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Magic Potion

Magic Potion

The Black Keys

par Manu le 3 novembre 2009

3,5

paru le 11 septembre 2006 (Nonesuch / V2)

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Après l’incontournable Rubber Factory sorti en 2004, c’est avec une grande excitation mais aussi une immense appréhension que l’on retrouve les Black Keys. Vont-ils le refaire ? Vont-ils nous donner à nouveau ce frisson magique si indescriptible inhérent au blues issu des profondeurs du Delta du Mississipi ?

Je vois déjà les puristes pester d’ici en brandissant leurs vieux disques de blues. Mais, ceux qui pensent que le blues électrique est une musique du passé qui n’a plus rien à donner ont bien tord. Les Black Keys en prennent l’essence, la triture et la propulse droit dans le XXIème siècle dans un mélange de son garage, de rock’n’roll, d’alcool et de rage. Du neuf avec du vieux, diront les grincheux pourtant les Black Keys réussissent avec brio ce surprenant tour de passe-passe.

Formé en 2002 à Akron dans l’Ohio, les Black Keys sont un duo composé de deux amis d’enfance, à savoir Dan Auerbach, chanteur guitariste, et Patrick Carney, batteur. Ils se sont fait connaître sous l’égide du fameux label Fat Possum Records avec les albums Thickfreakness et Rubber Factory, et se sont forgés une solide réputation live aux États-Unis et un peu partout dans le monde en faisant les premières parties de Robert Plant ou Thom Yorke. En 2006, ils publient un très bel EP 6 titres hommage à Junior Kimbrough : Chulahoma. Ce disque de reprises, très proche de l’esprit du mythique bluesman et loin des explosions telluriques de leurs albums, signe la fin de la collaboration avec Fat Possum Records et les Black Keys confient leur quatrième album à Nonesuch Records, espérant trouver avec ce label une meilleure distribution au niveau international. C’est donc une page qui se tourne dans l’histoire du groupe mais que les fans se rassurent, à l’écoute du disque, les Black Keys ne se sont pas pervertis. Toujours les même méthodes cheap d’enregistrement dans une cave et ce son rugueux, énergique, bluesy et poisseux à souhait.

En effet, dès la pose de la galette dans le lecteur, les riffs toujours aussi affûtés et acérés des deux titres d’ouverture (Just Got To Be et Your Touch) nous mettent d’accord d’emblée. Mais très vite, ça passe mal avec You’re The One, titre plus calme façon ballade qui a bien du mal à convaincre. La magie disparaît ainsi vite et derrière, le redécollage est laborieux avec un riff déjà vu façon Led Zep (Just A Little Heat). Les titres moyens s’enchaînent alors. Le duo nous a habitués à mieux et la déception, puis l’ennui se font rapidement sentir. Les Black Keys sont pourtant toujours aussi énervés et hargneux, et, sans être géniaux, les riffs sont bien sentis mais le tout est un peu répétitif, manque de consistance et fini par être lassant sur la longueur. Et puis Magic Potion est aussi peut-être moins bluesy, plus rock’n’roll, plus puissant. Il manque le petit trait de génie de Rubber Factory, ce frisson si particulier qui caractérise les grands disques.

Pourtant, passé les premières impressions, après les réécoutes suivantes, on a du mal à trouver le disque mauvais. Il y a effectivement beaucoup de bons titres si on les prend individuellement (Just Got To Be, Your Touch, Give Your Heart Away, Modern Times, Goodbye Babylon, etc...) mais au bout de quatre albums, cette éternelle et même formule basée sur un riff futé de guitare fuzz répété encore et encore lasse. On a l’impression d’avoir déjà entendu ça sur les précédents albums en un poil mieux. L’auditeur vierge en matière de Black Keys y trouverait sûrement son compte alors est-ce la formule qui s’essouffle ? Faut-il ajouter de nouveaux ingrédients à une potion magique qui commence à perdre en saveur ? Car, on a parfois envie de voir venir un orgue, un harmonica, ou une basse pour étoffer la chose, élargir la palette, à condition de rester dans le même esprit bluesy/rock/énergique/poisseux bien entendu.

En résumé, pas un mauvais disque, mais on conseillera de préférence le précédent opus. Les néophytes peuvent néanmoins se le procurer sans crainte, la potion est plus que buvable et surtout assez unique dans son genre de nos jours.



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Tracklisting :
 
1. Just Got To Be (3’00")
2. Your Touch (2’45")
3. You’re The One (3’29")
4. Just A Little Heat (3’42")
5. Give Your Heart Away (3’27")
6. Strange Desire (4’22")
7. Modern Times (4’21")
8. The Flame (4’37")
9. Goodbye Babylon (5’56")
10. Black Door (3’31")
11. Elevator (4’44")
 
Durée totale : 42’53"