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Howl

Howl

Black Rebel Motorcycle Club

par Lazley le 8 août 2006

4,5

sorti le 21 août 2005 (Echo / PIAS)

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L’époque ne plaisante pas. À spartams de british invasion, MTV icons plastifiées jusqu’au sang, cérémonies sentant le sapin (le “Rock N Roll Hall Of Fame”, cette écoeurante mise sous cloche de souvenirs fleurant le renfermé)... C’est peu de dire que le rock du XXIème siècle manque de
spontanéité.

Au milieu de ces interminables revivals tiédasses, le Black Rebel Motorcycle Club fait tâche. Indéniablement. Tant il est vrai que ces chers petits ânonneurs déférents Franz Ferdinand, Bloc Party, The Rakes et les autres ne sont que ramassis de flagorneurs, sangsues mal avisées, phagocytes bornés condamnés aux parterres de gamines jusqu’à ce que péremption s’ensuive. D’où Peter Hayes. Qui n’a -déjà !- plus rien d’un môme, après ces années à
officier dans l’ombre du Brian Jonestown Massacre, ce carburetor dung ultime des nineties. Des années à s’imprégner de l’Amérique entière, avec le collectif psychotique de Newcombe puis son propre combo, comptant Nick Jago aux fûts et Robert Levon Been à la 4-cordes. Un trio écumant infatigablement les bars et salles du pays, le triptyque cuir-roots-noise vissé aux tripes, convoquant les fantômes des Spacemen 3 comme des Jesus And Mary
Chains, pour mieux les concasser, les pulvériser dans le bruit blanc qui conclue tous leurs shows.

Jusqu’à Howl, donc. Après deux albums, les miraculeux joyaux vénéneux Love Burns, Whatever Happened To My Rock N Roll (qui en dit long sur l’éthique de Hayes, wild one grinçant), ou Stop, un renvoi de chez Virgin
pour insoumission aux exigences de la promo (!), une désintoxication de Jago et de sporadiques apparitions cinématographiques (9 Songs et Dig !), la hype s’estompe et le groupe se retrouve désormais face à son vrai défi : exister, en dépit de tout. Car telle est la marque des grands, cette opiniâtreté rageuse, qui fait la peau dure et les crocs aiguisés.

Howl, à l’artwork résolument oldschool, interpelle dès le packaging. Lisez les notes de pochette. C’est dit, le BRMC ne plaisante pas avec ses idéaux. Jamais. A la base imaginé par Hayes comme un juste renvoi d’ascenseur aux pères fondateurs de la country et du blues ricain, le projet se révèle à l’écoute bien plus profond qu’une simple boutade unplugged. De Shuffle Your Feet, gospel-foutoir brinquebalant, au country brumeux Ain’t No Easy Way, des ballades titubantes (Weight Of The World, Restless Sinner, Still Suspicion Hold You Tight), aux mélopées embuées (la chanson-titre Howl),le message percute : le voici, ce socle folk viscéral de la jeune
génération, celle qui découvre à peine Johnny Cash. Plus que des passeurs, Hayes & co viennent, avec ce manifeste intimiste aux intermittences craquelées et quasi-aphones, d’endosser le fardeau qu’ont transbahuté avant
eux Love, The Velvet Underground, voire The Birthday Party : celui du groupe occulte, révéré en cachette par tous les freaks comateux de l’univers, et dont les œuvres
circulent sous le manteau. Pour préserver le secret, bien sûr. Latent dans tout Howl ...

Et qui se murmure en point final sur The Line - ultime pièce de l’album -, se mue en prêche habité. Hayes a vu la lumière. Oh,pas de blabla christian reborn, ici. Non, The Line et ses huit minutes parlent de cette
lumière ocre, poussiéreuse qui se dégage des déserts bordant ces routes chaotiques californiennes, que l’énigmatique leader et ses séides ont si souvent traversé.
« And we may never be here again », feule Hayes en outro de l’album. L’éphémérité amuse les BRMC, eux les fervents que l’on a écarté de la fête aux paillettes. Howl ne se vendra sûrement jamais très bien. Il est taillé dans ce
matériau opaque, impénétrable, qui rebute les charts de la planète. Mais le BRMC a gagné. Tout dans Howl ravive et souffle vers le monde les cendres encore chaudes de ceux qui ont combattu, guitare en bandoulière, la muzak et
le formatage. C’est lui, c’est cet album. Après ça, tout peut arriver...



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Tracklisting :
 
1. Shuffle Your Feet (2’53")
2. Howl (4’20")
3. Devil’s Waitin’ (3’50")
4. Ain’t No Easy Way (2’36")
5. Still Suspicion Holds You Tight (4’24")
6. Fault Line (2’57")
7. Promise (4’46")
8. Weight Of The World (3’41")
9. Restless Sinner (3’11")
10. Gospel Song (4’31")
11. Complicated Situation (2’37")
12. Sympathetic Noose (4’17")
13. The Line (8’14")
 
Durée totale : 52’33"