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mercredi 15 avril 2015
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par Emmanuel Chirache le 2 novembre 2010
Dans une Maroquinerie quelque peu désertée pour cause de vacances de la Toussaint, Halloween était l’occasion d’écouter du bon rock pour oreilles averties. Plusieurs mois après la sortie de leur dernier album Coconut, les Archie Bronson Outfit nous conviaient en effet à un show tout en boubous et décibels. En première partie, Le Victorian English Gentlemens Club (il est maintenant acquis que les groupes anglais choisissent leur nom en tirant au sort des mots dans le dictionnaire) agite les rares curieux présents à l’intérieur de la salle. Le trio est composé d’un batteur discret, d’un guitariste blondinet, sosie briton de Philippe Katerine, et d’une sympathique bassiste qui crie dans son micro des trucs incompréhensibles. Après un début poussif, la faute à un son qui ne rend pas justice aux trouvailles sonores du groupe, les VGE (rien à voir avec un ex-président de la République français reconverti dans la romance à l’eau de rose) finissent par trouver leurs marques. Peu à peu, les instruments produisent une musique sans doute plus fidèle à l’originale, même si celle-ci ne se départit pas d’un aspect brouillon qui fait aussi le charme du groupe. Seul subsistera le problème de la voix du chanteur, quasi inaudible, aussi frêle qu’un pépiement de poussin à peine éclos.
Les chansons, elles, titillent sans toujours briller. Surtout, elles gagnent en profondeur au fil du temps, et l’on est impatient d’écouter le vinyle acheté pour tester la valeur du groupe en studio. Bref, plutôt un bon moment au final, d’ailleurs pas mal de spectateurs iront se procurer le CD des VGE sur le stand promo après le concert, un bon signe.
Entracte, la salle commence vraiment à se remplir. On est prêts à parier que le public est composé en majorité de personnes qui travaillent dans le business de la musique, de près ou de loin. En tout cas, l’audience réagit bien plus qu’à Bruxelles il y a trois ans, quand le groupe n’était encore qu’une bande anonyme d’Anglais maboules. Désormais, les Archie Bronson Outfit semblent faire davantage partie du paysage et les fans peuvent entonner les paroles, danser ou se remuer en rythme. Il y a même le relou de service qui fait sa danse du demeuré, mimant un combat imaginaire, levant les bras jusqu’à frôler les crânes de ses voisins qui risquent à tout moment le K.O. par coup de coude. Les ABO ont l’esquisse d’une ébauche de public français, et ça fait plaisir. Même les Inrocks se sont réveillés et ont fini par causer d’eux en termes élogieux, mieux vaut tard que jamais comme le dit bien un commentaire d’un internaute.
Niveau musique, la performance est carrée, solide, pro. Les types débarquent en boubous, sont affublés d’un quatrième larron qui s’occupe des effets et enchaînent morceau sur morceau fidèles à leur habitude. On n’est pas trop causeurs chez les Archie, on ne se laisse pas trop emporter non plus par son enthousiasme débordant pendant dix minutes... Quoi qu’il en soit, les extraits de Coconut sonnent bien mieux que sur le disque, notamment un Harness de toute beauté et un Magnetic Warrior archi psychédélique. Heureusement, les perles du chef-d’œuvre Derdang Derdang n’ont pas été mises à l’écart du répertoire, et chacun aura pu se délecter des merveilles Cherry Lips, Kink, Dart For My Sweetheart et Dead Funny. Le son est parfait, et pour une fois Sam Windett a l’air de bonne humeur (il a d’ailleurs prononcé plus de trois mots !). Dor Hobday à la basse reste aussi impressionnant, en transe, tandis que le batteur Arp Cleveland continue d’envoyer rythme tribal sur rythme tribal avec la hargne réservé aux meilleurs. Paf, une heure vingt minutes de concert, emballé c’est pesé, et une super soirée avec un groupe décidément pas comme les autres. On attend la suite avec impatience.
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