Depuis maintenant dix ans, le groupe Eels nous honore de sa présence sur une scène où sa place est toute trouvée : sur l’une des plus hautes marches. Après plusieurs albums, quelques concerts (sic) et un temps de paix retrouvé (mais l’a-t-il réellement déjà connue ?), Everett se décide à s’orienter vers un peu de merchandising en lâchant un DVD de sa tournée de l’année précédente, celle que le groupe a effectué avec un quartet de violon et violoncelle.

La galette se révèle assez intéressante : un concert et quelques infos sur ce dernier avec quelques prises de vue des backstages. Le tout, pour une somme attractive. Mais le réel intérêt d’un tel investissement réside dans la redécouverte des chansons du groupe. Non seulement elles ont été adaptées pour être accompagnés de cordes mais elle ont été quasiment toutes réarrangées ; plus calmes, plus intimes, plus profondes... mais pas plus chiantes pour autant.

Le principal et gros changement est que Butch (le batteur) n’est pas présent. Et pour cause, la batterie est quasi inexistante lors du set. Le troc de la batterie pour les cordes est somme toute sympathique. Reste que cela donne une impression d’assagissement. À tel point, qu’une torpeur peut vous surprendre suivant l’heure à laquelle vous mâtez la rondelle. Peut-être le seul point négatif. Il est vrai que si vous recherchiez un live du même acabit que celui de Oh ! What A Beautiful Morning [1] où les Eels nous interprétaient des morceaux un peu plus péchus et dans une certaine liberté, c’est raté ! Ici tout est bien orchestré et aussi bien huilé. On en ronronne de plaisir.

Techniquement, une seule piste stéréo est présente. Les graves y sont profondes et les aigües soutenues mais pas stridentes. Visuellement, l’image est de très bonne qualité et les vues du concert sont, sans être originales, très propres et laissent découvrir les musiciens dans toutes leur splendeur. Mais, car il y a un mais, un défaut plus ou moins gênant peut se faire sentir : la protection anti-copie. Sur un lecteur DVD de salon, no problem. Mais dès qu’on place la galette dans un ordinateur pour la lire, il faut impérativement un lecteur DVD avec licence et pas un gratuit tel VLC. Ceci ne fait que nous donner un avant-goût de ce qui sera (im-)possible de faire si le DADVSI passe entièrement. Notons ce message assez risible (pour nous autre français) du FBI en personne qui fait la prévention des droits d’auteur au lancement de la galette.

Ce qui est bien avec les Eels, c’est qu’il en faut peu pour apprécier leurs chansons. Et ceci a son importance sur ce DVD sur lequel si on ne connaît pas tout, on prendra plaisir à se laisser porter sur ces mélodies et assister à un concert qui n’est plus... Un DVD surprenant où notre chanteur/compositeur barbu, vieilli, à la canne et fumant un barreau de chaise partage sa musique.