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Get Color

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Health

par one minute in the dream world le 3 novembre 2009

4

8 septembre 2009 (Lovepump United)

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Le revival shoegaze est décidément porteur, puisqu’en ce moment et après les deux albums de A Place To Bury Strangers, ou encore celui de Screen Vinyl Image, c’est au tour de Health de nous gratifier d’une œuvre captivante. Suite à un premier album éponyme et à un exercice de remixes périlleux mais réussi, les californiens passent l’épreuve du second album avec bonheur et, sans s’étendre ni se perdre dans des expérimentations trop poussées, tiennent en haleine sur la longueur.

De surcroît, si le chant, rêveur et aérien, est effectivement shoegaze et se cantonne à ce style, l’enrobage sonore concocté par le quatuor est un plus étendu et constamment intéressant. On a droit à des plans noise, comme sur In Heat qui ouvre l’album, et à des bidouillages électro jamais excessifs, tandis que les guitares, très présentes, tissent un canevas souvent bruitiste d’où émerge cette voix céleste, elle aussi très attrayante. Les effets sont légions (l’introduction de Die Slow) et les nappes synthétiques discrètes s’avèrent être d’une efficacité redoutable. Nice Girls, dans un registre saccadé, doté d’explosions sonores soudaines, est un modèle du genre, et nous montre que Health, non-content de remettre au goût du jour un genre qui finalement et près de vingt ans après sa survenue, est toujours d’actualité et permet la découverte de nombreux bons disques, lui insuffle une dose appréciable d’inventivité. Les gimmicks sonores de Death +, entre autres exemples de détails décisifs et bien pensés, de même que ce Severin fonceur et vitriolé par des guitares évoquant le Psychocandy de William et Jim (une référence qui s’impose ces derniers temps à l’écoute des opus issus de ce renouveau noisy et shoegaze) sont de cet ordre et asseyent définitivement la haute tenue de ce Get Color appelé pour le moment, et même si l’on se pose légitimement la question de la durée de ce courant (sans toutefois en remettre en question l’incontestable pertinence), à durer et à faire date. Eat Flesh et sa soudaine brisure de rythme produit lui aussi un effet significatif et nous ramène, bien que le registre de Health soit différent, au temps ou Thurston Moore et Lee Ranaldo jouaient de leur instrument avec des tournevis ou une perceuse, réalisant la prouesse d’en tirer des sonorités captivantes et assez uniques.
On tombe ensuite sur un We Are Water délicieux, porteur d’une nappe marquante, alerte et qui à l’instar des huit autres titres, allie superbement mélodies, rêveries vocales et intensité et extrémisme sonore, le tout sous le sceau d’une expérimentation qui jamais ne nous égare, et jamais ne s’égare, et reste finalement assez aisée d’accès. Les climats changent et se succèdent avec cohérence, et lorsque Health impose une atmosphère uniforme, la singularité de l’habillage instrumental qu’il met en place maintient un intérêt optimal (In Violet), créant même un effet psyché non-négligeable. On se prend ainsi à découvrir, au fil des écoutes, les mille et une richesses du disque, ces petits détails essentiels qui en font tout le charme et le font se révéler de façon constante.

Get Color semble en effet se situer dans la catégorie de ces albums qu’il faut "aller chercher", et qui avec le temps, dévoilent toute leur étendue, s’inscrivant au final dans l’histoire, non-pas de la musique tout court, il serait hâtif et présomptueux de le prétendre, mais tout au moins d’un style peu commun, donc digne d’intérêt, et ne générant jamais l’ennui ou la redite.
Et si on pense bien sur à My Bloody Valentine à l’écoute du chant, le rendu est suffisamment persuasif pour qu’on appréhende ce groupe et sa discographie comme une entité reconnue, détachée de toute influence extérieure, dont on ne doute d’ailleurs pas qu’à l’avenir, elle nous gratifiera à nouveau de réalisations du même tonneau que ce Get Color enivrant et génialement conçu.

Incontournable donc, au même titre qu’Exploding Head ou le premier The December Sound, et étonnamment inspiré.



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Tracklisting :
 
1. In Heat (1:47)
2. Die Slow (3:12)
3. Nice Girls (3:10)
4. Death+ (2:39)
5. Before Tigers (3:26)
6. Severin (4:09)
7. Eat Flesh (4:02)
8. We Are Water (4:15)
9. In Violet (6:14)
 
Durée totale : (32:54)