Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Giom le 12 décembre 2006
paru le 24 février 1975 (Swan Song)
En 1974, la grosse machine Led Zeppelin déraille un peu. Pas commercialement bien sûr puisque les concerts s’enchaînent à la suite de la sortie de l’excellent Houses Of The Holy en mars 1973, mais psychologiquement et physiquement. John Paul Jones veut quitter le groupe, usé par le rythme, Robert Plant a mal aux cordes vocales et doit se faire opérer avec les conséquences pour sa voix que l’on connaît.
Il est donc temps pour le Zeppelin de se poser pour se consacrer à l’écriture d’un nouvel album, qui sera double et qui se nommera Physical Graffiti, dernier des grands disques du groupe. Jamais le groupe ne sera resté autant de temps (huit mois) en studio pour pondre un disque. Étonnant, surtout que Physical Graffiti ne contient pas que du neuf. Sur le premier disque, The Rover, titre à la mélodie sublime, et Houses Of The Holy (titre prévu pour l’album du même nom) sont déjà composés depuis un bail. Il en va de même de la superbe composition acoustique Bron-Yr-Aur, du nom du cottage gallois où Page et Plant composèrent... l’album III. D’autres titres sont également ressortis des tiroirs comme Down By The Seaside, Night Flight ou Boogie With Stu. Le mélange du neuf et du vieux peut surprendre surtout que bien sûr la voix de Plant entre les morceaux n’est pas la même, opération oblige.
Qu’importe, musicalement, l’ensemble est très cohérent dans un style heavy-blues où le Zep n’a que peu de concurrents. Il suffit d’écouter In The Light, titre ouvrant la deuxième galette pour s’en convaincre. Qui mieux que Led Zeppelin peut se permettre de placer un pont onirique de synthés après une intro basée sur un riff rageur de guitare qui rappelle les belles heures de Whole Lotta Love. Et dire que ce titre était censé devenir le nouveau Stairway To Heaven. On n’a pas toujours le destin qu’on souhaite.
Bon, et puis bien sûr, Physical Graffiti, c’est Kashmir que tout le monde connaît et qui ne peut laisser indifférent. La fascination de Page et Plant pour ce qu’on appelait autrefois l’Orient explose ici et de quelle manière. Titre phare de la discographie zeppelinienne, il en est le plus original et peut-être le plus convaincant part son côté hypnotique que Puff Daddy, plus récemment, massacrera à sa guise. On sait que Plant aurait écrit le texte du morceau de retour de vacances au Maroc. Si tout le monde pouvait aussi bien profiter de ses vacances...
Mais limiter Physical Graffiti au seul Kashmir serait une erreur esthétique tant un titre comme Ten Years Gone pourrait par exemple mériter de lui voler la vedette. Celui-ci est une véritable nouvelle composition et montre que le groupe tient encore la route avec une ligne de guitare apaisante qui vient structurer la composition avant un solo tout en douceur de Page qui lance un refrain plus... lourd. Ne parlons même pas de The Wanton Song pour nous convaincre qu’en 1975, Led Zeppelin a toujours du sens dans le paysage musical, le public ne s’y trompera pas, hissant l’album en haut des charts des deux côtés de l’Atlantique.
Enfin, l’énorme avantage de Physical Graffiti est de présenter en une même œuvre les deux Led Zeppelin. Le lourd, dans le premier disque, qui influencera une ribambelle d’imitateurs jusqu’aux plus infâmes. Et le léger, qui saura toucher des artistes comme Jeff Buckley, Devendra Banhart ou Ben Harper (ce dernier étant uniquement cité dans ces colonnes pour donner un rythme ternaire à la phrase). Disque 1, disque 2, à vous de choisir votre Led Zeppelin. Il y en aura pour tous les goûts. Dépêchez-vous, les batteurs ne sont pas immortels.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |