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mercredi 15 avril 2015
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par Manu le 23 avril 2005
Tout le monde connaît Hey Joe : la célèbre chanson de Jimi Hendrix. Vous le savez sûrement aussi, c’est en réalité une reprise. Il en existe pas moins de 800 versions référencées. Pourtant, on ne sait pas vraiment qui est à l’origine de cette chanson mythique, qui raconte une histoire de meurtre prémédité.
On attribue souvent cette chanson à Billy Roberts, songwriter des années 50 et 60, de la côte ouest des Etats-Unis. Mais les avis divergent beaucoup. Toujours est-il que c’est Billy Roberts qui l’a déposée en premier en 1962, mais il parait certain que cette chanson est bien plus ancienne et le fait que Billy Roberts n’ait jamais voulu s’expliquer sur l’écriture de cette chanson (il dit ne plus se souvenir de rien) fait penser qu’il n’en est pas à l’origine.
L’ex-petite amie de Billy Roberts à la fin des années 50, Niela Miller, s’attribue également la paternité de la chanson et raconte qu’elle a écrit autour de 1954-55 une chanson intitulée Baby Please Don’t Go To Town que Billy lui a volée en gardant la mélodie mais changeant les paroles pour devenir Hey Joe. Le hic, c’est qu’elle n’a déposé la chanson qu’en 1964 sous le nom de Niela Miller Horn, alors que Billy Roberts a déposé Hey Joe 2 ans plus tôt.
On l’attribue également à Chet (Chester) Powers, alias Jesse Oris Farrow, né Dino Valente (1937-1994) qui était le chanteur du groupe Quicksilver Messenger Service. Son ex-femme appuie cette thèse en avançant le fait qu’il percevait des royalties de BMI pour cette chanson.
Devant tant de flou concernant le copyright de cette chanson, la chanson a souvent été considérée comme "traditionnelle", ce qui veux dire que n’importe qui peut l’enregistrer sans payer de royalties, expliquant ainsi le nombre impressionnant de versions [1].
Dans le milieu des 60’s, sur la côte ouest, Hey Joe était très populaire. Dans les bars, les clubs de la région, chaque groupe jouait sa version. Parmis ces groupes : The Byrds, The Leaves, The Surfaris, The Warlocks, The Shadows Of Knight ou encore Love. En 1965, The Leaves et The Surfaris sont les premiers groupes à l’enregistrer sous les titres de Hey Joe, Where Are You Going ? et Hey Joe, Where You Gonna Go ?.
En 1966, The Leaves enregistrent une seconde version, cette fois-ci sous le titre Hey Joe, qui entrera dans les charts du pays à la 31ème place en juin de la même année.
Un mois avant que la seconde version de The Leaves n’entre dans les charts, Tim Rose a enregistré la sienne, avec un tempo ralenti, moins country. C’est cette version qui inspirera Jimi Hendrix et qui en fera son premier single en Europe.
Elle est enregistrée le 23 octobre 1966 au DeLane Lea Studios à Londres. Le producteur est Chas Chandler, l’ingénieur du son Dave Siddle. Le groupe s’appelle The Jimi Hendrix Experience. Il est composé de Jimi Hendrix (chant et guitare), Noel Redding (basse) et Mitch Mitchell (batterie). Les choeurs sont interprétés par The Breakaways : Gloria George, Barbara Moore et Margaret Stredder. Le single Hey Joe sort le 15 décembre 1966, entre directement à la 38ème place dans les charts et grimpera même jusqu’à la 4ème place.
Et de quoi parle donc cette chanson ? Rien de bien littéraire. Une simple petite histoire sous forme de questions/réponses qui tient en quelques phrases.
Il s’agit d’un jeune homme qui, dans un accès de colère après avoir découvert sa maîtresse (sa "Old Lady") dans les bras d’un autre homme ("I caught her messin’ ’round with another man »), décide de la tuer d’un coup de revolver ("Yes I did I shot her"). Après quoi, il fuit au Mexique ("Way down to Mexico way") pour garder sa liberté (“Where I can be free"). Un thème vieux comme les Etats-Unis. Où il suffit de partir loin, sans se retourner, pour échapper à ses juges et prendre un nouveau départ.
L’arrangement choisi, avec ce tempo lent qui accentue l’atmosphère lourde et mystérieuse, l’absence de remords de Joe, le rejet de la faute sur la femme et l’interprétation débridée d’Hendrix font qu’en plein boom féministe la chanson est mal accueillie aux Etats-Unis. Hendrix est vite taxé de misogyne. Son aspect sauvage et les thèmes de certaines de ses chansons suivantes comme Foxy Lady n’arrangeront pas les choses mais qu’importe. Le succès est au rendez-vous.
« Ce disque, c’est pas nous, juste une ébauche » dira Hendrix à la sortie du single. Le monde entier est prévenu, on connaît la suite de l’histoire...
[1] cf. http ://www.heyjoe.org/
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# Le 8 décembre 2017 à 18:12, par Yves Bienvenu En réponse à : Hey Joe
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