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mercredi 15 avril 2015
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par Our Kid le 6 juin 2005
sortie le 30 août 1994 (Creation/Sony Music)
Lorsque l’on est ambitieux comme l’est le jeune groupe Oasis pour la sortie de son premier album en août 1994 et que l’on rêve d’un succès immédiat, il n’y a pas une multitude de choix : il s’agit de frapper fort et de susciter l’intérêt. Pour ce qui est de frapper fort, le groupe s’en charge sur scène depuis trois ans déjà, que ce soit au Boardwalk à Manchester, à Londres ou même à Amsterdam où la qualité des compositions et l’arrogance du quintette commencent à défrayer la chronique en Grande-Bretagne.
En ce qui concerne les aspects attractifs du groupe, il s’agit d’en faire un héritier de la tradition rock britannique en opposition au mouvement grunge américain dominant et de relancer une industrie musicale qui se morfond depuis quatre ans. En ce sens, la pochette de l’album Definitely Maybe constitue un petit modèle dans ce que la fierté britannique a de plus cher. Ainsi, comme le souhaitaient le concepteur de la pochette Brian Cannon et Noel Gallagher, leader du groupe et désireux de s’impliquer dans son album de A à Z, l’album devait présenter sur son visuel ce qu’était le groupe et ne pas opposer sa pochette et son contenu.
Première étape : le groupe se devait d’apparaître en intégralité comme sur les premiers albums des idoles de Noel, les Beatles, les Stones, les Who ou les Jam de manière à établir un contact net et sûr avec le public. Cela faisait depuis au moins dix ans qu’un artiste britannique n’était pas apparu sur la pochette de son disque et ce geste mettait fin aux pochettes arty héritées des eighties et du mouvement baggy des années ecstasy caractérisées par un torrent de couleurs ou de paysages plus ou moins abstraits dont la plupart des visuels laissaient à désirer. Cependant, il ne s’agissait pas non plus de représenter le groupe souriant bêtement mais d’imprégner la photo d’une pointe de surréalisme dans la grande tradition floydienne (cf. pochette de Wish You Were Here), dont le flamant rose semblerait traduire cette volonté. Ce travail fut confié au photographe Michael Spencer Jones qui imagina de photographier le groupe sans le faire poser mais en l’entourant d’éléments caractéristiques de leurs personnalités, de leur musique et de leur insularité.
Ainsi, la photo fut prise dans l’appartement du guitariste Paul Arthurs, dit Bonehead, à Manchester et comporte deux directions. La première, dans le sens de la longueur, fait apparaître, au premier plan, le chanteur Liam Gallagher allongé sur le plancher, l’air de se foutre de tout et qui s’oppose à ses quatre compères car regardant dans une autre direction qu’eux. A sa gauche, trônant dans le canapé, son frère Noel tient une guitare et se présente comme le musicien du groupe, les trois autres membres en arrière-plan, debouts ou assis regardent le western Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone accompagnés d’un verre de vin. Oasis et l’alcool sont désormais associés, tout comme les cigarettes Benson & Hedges du prolétaire anglais et le football. Comme tout Anglais qui se respecte, les Mancuniens supportent leur équipe locale Manchester City dont on aperçoit la photo de l’idole du club Rodney Marsh au pied de la cheminée et on remarque également un portrait près d’une fenêtre de George Best, footeux nord-irlandais comme les frangins Gallagher, originaires, eux, de la république voisine et qui est devenu le premier sportif britannique aussi célèbre et médiatique qu’une rock star (cf. ses funérailles en décembre 2005), une sorte de référence pour le groupe.
Mais l’aspect le plus intrigant réside dans le portrait du célèbre compositeur américain Burt Bacharach, aux côtés de Noel, une de ses idoles et qui semble confirmer et prolonger la lignée entre Oasis et les glorieuses années 60. Il ne faut pas oublier, non plus, le seul élément en mouvement sur cette pochette, une représentation du globe terrestre qui semble prêt à être conquis par le groupe et rythme désormais sa vie : cigarettes, alcool, foot et... musique.
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