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par Oh ! Deborah le 15 mai 2007
paru en mars 1979 (Repertoire Records)
Avant, créer, ou simplement jouer, c’était vital. A l’heure où ce n’est simplement plus le cas, Chris Spedding paraît être un véritable surhomme. Le guitariste pulvérise les records de projets musicaux. Un vrai métier. Quatorze albums solos à son actif, il est surtout un des plus grands requins de studio. D’abord guitariste pour les Batterred Ornaments, les prog-jazzy Nucleus, les bubblegum Wombles ou encore des Sharks, dans les années 70, ils n’hésite pas à produire, au hasard, les démos des Sex Pistols [1]ou encore des Cramps. En session-man mordu, il participe à une centaine d’albums, dont certains de John Cale [2], Dee Dee Ramone [3] Jack Bruce [4], Eno [5], Tom Waits [6] ou Nina Hagen [7], se produisant sur scène avec les Vibrators ou Roxy Music. Il a même fait des sessions pour des chanteurs français dont je tairais les noms [8] pour ne pas le décrédibiliser.
Seulement voilà, guitariste culte et ultra confirmé, à l’aise pour le jazz, le funk, le hard-rock ou le blues, Chris Spedding est ouvert à toutes propositions. Mais dans sa grande classe, il garde, la plupart du temps, un jeu non tapageur, précis, élégant et avoue sa passion pour le punk et la new wave. Sa virtuosité ne lui fait pas perdre de vue que la musique, ça peut être aussi les matières sonores ou la préférence pour les structures simples. Du moment qu’il y a le talent, ou la personnalité. Pour la première partie de ce surprenant Guitar Graffiti, il décide d’être économe, de contenir ses renversantes habilités pour un jeu sobre, un travail du son et des mélodies. Bien que soutenant la scène punk, nous sommes en 1978 lorsque Chris va enregistrer ce Guitar Graffiti. Mais il va passer à autre chose. Parce qu’il semble avoir très vite comprit qu’il y avait un truc avec les albums de Brian Eno, Bowie, ou The Idiot d’Iggy, à la fois marginaux, et visionnaires. Il va s’en inspirer.
Lui qui chantera « Je ne suis pas comme les autres » l’année suivante, il brouille les pistes en ne choisissant pas son camp. Guitares planantes, voix robotiques (Time Warp), résurgences garage 60’s (Walking), pop anglaise (Video Life) voire reggae (Break Out), sept plages qui constituent autant d’influences qu’un souhait de les englober d’une production toute neuve. Et autant de morceaux guidés par une basse courbée, efficace, une guitare extrêmement concise et mesurée, qui rend le jeu de Chris unique. Circonspect, tout en finesse et retenue, même dans les moments pros, ce Guitar Graffiti n’est pas moins mélodieux et distrayant. Il est pop. Pourtant une regrettable rupture vient s’installer : dommage que les quatre dernières, issues de sa tournée Hurt en 77, viennent s’imposer dans ce brillant travail de studio. Les solos à rallonge plaisent certainement aux musiciens. Mais ils auraient mieux fait d’être l’objet d’une réédition. Car ici, l’univers qui primait dans ce Guitar Graffiti se voit obstrué. Même s’il faut bien avouer que ces lives décollent sévère [9], ils restent néanmoins incompatibles avec le reste du disque au songwriting avisé, très anglais et quelques peu rétro-futuriste.
[1] Il aurait même fait toutes les parties de guitares du Never Mind The Bollocks, l’affaire étant tantôt démentie, tantôt confirmée.
[2] Slow Dazzle, Helen Of Troy, Music For A New Society
[3] Hope Around, Greatest And Latest
[4] Harmony Row, Songs For A Tailor...
[5] Here Comes The Warm Jets
[6] Rain Dogs
[7] NunsexMonkRock
[8] me contacter en privé
[9] Certains moments, (Break Out, version live donc) font étrangement penser au jeu de Steve Jones...
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