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par Sylvain Golvet le 14 juillet 2009
Une oreille qui siffle pendant trois jours, voilà qui vous donne une petite idée du concert. Il est d’ailleurs intéressant de voir quel niveau de violence le corps humain est prêt à subir pour satisfaire ses besoins musicaux. Voire à le rechercher dans certains cas précis, surtout quand il est question de musiques extrêmes. Et extrême, c’est bien un mot qui correspond à Mastodon. Quoique Crack The Skye ait quelque peu changé notre perception du groupe avec ses morceaux plus subtils, ses parties chantées et ses soli presque conventionnels. Mais tout ça sans pour autant perdre de la puissance de frappe, plaçant directement cet album dans la liste des meilleurs opus « rock » de ce premier semestre 2009. Une force de frappe qu’on est donc venu chercher ce soir dans cette configuration de club, avant que le groupe ne parte en tournée avec Metallica, l’autre mastodon du métal. Le but est simple : en prendre plein la tête !
Contrastant avec le sérieux à venir des quatre d’Atlanta, Valient Thorr nous aura auparavant bien fait marrer. Avec sa dégaine de crapaud barbu, sorte de Bonnie « Prince » Billy speedé, Valient Himself (c’est son nom !), piètre vocaliste mais showman méritant, harangue la foule avec des clichés affirmés avec aplomb, comme s’ils allaient révolutionner le monde (« There is only one flag you can raise : the Red Flag ! » ce genre de choses). Pour le reste, Valient Thorr envoie un hard rock de wannabe-MC5 plutôt plaisant, dont on connaît tous les plans par cœur, ce qui a l’avantage de nous faire anticiper nos mouvements de tête sans avoir peur de ne pas être en rythme. Point d’orgue de leur show, l’inénarrable Tomorrow Police prophétisant la venue imminente de robocops du futur (sic). On apprend sur Wikipedia que « les fans de Valient Thorr sont communément appelés les Thorriors, suivant le groupe partout et facilement reconnaissable par le port de large veste en jeans avec le logo du groupe dans le dos. » J’imagine qu’on devrait pouvoir à l’avenir compter sur eux pour combattre ces robocops du futur. Ouf !
Passons aux choses sérieuses. Et sérieux, les quatre gus de Mastodon le sont. Entrés sur scène sans un mot, c’est par Oblivion, premier morceau de Crack The Skye qu’ils lancent les hostilités à la fosse ravie. De fait, beaucoup attendent ici l’exécution intégrale de cet opus magnus, et notamment de ses deux poids lourds The Czar et The Last Baron. Patatras ! C’est la déception quand 70 petites minutes plus tard le show semble toucher à sa fin, laissant espérer au public un The Last Baron ou un The Ghost of Karelia qui ne viendront jamais. Mais vu la succession d’obus lancés sans pause, doit-on encore leur en vouloir ?
Parce que quand même, ce soir c’était la guerre sur la petite scène du Trabendo. Outre les morceaux du dernier album, dont un The Czar calmant relativement le débat, Mastodon a bien l’intention de nous faire subir la violence sonore la plus insoutenable, enchaînant doubles soli, rushs death metal, roulements de batterie inhumains et constructions rythmiques alambiquées. Une succession de bombes comme The Wolf Is Loose, Crystal Skull, Blood and Thunder permet de bien comprendre l’importance de ce groupe au sein de la scène métal. Ne cédant jamais à la facilité, Mastodon développe ses morceaux à l’opposé de ses prédécesseurs du soir, avec des constructions inédites, des plans rarement, voire jamais entendus. Ils plongent leurs instruments dans tous les genres, death metal, stoner, hardcore, et même classic rock (Crack The Skye serait leur Led Zeppelin IV selon Brent Hinds), pour les en ressortir neufs prêts à en découdre avec une scène métal plutôt conservatrice.
Sur scène toutefois, la frénésie sonore se fait souvent en détriment des voix, clairement le point faible scénique du groupe peinant à reproduire les harmonies immortalisées en studio. Sans compter le résultat brouillon de certaines cavalcades guitaristiques. Mais clairement, les quatre instrumentistes ont sérieusement travaillé ce dernier album, dont les morceaux gagnent en clarté. Seul Crack The Skye, le morceau, confirme sa relative faiblesse en fin de parcours. 70 minutes certes, mais intenses !
Alors bon, cela mérite-t-il ou non de se détruire le système auditif pour le « plaisir » de quelques morceaux de quatre tatoués portés sur le décibel ? Hell yeah !
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