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mercredi 15 avril 2015
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par Giom le 19 décembre 2006
paru le 25 septembre 2006 (Capitol)
Alors là, c’en est trop ! Sparklehorse, quand même ! Non, non et non. Euh, là, ça mérite une explication.
En 2001, avec It’s A Wonderful Life, Sparklehorse fait figure de groupe phénoménal (enfin dans un cercle tout de même restreint) tant l’album qu’il vient de pondre est d’une maîtrise et d’une maturité exemplaire. Tout porte à croire que ce disque crépusculaire marque la fin d’un cycle pour la bande à Linkous. Les cinq voire quatre étoiles pleuvent, les guests sont de qualités (Tom Waits, PJ Harvey...) et les compositions brillantes enchaînant plaintes mélancoliques et guitares plus énervées. Mais bon, l’objectif ici n’est pas de refaire une chronique déjà faite.
Enfin, en 2001, nous étions contents, nous savions qu’il y avait des gens sur lesquels nous pouvions compter. Des artistes, des vrais. Linkous pouvait disparaître pendant cinq ans, on s’en foutait, il reviendrait. Et c’est ce qui arriva... le gars apportant dans sa sacoche une sorte de nouveau-né : Dreamt For Light Years In The Belly Of A Mountain, avec en prime l’aide de Danger Mouse, partenaire d’Albarn chez Gorillaz.
Trépignant d’impatience, nous nous jetâmes dessus, à peine effrayés pas le sticker sur la galette : « Le retour d’un génie de l’indie rock US ». Oui, bon, d’accord, doucement les requins, on ne touche pas à nos idoles. La galette à peine déposée que le son Sparklehorse envahit les oreilles perfides de l’auditeur. Un mélange mellotron / guitare si caractéristique, une voix étouffée, une partie de batterie entraînante en soutien. Le tout tient la route et c’est donc Don’t Take My Sunshine Away. Très bien, c’est bien parti, c’est parfait, l’auditeur va encore voyager au pays des animaux bizarres avec le grand Marc en guise de guide de luxe...
Mais le trompe-oreille s’arrête là. Ce à quoi nous avons affaire n’est autre qu’une pâle copie de It’s A Wonderful Life. Il aura donc fallu cinq ans à Linkous pour produire un disque en (presque) tout point comparable au dernier alors que celui-ci n’avait sûrement pas besoin d’un petit frère pour briller comme un joyau intemporel. C’est dur à écrire tant mon admiration pour ce type est grande, mais il faut croire que pour Linkous les vacances ont dû être longues.
Entendons-nous bien, le disque n’est vraiment pas mauvais. Ceux qui ne connaissent pas encore le groupe se régaleront car les compositions sont extrêmement léchées et l’orchestration parfaite sur la plupart des compositions. Encore une fois, on sent Linkous beaucoup plus à l’aise sur les ballades étirées où il laisse exprimer son côté mélancolique (Shade And Honey, See The Light, Return To Me...) que sur ses titres plus énervés qui peuvent vite devenir informes et indigestes (Ghost In The Sky, It’s Not So Hard...).
Et puis le truc inadmissible, impardonnable, qui fait perdre à Linkous son piédestal sur lequel votre serviteur l’avait mis : Morning Hollow. Le titre le plus beau de Linkous, dû moins l’un des meilleurs qui se trouvait en chanson cachée d’It’s A Wonderful Life est replacé ici comme un cheveu sur la soupe. Mais pourquoi ? L’incompréhension subsiste. Cinq ans, et on refourgue le même titre comme si Linkous s’était dit, dans un accès de mégalomanie, que tout le monde ne l’avait pas assez apprécié. Gerbant.
La déception est donc terrible, elle fait même mal au cœur à la personne qui écrit cet article. Dreamt For Light Years In The Belly Of A Mountain, seule la beauté du titre de l’album et celle du morceau instrumental éponyme qui le clôt nous laissent rêveurs d’un avenir meilleur.
« Putain, cinq ans ! », comme dirait l’autre. Les révolutions ne sont jamais là où on les attend.
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