Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Yuri-G le 3 mars 2009
Une sélection de quelques morceaux qui, par leur goût des féeries ou leur soif de maléfices, créent leur propre dimension, au pouvoir enchanteur mais aussi destructeur. Sonorités et interprètes exaltant l’imaginaire, ou simplement possédés...
Petite nouveauté : désormais, il vous sera possible d’écouter certains morceaux de la playlist du moment. Bonne écoute !
Horse And I - Bat For Lashes (Fur And Gold, 2006)
Natasha Khan, à la lueur des braises, nous murmura un conte : "Par une nuit magique, je chevauchai une monture venue d’un autre monde. Elle devait me mener à mon destin. C’est alors que je décidai de chanter. Un clavecin, un tambour, des chœurs m’accompagnèrent dans ces effluves étoilés". Natasha s’arrêta soudain. Elle disparut. Elle avait entendu l’appel de Siouxsie et de Dario Argento au loin dans la forêt, et les rejoignait.
Amelia - Cocteau Twins (Treasure, 1984)
Mais quel est donc ce songe dont Amelia semble l’émanation ? Il va sans dire que les Cocteau Twins font partie de ces groupes ayant le don du mystère. Le filet de chant incompréhensible de Liz Fraser pourrait être la psalmodie d’une fée, baignée dans une épaisse toile de rythmiques amplifiées, d’arpèges oniriques, d’échos mystiques. C’est une merveille de mélodie (comme beaucoup sur Treasure) portée par les couches enveloppantes d’un son, qu’on nomma, comme s’il pouvait y avoir généralité, dream pop.
Dead Queen - Espers (Espers II, 2006)
Avec lenteur, Dead Queen déploie sa belle trame psychédélique. Les voix sont éthérées, les motifs quelque peu médiévaux. L’hypnose s’accapare le terrain très rapidement, grâce à l’ingéniosité des arrangements folk, alors que ceux-ci sont rattrapés par des volutes saturées. Voilà une berceuse qui pétrifie les sens.
Year Zero - Gris Gris (For The Season, 2005)
Authentiques amoureux du rock psyché, les Gris Gris signent une composition en boule de feu pour ceux qui veulent atteindre l’autre côté. Year Zero, un titre parfaitement maîtrisé dans ses influences (les premiers Pink Floyd, 13th Floor Elevators), favorise des guitares tonitruantes, des sonorités de pierre et de fumée. Au fond d’une caverne, cette sorte d’hymne déchaînera des esprits incontrôlables.
I Put A Spell On You - Screamin’ Jay Hawkins (I Put A Spell On You - Compilation, 1999)
Évidemment. C’est LA chanson de possession. Screamin’ Jay Hawkins lui-même l’a réenregistrée tellement de fois qu’il était devenu comme son jouet, esclave de sa prophétie. Cette version-là (d’une durée de 3’30 contre les 2’25 originales, mais difficile à dater exactement) est agrémentée de choeurs et Jay Hawkins pousse des cris encore plus insensés, fait des bruits peu avouables (oui, ceux-là). C’est un homme revenu au stade primaire, et l’incarnation d’un pur rhythm’n’blues vaudou. Légendaire.
Death Trip - Iggy And The Stooges (Raw Power, 1973)
Plus aucune raison qu’ils se le cachent, les Stooges allaient droit dans le mur. En guise de conclusion, ils font Death Trip, un monument de débâcle crade. Tout est poussé à fond, du riff sommaire rabâché sur la longueur aux vociférations de Iggy. La démence jusque dans les saturations rouge-flamme. Death Trip est à ce point une perte de contrôle ultra-violente et jouissive, qu’on ne peut qu’y entendre des énergies qui nous dépassent.
Atrocity Exhibition - Joy Division (Closer, 1980)
À l’ouverture du dernier album du groupe, on entend cette batterie. Rythme aveugle d’un autre âge, rebondi, insistant, traçant comme un cercle consacré aux prières, où la guitare charrie des tronçons métalliques et où le mage noir arrive d’un pas étrangement calme, avec à la bouche sa sentence répétée, "this is the way, step inside". Entrez dans le cercle. Dans ce titre intensément surnaturel, Joy Division ouvrait grand la porte aux rites obscurs.
A Visit From Drum - Liars (Drum’s Not Dead, 2006)
À la conquête du krautrock. Mêlée de vapeurs industrielles, l’incantation des Liars est une ôde à la transe (rythmique). Elle enveloppe littéralement l’espace. On n’ose imaginer quel genre de mouvements elle tirera de votre corps. Pour vos séances d’hypnose, elle sera, en tout cas, du goût le plus parfait.
Empire State (Son House In Excelsis) - Mercury Rev (See You On The Other Side, 1995)
Ils mettent le paquet pour nous faire décoller et ça marche de façon admirable. Foisonnant de petites choses fleuries et de grands coups hallucinogènes, Empire State est une ascension dans le cosmos où les arrangements s’emmêlent et évoluent vers des zones surprenantes. Pop psychée, jazz, noise, tout cela en même temps. Il y a même une flûte qui nous cueille gentiment sur la fin, et annonce le retour du printemps.
Greenfield Morning I Pushed An Empty Baby Carriage All Over The City - Yoko Ono (Yoko Ono - Plastic Ono Band, 1970)
Le chant de la sorcière. Alors que son compagnon sort le même jour, avec la même pochette et le même titre, un superbe album de mélodies dépouillées et cathartiques, Yoko préfère, elle, triturer des plages expérimentales où elle pousse force hurlements, ponctués de toute une gamme de glapissements et élucubrations frénétiques. On frôle l’inécoutable. Mais, derrière les fûts il y a Ringo, qui tape plus lourd qu’il ne l’a jamais fait, et John tire de sa guitare des sons stridents et inhabituels. Dans ce titre, Yoko lâche des vocalises qu’elle doit vouloir hindoues ; surtout, il y a cette rythmique gonflée comme du plomb, très krautrock dans l’âme. Idéalement occulte.
Someone’s In The Wolf - Queens Of The Stone Age (Lullabies To Paralyze, 2005)
Plus avant dans son recueil de berceuses maléfiques, Josh Homme enjoint de brûler la sorcière. Mais c’est peut-être le loup-garou qui sommeille en lui qui retiendra l’attention. Les riffs charnus dont son groupe a le secret se teintent ici d’une humeur croque-mitaine. Feulements, cliquetis de couteaux, basse clapotante... puis un final crescendo pour boucler le suspense. Pesant, infernal.
The Meeting Place - XTC (Skylarking, 1986)
Pop song à ravir les sens. Se mettant pour de bon sous le patronage des Beatles, XTC compose ce genre de titres qui capte les tonalités insolentes d’un après-midi d’été. Les harmonies semblent tour à tour s’attarder sous la fraîcheur des arbres et revenir en plein soleil. C’est donc merveilleux (au sens magique), comme une forêt qui revit d’animaux souriants et de couleurs dans un Walt Disney.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |