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par Aurélien Noyer le 21 juillet 2009
Plus ou moins paru en 2009 (auto-produit)
En guise de préambule, mettons les choses au point : le titre de de cet album n’a rien à voir avec un quelconque hommage au célèbre Dark Side Of The Moon (quoique c’eût été approprié en cette année des quarante ans des premiers pas d’Armstrong sur la Lune). C’est le titre d’un poème de Saint Jean de la Croix, mystique espagnol du XVIe siècle. Et cette information n’est pas si anodine que ça. Car il se serait partir sur un a-priori bien mal fondé que de chercher des influences Pink Floyd dans le travail de Danger Mouse et Sparklehorse.
Bien au contraire, là où le quatuor rose s’enorgueillissait d’enregistrer des œuvres cohérentes, faites d’un bloc, le duo animal mise sur l’éclatement, le changement de style permanent. De fait, le concept de Dark Night Of The Soul est simple : faire chauffer le carnet d’adresse, ramener le gratin du rock indépendant en studio et leur faire enregistrer à chacun une chanson. Si l’idée est indubitablement casse-gueule, elle a pourtant générer quelques albums sympathiques, au premier rang desquels l’amusant Probot où Dave Grohl réalisait un rêve d’adolescent en invitant les plus grand chanteurs/beugleurs metal à venir chanter/beugler sur des titres composés et joués par Grohl.
Au casting de Dark Night Of The Soul, on trouve donc les Flaming Lips, Gruff Rhys des Super Furry Animals, Jason Lytle ex-Grandaddy, Julian Casablancas, Frank Black sous son illustre pseudonyme de Black Francis, Iggy Pop, James Mercer des Shins, Nina Persson des Cardigans, Suzanne Vega , Vic Chesnutt et même David Lynch, responsable du livret de photos accompagnant l’album et chanteur sur deux titres.
Le casting est certes somptueux, mais il révèle justement les limites du projet. A l’écoute de l’album, on a très vite l’impression d’écouter des reprises des artistes présents. Le duo a tellement personnalisé le song-writing et la production à chaque interprète qu’on se trouve très vite en terrain ultra-connu. Et on regrette rapidement que le duo Danger Mouse/Sparklehorse n’ait pas fait preuve de plus d’originalité. A vrai dire, il en devient même difficile de déceler leur trace sur l’album, si on excepte le duo de Mark Linkous (aka Sparklehorse, pour ceux qui n’auraient pas suivi) avec Suzanne Vega.
Alors au final, toujours est-il que l’album n’est pas mauvais, loin s’en faut. Chaque interprête est largement fidèle à sa réputation et s’il ne font pas dans l’originalité, Danger Mouse et Sparklehorse sont d’excellents musiciens et arrangeurs, ce qui fait de l’album bien plus une agréable curiosité qu’un chef-d’œuvre.
Néanmoins, je peux difficilement conclure cette chronique sans évoquer le mode de distribution de l’album. En effet, Danger Mouse étant toujours en délicatesse avec son label suite aux samples non autorisés du Grey Album, EMI a refusé de distribuer l’album et, contrat d’exclusivité oblige, a carrément interdit à l’artiste de le vendre. En conséquence, sur le site officiel de l’album, vous pouvez acheter l’édition avec le livre de David Lynch ou celle avec un simple poster, mais dans tous les cas, le CD que vous recevrez sera un CD-R vierge avec la mention "Pour des raisons légales, ce CD-R ne contient pas de musique. Utilisez-le comme bon vous semble." Etrangement, au moment même de la mise en ligne du site, l’album apparaissaient sur les réseaux d’échange. Une coïncidence qui n’est évidemment pas pour rien dans le mini-buzz dont a bénéficié l’album...
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