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mercredi 15 avril 2015
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par one minute in the dream world le 22 mars 2010
paru le 15 mars 2010 (Abstract Dragon/Cooperative Music)
Si la sortie d’un album de Black Rebel Motorcycle Club est immanquablement des plus attendue, elle s’accompagne désormais, au vu des aptitudes et des productions précédentes, notamment à ses débuts, de la troupe menée par Peter Hayes, d’exigences plus pointues en termes de contenu. On sait en effet les B.R.M.C capables d"innover, d’étayer leur registre tout en s’en tenant à ce qu’ils ont intelligemment initié, ou prolongé, depuis leur flamboyant premier album éponyme.
Sur ce nouvel opus, le bilan ne parlera malheureusement pas en faveur de ces rockeurs underground dont on aurait aimé, justement, qu’ils fassent évoluer ces penchants "souterrains" dont résultèrent de bien belles choses à leur avènement au début des années 00. Si les morceaux sont individuellement plutôt bons, ils ne correspondent qu’à de médiocres resucées de la palette que le groupe avait réussi à instaurer et à imposer, ne marquant aucune évolution notoire ou de nature à créditer la formation concernée. On s’enthousiasme tout juste le temps de morceaux comme Conscience Killer, percutant et plein d’allant, le reste ne faisant que répéter à l’envi, et de façon quasi-insignifiante, la méthode appliquée par le groupe de San Francisco. L’inspiration stagne et on peine ici à retrouver la flamme originelle : l’entrée en matière, Beat The Devil’s Tattoo, ne suscite qu’un intérêt fugitif, avec ses intonations bluesy-gospel plates, alors que Bad Blood ressemble même au U2 le plus sirupeux, c’est dire la déception qu’engendre l’amorce de ce disque si espéré. On a même ensuite droit à une sorte de plagiat des Black Angels sur War Machine, dont le mérite est d’accroitre la valeur de ce que produisent ces derniers, le Sweet Feeling qui suit, trop...sweet, justement, sans relief, ne sauvant nullement la mise. Ce que ne fera pas non plus Evol, tant ce morceau, plutôt que d’apporter un tant soi peu de crédit à ses géniteurs, met en relief...les réussites shoegaze émanant d’autres groupes.
Heureusement, un Mama Taught Me Better enlevé relève le tout, sans toutefois afficher la moindre ouverture vers autre chose, suivi de River Styx et ses guitares réjouissantes certes, mais au climat pompé sur le Soul, Glitter And Sin de Thee Hypnotics et sonnant trop souvent, en ses moments les plus sombres, comme une copie poussive de Mary Chain. Il nous reste alors cinq titres à endurer, dans l’espoir que ceux-ci affichent un contenu suffisamment crédible pour sauver la face. Mais le très (trop ?) calme The Toll, en dépit d’une dualité vocale assez attrayante, n’aborde que moyennement cette fin d’album, Turner and Co faisant ensuite dans le massif sur Aya, trop plat, sans réels moments forts et qui sombre presque dans le démonstratif d’un point de vue vocal. Et c’est sur Shadow’s Keeper, au chant très "Reid", que les B.R.M.C convainquent enfin quelque peu en enflammant leur propos, en le dotant d’une intensité et d’un feeling dont on aurait apprécié qu’ils soient moins tardifs. Ceci en nous régalant d’une accélération marquée, et puissante, sur la fin du morceau, qui nous montre bien que c’est dans ses orientations les plus sombres et noisy que le groupe est le meilleur. Long Way Down, insignifiante comptine doucereuse, exhalant ensuite une forme de délicatesse qui ne lui sied guère.
Black Rebel Motorcycle Club a cependant encore dans sa besace de sérieux atouts, qui lui permettent ici de surnager quelque peu, et le démontre assez brillamment sur Half-State, ultime morceau au long format (plus de dix minutes) noisy-psyché sulfureux et bien ficelé, digne d’un intérêt bien plus conséquent que tout ce qui le précède. Le groupe, en toute fin d’album, c’est un comble, taille enfin dans l’underground qui est le sien une pièce crédible qui, combinée à quelques morceaux urgents et d’autres plus nuancés mais au contenu de haute volée, aurait pu donner un album mémorable. Ce n’est que partie remise, dirons-nous, et nous accorderons aux Américains le bénéfice du doute tant leur parcours fut jusqu’alors fiable et probant.
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