de consignes précises quant à un éventuel dress code.
À Toulouse comme ailleurs, les Guns N’ Roses ont joué presque 3 heures durant. Débutant par Chinese Democraty, le premier titre du dernier album et finissant en beauté avec Paradise City, extrait quant à lui d’Appetite for Destruction. Entre les deux, un savant best-of composé de nouveaux titres (Sorry, Better, Street of Dreams, Madagascar...) et de classiques (You Could Be Mine, Welcome to the jungle, Estranged, November Rain...). De quoi contenter les fans hardcore qui n’ont pas quitté le navire lors du départ de Slash, Duff, Izzy et Matt Sorum et qui ont écouté Chinese Democraty en boucle, ainsi que celles et ceux qui connaissent le groupe via ses ballades (Sweet Child O’ Mine, Don’t Cry et consort). La foule est d’ailleurs très réceptive, bien qu’Axl, lui, reste très distant. Il parlera très peu au public, se fendant de timides "thank you" et ne s’attardant entre chaque morceaux que pour présenter ses musiciens.
Les musiciens justement, ont presque tous eu leur moment de gloire. Car même si Axl affiche une forme retrouvée (après un long passage à vide), c’est bien pratique pour lui de se reposer sur les mastodontes de technique qui constituent son groupe. Ron Thal, Richard Fortus, le fidèle Dizzy Reed, DJ Ashba et Tommy Stinson se succèdent donc et prennent chacun leur tour la place de frontman le temps d’un morceau. Pour le pire (Motivation par le bassiste Tommy Stinson, sorte d’hybride entre Duff McKagan et Sid Vicious) et pour le meilleur (excellent Glad to be Here de Ron Thal). DJ Ashba lui, n’a pas chanté mais a exécuté un joli solo, tout comme Richard Fortus, qui vêtu d’un pantalon rouge très ajusté (et ressemblant étrangement à Ron Wood) a éblouit l’assistance avec un superbe solo d’une complexité flagrante.
Dizzy Reed, seul rescapé de l’époque "Slash", s’est fendu d’une belle reprise de Baba O’ Riley de The Who. Un beau moment. Tout comme lorsque les gratteux introduisent l’arrivée d’Axl au piano sur une cover d’Another Brick in the Wall du Floyd. Le combo se fend aussi d’une reprise de Whole Lotta Rosie d’AC/DC en fin de set.
Revenons aux fretteurs : DJ Ashba, Ron Thal et Richard Fortus se partagent donc les solos de Slash, décomposant par ici et agrémentant pas là, toujours armés d’un solide respect pour le matériel d’origine et évitant les chevauchées masturbatoires propres aux shreddeurs. Entre leurs mains, les morceaux cultes du combo perdent en apprêté punk mais n’en ressortent pas si amoindri que cela. Stintson lui, fait par contre vraiment regretter Duff. Assez transparent, le bassiste n’arrive jamais à le cheville de son prédécesseur, se contentant de faire le boulot proprement mais sans grande flamboyance. Du côté des futs, le colosse cubain Frank Ferrer martèle ses tonneaux comme si sa vie en dépendait, dans un style très proche de celui de Matt Sorum. Tout va bien.
Et Axl ? Et ben, le bougre a encore quelques très belles cartouches en réserve. Noyé dans le mix sur le premier morceau, sa voix résonne comme au bon vieux temps au moment de Welcome to the jungle. Il hurle, monte superbement dans les aigus, avec assurance et redescend dans les graves. Axl Rose bouge également beaucoup, multipliant les allers-retours sur une scène spécialement emménagée. Entre les lances-flammes et les déferlements des artificiers, Rose prouve qu’il est encore aujourd’hui une grande rock star. Il nous ressort son déhanché légendaire et joue de ses gimmicks. Axl Rose est un mec entier et cohérent.
Voué corps et âme à son groupe, qu’il pilote (souvent en dépit du bon sens quand même) depuis la fin des années 80, Axl Rose ne s’est jamais compromis dans de quelconques affaires commerciales. Il n’a jamais chanté avec les Black Eyed Peas au Superbowl et n’a jamais fait de pub pour des bagnoles, ni de télé-réalité. Axl a passé son temps à composer, à virer du monde, à chercher la combinaison parfaite, à multiplier les coups de sang, à sortir avec des jeunes femmes (dont Lana Del Rey si on en croit les potins mondains), à enregistrer des morceaux, à composer encore et toujours, à arriver à la bourre, à grossir et à maigrir (son corps n’est plus ce qu’il était mais c’est loin d’être aussi catastrophique que ce que l’on veut bien nous faire croire), à perdre sa voix et à la retrouver et à donner de grands concerts.
Personnalité complexe et parfois irritante, Axl Rose est probablement l’une des dernières grandes rock stars en activité, dans le sens 80’s du terme. Un mec qui, à Toulouse, a rassuré la plupart des spectateurs. Restent les aigris qui ont payé cinquante euros juste pour pouvoir vomir sur les Guns. À ces derniers, il est plus que conseillé de retourner écouter Nickelback, Coldplay ou Muse. Eux ne sont certes pas à la bourre, mais leurs shows sont sans surprise et le charisme se fait la malle. En 2012, les Guns N’ Roses (Axl Rose) sont toujours vivants. Et leurs concerts sont bons. Très très bons !
Les derniers confettis retombent alors que les musiciens exécutent un ultime salut à la foule chauffée à blanc. Ron Thal s’attarde pour prendre une photo de l’audience. Les lumières se rallument et Sinatra entonne My Way dans les enceintes (comme la veille avec les Dropkick Murphys). La soirée est fini, ce n’était pas comme à la grande époque, mais nénamoins, un rêve s’est réalisé. Merci.
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