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mercredi 15 avril 2015
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par Vyvy le 26 septembre 2006
C’est dans un Olympia comble que Mano Solo commence, ce 18 septembre 2006 sa tournée In The Garden. Paris est au rendez-vous et c’est une salle bon enfant mais pleine à craquer qui accueille l’étonnante première partie Loïc Lantoine. Se présentant comme des « bretzels » qui officieraient ici en guise d’apéro, le duo s’élance. Loïc slamme du haut de son micro, François, lui, enchaîne prouesses sur prouesses, sa contrebasse à la main. Au ceintre, à la main façon djambé ou à l’archet, la contrebasse maniée par un maître surprend agréablement. Côté « chant », les sujets abordés restent peu originaux si l’on excepte une ôde à Johnny Halliday, l’originalité se situant plus dans les paroles scandées et les bruitages voire hurlements de l’artiste que dans le fond de ses compositions (récentes si l’on en croit le papier dont il ne se détache que peu). Le public, quelques energumènes exceptés, semble acquis à la cause du duo. La foule part en liesse lorsque le contrebassiste tombe la chemise et remet ça quand vient le tour de Loïc. Après une trentaine de minutes enjouées et un final dramatique (la contrebasse portée à bout de bras, impressionant), les deux tirent leurs révérences et s’en vont nous souhaitant une bonne continuation de soirée dans les mains de Mano.
Mano entre, tout de noir vétu, un chapeau fermement ancré sur la tête. Avec lui, un guitariste, un pianiste / trompettiste, un accordéoniste, et un chien qui erre sur la scène. Mano captive ; du chapeau aux orteils, il se donne à cœur joie, nous entrainant dans son univers doux-amer ou perce la folie. Les Années Sombres derrière lui, Mano regoûte à la vie.
Il nous le rappelle, cette « joie » retrouvée n’a pas fait que des heureux, certains étant aller jusqu’à juger préférable qu’il ait crevé plutôt qu’ainsi se détourner de ses années noires. Avec un "le pire, c’est que c’est vrai", il se lance dans une de ses nouvelles compositions je n’y peux rien / j’aime tant la vie. Il le dit, ce que lui-même et ses musiciens veulent jouer, ce sont ce qu’ils viennent de créer, et non pas des extraits de La Marmaille Nue comme on le lui réclame à corps et surtout à cris. Alors, les quatre musiciens (et le chien) nous présentent leurs nouvelles chansons « celles du prochain album, en mieux ». Paris, l’amour se retrouvent ici encore, thèmes récurrents des nouveaux titres, mais des chansons s’en démarquent, tels In The Garden chanson titre ou Mano clame se sentir bien dans un p’tit jardin pas loin du périph’.
Au cours de la vingtaine de titres (et des deux heures de la prestation !), Mano se laisse aller à revisiter ses succès précédents. Il nous joue ainsi de sublimes Botzaris et C’est En Vain. Et l’intensité grandit, jusqu’aux Allo Paris et Sha la la - morceaux pour lesquels Mano Solo prend pour la première fois du concert sa guitare - tous deux repris en chœurs par un public en transe. Mano plit alors bagage, suivi immédiatement par son chien qui sort de scène. Le public chante encore Sha la la à tue-tête, Loïc Lantoine revenant sur scène l’intime de continuer, mais plus fort, afin que Mano revienne. Celui-ci finit par revenir et fait un rappel digne de sa précédente prestation finissant sur une chanson faite pour selon lui « tout gacher ». Il entonne alors une chanson des plus grivoises : la bouchère/elle est pas très casher/mais elle tringle pour pas cher.
Comme à son habitude, Mano Solo s’implique très fortement sur scène, vivant ses chansons. Mais il a décidé ce soir de ne pas se contenter du message incorporé à ses compositions, transformant par moment la scène en tribune. Plaidoyer pour les gitans premières victimes de ce gouvernement, diatribe anti-sarko (il conclue son concert hurlant en 2007, allez tous voter / tous contre Sarkozy). Artiste engagé, il a aussi franchit le pas de l’indépendance, se détachant de Warner et autoproduisant son prochain album (sorti prévu en mars 2007) pour qu’il n’y ait aucun obstacle entre l’auteur et l’amateur, en précisant qu’ainsi celui qui lui vole son CD est un connard, c’est aussi simple que ça ... Toujours hors norme, le chanteur nous aura charmé au cours d’une longue prestation sans faute (la guitare non accordée faisant partie du « style » selon lui). Et pour ceux qui ne pouvait ce soir être à l’Olympia, le Solo ne fait que commencer sa tournée qui finira en mars prochain, au Grand Rex.
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