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Gorillaz

Le Zénith (Paris)

Gorillaz

Le 23 novembre 2010

par Aurélien Noyer le 30 novembre 2010

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Damon Albarn a dû être traumatisé par la lecture du Cid. Visiblement, les dilemmes cornelliens, ce n’est pas trop son truc. Cette lente hésitation, le cul entre deux chaises, aboutissant vers un choix forcément désagréable, très peu pour lui. La preuve, il s’ingénie patiemment à détruire tous ces petits dilemmes qui trainent depuis des lustres dans le rock. "Musique populaire ou inventive ?", "explosion de l’ego ou anonymat calculé ?", "démarche conceptuelle ou purement musicale ?" A chacune de ces question, l’ambition de Gorillaz est de répondre les deux !

Alors un concert de Gorillaz, "grand show millimitré ou explosion d’énergie et de spontanéité ?" Là aussi, la réponse est "les deux !"

Pour un concert normal, lorsque vous arrivez dans la fosse à 19h et que le début du concert est prévu pour 20h, vous vous dites qu’il vous faut vous résigner à subir le dub mollasson qui sert de musique d’ambiance pendant une heure, non ? Sauf, bien sûr, si Maseo, le DJ de De La Soul décide inopinément de venir faire un petit DJ-set en guise d’apéritif, histoire de se mettre dans l’ambiance... et peu importe si ces imbéciles du Zénith parasitent son set avec une bande-annonce de Jackass 3D.

Du coup, même si la électro-pop de la première première partie Little Dragon manque un peu de nerf et de colonne vertébrale, le public est d’ores et déjà dans d’assez bonnes dispositions pour commencer à manifester sa bonne humeur. Et si l’arrivée de De La Soul en seconde première partie ne soulève pas d’emblée la foule, qu’à cela ne tienne. Les trois rappeurs expliquent le concept sans détour : “vous ne nous connaissez pas, vous ne connaissez pas notre musique... c’est pas un problème, on va tout faire pour que vous passiez un putain de bon moment.” Dont acte. Les trois rappeurs arpentent sans cesse la scène, haranguent le public, le poussent à hurler avec eux les refrains et ça marche. Au bout d’une petite heure, De La Soul quitte la scène sous les applaudissements et les cris d’un public conquis à la force du poignée.

Aussi lorsque Gorillaz entre en scène, le Zénith est fin prêt à lui faire un triomphe... et l’énorme machine qui compte une quinzaine de musiciens et une ribambelle d’invités se met en marche, avec Damon Albarn en Monsieur Loyal. Il est évident que tout le spectacle est calé avec un professionnalisme hallucinant. Chaque chanson est associée à un clip avec lequel elle est en parfaite synchro, mais le spectacle n’en est pas purement virtuel pour autant. Même si les clips signés Jamie Hewlett sont parfois splendides, ils ne permettent pas d’oublier l’énergie qui se dégage de la scène et d’un Damon Albarn survolté. Il parcourt la scène, serre des mains au premier rang puis retourne vers ses musiciens pour les pousser à jouer avec toujours plus d’énergie. Et force est de constater que ça marche, des cuivres du Hypnotic Brass Orchestra, aux vétérans Mick Jones et Paul Simonon en passant par les deux batteurs et les membres de Little Dragon et, tous se donnent à fond pour assurer le show.

Du coup, à aucun moment, le concert ne semble tomber dans la routine ou le gimmick. Ainsi, le public du 23 novembre (le groupe avait donné un concert au même endroit la veille) aura eu la visite surprise de Neneh Cherry pour Kids With Guns et de MF DOOM pour November Has Come. Absent de la tournée Demon Days, le rappeur est venu poser ses lyrics, avec son cahier sous les yeux, sur une chanson visiblement répétée dans la journée. De la même façon, Albarn n’aura pas hésité à faire monter sur la scène un ami malien. Habitant Paris, ce dernier posera quelques bip-bips électroniques sur une version abrasive de Clint Eastwood.

Et lorsque le spectacle sur une superbe interprétation du couple Don’t Get Lost In Heaven/Demon Days, on comprend alors mieux ce qui permet à Damon Albarn de tenir lors d’une tournée harassante. Même si la fatigue apparait parfois sur son visage, il semble au summum de sa créativité -il vient de sortir Doncamatic, un single hors-album avec Daley, en prévoie un autre avec les NERD de Farrell Williams, annonce un improbable album de Gorillaz sur iPad et monte un projet avec Tony Allen et Flea- et il y a fort à parier que la folie qui règne lors de cette tournée, que les invités et les rencontres qui s’enchaînent au gré des dates y sont pour quelque chose.



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