Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Antoine Verley le 21 juillet 2009
Paru en juillet 1975 (RCA Records)
Grand "artiste" que Lou Reed... A l’heure où, sur la côte ouest, un autre sado-maso tout lézardé agitait son membre viril devant des parterres de junkies dans le simple but d’ajouter quelques mètres de poudreuse à ses rails réputés transsibériens, l’autre poète maudit, comme on le lit chez nombre d’experts, inventait le punk avec quelques années d’avance. Le bonhomme, par la suite, rata son démarrage solo (Lou Reed, 1972) mit une robe (Transformer, 1972), quitta sa copine (Berlin, 1973), et mit en scène une des plus grandes escroqueries du rock’n’roll (Sally Can’t Dance, 1974)... Pour clore la décennie qui suivit la fondation du Velvet, il fallait nécessairement un coup d’éclat. Lou Reed l’annonça à l’avance aux journalistes : "Ce sera un album de Heavy Metal". Fichtre ! Et le quidam, passablement défoncé, d’embrayer sur le fait qu’Hendrix eut compté dans le line-up s’il n’avait pas passé l’arme à gauche cinq ans auparavant. Cette déclaration, si elle n’apprit rien aux gens sur la réelle composition du cast, leur donna au moins une idée de la teneur de l’oeuvre annoncée.
Quand RCA mit bas, ou plutôt vomit, le bidule en juillet 1975, chacun déchanta sévère. Comme le fit remarquer un certain journaliste émérite de Creem, ce n’est pas exactement du Bad Company. Plutôt une heure et quatre minutes de différentes couches de larsens superposées, à différentes vitesses, jusqu’à ce que l’on ne puisse plus les disitinguer... Pas de guitare, basse, batterie, piano, synthé, cuivres, non, pas le moindre instrument, mes bons amis, du bruit pur ! Les prémisses du Noise, en quelque sorte... L’on émit alors des doutes sur la sincérité artistique de Lou Reed : Aurait-il sorti cette fiente pour achever son contrat avec RCA ? Lou Reed déclara à qui voulait (encore) l’entendre que cet album comptait au nombre de ses meilleurs.
On le sait, Lou ne le pensait pas, et ne le pense toujours pas aujourd’hui. Alors, à quoi sert cet album, pour finir ? Serait-il une manière efficace de sortir les bernards-l’ermite de leur léthargie, comme le préconise Lester Bangs dans ses tordantes "17 raisons d’adorer MMM ?" Serait-il un pied-de-nez à la musique commerciale, comme beaucoup aiment à le dire, pour prendre un raccourci bas et facile de cette oeuvre monumentale ?
La musique commerciale ? Il est clair que Lou Reed la méprise, mais en 1975, comme auparavant et toujours aujourd’hui, l’âÂârt rencontre un ennemi bien plus aggressif et inatteignable. Cette chose quasi-imbattable, qui pourrait faire passer les Beatles pour des couillons et Sum 41 pour un bon groupe... Cette chose qui pourrait réduire à néant des pages et des pages d’analyse pondues par les rédacteurs les plus géniaux que ce site ait pu compter à ses heures les plus glorieuses... Cette chose, dernière écorce impénétrable dans l’amour que l’on peut porter à une oeuvre : la subjectivité, bien entendu ! Eh bien, Lou Reed la pourfend, indubitablement ! Qui, à part quelques péteux mythomanes (Hello Mr Bangs !), peut prétendre aimer un truc pareil ? Alors que quelques fous, logiquement, peuvent aimer les Sonic Youth Recordings, Seven Up, Adult Themes For Voices, n’importe quelle étrangeté de Throbbing Gristle, ou n’importe quel son pouvant de près ou de loin être assimilé à de la musique, MMM est l’une des rares oeuvres de l’Histoire de l’art, sinon la seule, qui ne peut pas être aimée, et rien que ça, c’est énorme. Mais bon, c’est minable, quand même...
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |