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par Parano le 14 juillet 2009
Paru le 28 mars 1973 (Atlantic Records)
Bien sûr, il va falloir se justifier. Led Zep en incontournable, c’est une évidence, mais pourquoi Houses Of The Holy ? Pourquoi cet album et pas un autre ? Tiens, au hasard, le IV, avec les ruminations ascensionnelles de Stairway To Heaven ? Tous les fans vous le diront, Le dirigeable c’est de l’or en barre jusqu’en 71, la suite est plus inégale. Et puis 1973, c’est l’année de Raw Power, Sabbath Bloody Sabbath, l’année des New York Dolls et d’Aérosmith. Alors, franchement, pourquoi, célébrer le 5ème album d’un groupe en voix de fossilisation, au lieu de s’intéresser aux premières galettes, celles de Dazed and Confused, Whole Lotta Love, Black Dog et Immigrant Song ? Oui, pourquoi ?
Tout simplement parce que Houses Of The Holy est l’album parfait d’une discographie exemplaire. Parfait car surprenant, inattendu, et incroyablement inspiré. Un album plus subtil, plus audacieux, plus mature, que ses prédécesseurs, moins heavy, et sans aucun déchet. Exit les tourneries blues et les coups d’enclumes, qui alourdissent le propos. A l’issu du carton du IV, Led Zeppelin parvient à se renouveler et évite intelligemment l’écueil de la surenchère. Non, il n’y aura pas de Stairway bis. Non, le groupe ne va pas durcir le ton, et étourdir l’auditeur de riffs hard-rock. Page, Jones, Bonham et Plant vont, au contraire, ouvrir leur musique, l’aérer, et laisser la lumière pénétrer le son.
Houses Of the Holy a la chaleur des pluies d’orage (The Rain Song). Une bonne rincée qui balaie la moiteur électrique du succès et laisse le paysage musical dégoulinant. Un album onirique qui doit beaucoup au talent de John Paul Jones, bassiste attitré du quatuor, mais également claviériste et arrangeur. Cet album porte sa marque, pour le meilleur uniquement (l’immense No Quarter). Led Zep, qui n’a plus rien à prouver, semble décidé à jouer de tout, à commencer par son image. Désormais, tout est permis. Le groupe le plus puissant de l’époque découvre les vertus du silence, de la syncope, et crée un édifice sonore audacieux : rock prog (The Song Remains The Same), funk (The Crunge) et reggae (D’yer Mak’er) côtoient les traditionnelles sonorité rock et folk, et annoncent d’autres prodiges (Kashmir, sur Physical Graffiti).
Avec Houses Of The Holy, Led Zep parie, en souriant, sur l’avenir radieux, et les lendemains qui chantent, sans pour autant renier son (glorieux) passé. Ainsi, Dancing Days et The Ocean offrent aux fans leur quota de testostérone. Deux titres hard parés des oripeaux de la modernité, dont le riff syncopé rappelle terriblement les premiers efforts de... Rage Against The Machine. Écoutez, et vous verrez.
Et puis, on n’a pas de grand album sans grande pochette. Les enfants d’Icare sont une des plus belles réalisation des 70’s. On est pourtant passé près de la catastrophe, avec une première mouture représentant une raquette de tennis sur un court vert. Les concepteurs, sans doute traumatisés par leurs travaux pour Pink Floyd, semblaient sûrs de leur coup (racket = vacarme en anglais). Heureusement, Jimmy Page a refusé tout net, retardant la sortie de l’album de plusieurs mois. Pour le guitariste, comme pour nous, Houses Of The Holy restera « l’album orange ». Une réussite prodigieuse à une époque charnière, le dernier grand album de Led Zeppelin, deux ans avant la naissance des Sex Pistols.
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