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mercredi 15 avril 2015
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par Emmanuel Chirache le 1er juillet 2011
Paru le 14 juin 2011 (Domino)
Les Sons And Daughters ressemblent à des Kills en plus intéressants et en moins célèbres. Les deux groupes partagent en effet l’idée du duo vocal mixte (Scott Paterson et Adele Bethel pour les SAD), une musique aux racines assez similaires (indie, punk et garage), et un label (Domino). La différence de notoriété est surtout patente en France, où les Kills bénéficient d’une côte quasi unique alors que les Sons And Daughters sont largement ignorés. Après un deuxième album très réussi, The Repulsion Box, ces derniers percent à une modeste 70e place des charts britanniques et ne font pas plus de bruit qu’un pet de mouche chez nous. Sans doute un peu déçus par des chiffres qui ne collent pas à leur immense talent, les Sons And Daughters rectifient le tir en sortant This Gift, un troisième disque hyper efficace, pêchu, sexy et puissant qui devait les envoyer au firmament du rock. Peine perdue, l’album ne fait guère mieux que le précédent, même si le single Gilt Complex aide un peu plus le groupe à se faire connaître du grand public.
Il est évident que la recherche d’une meilleure visibilité pousse la formation à sortir de ses retranchements, et ce de façon autrement plus originale que les tristes Kings Of Leon, cependant cette prise de risque a ses bons et ses mauvais aspects. Avec Mirror Mirror, nos sympathiques Écossais s’essayent donc à un rock plus minimaliste, plus épuré, moins direct, qui va davantage puiser dans la new wave et le post punk ses influences. Pourquoi pas ? Le premier titre montre un groupe qui veut changer d’atmosphère en l’assombrissant, ralentir le tempo, faire monter la pression. Sorte de gospel new wave, Silver Spell est une intro plutôt réussie à un album mitigé. Car la suite sera surtout un récital d’hommages maîtrisé et agréable mais un peu scolaire. Écho sur les guitares, voix aux intonations exagérées, basse d’Ailidh Lennon mise en avant : The Cure, Joy Division, Clash, Siouxsie and the Banshees, PIL, toute la scène anglaise de la fin des seventies est contenu dans ce Mirror Mirror. Cela peut donner de beaux clins d’œil, comme ce Breaking Fun, sur lequel Paterson décalque avec un certain talent Joe Strummer.
Mélodiquement, il y a toujours les trouvailles accrocheuses qu’on aime chez les Sons And Daughters, un art de mêler les voix et les guitares qui leur va à ravir. Mais trop de titres convenus viennent gâcher la fête, à l’image de The Model, Orion ou Ink Free. Difficile de refaire du Siouxsie après Siouxsie, ou du Clash après les Clash. Même si on aime bien le duo d’Adele et Scott sur Don’t Look Now, même si Rose Red a ce petit élan romantique qu’on affectionne, même si on se délecte des bourdonnements de Bee Song. On regrettera également la qualité assez moyenne de la production (les guitares semblent émoussées), ce qui surprend quand on sait qu’une bonne partie du disque a été mixée par Gareth Jones, qui a produit des artistes comme Depeche Mode et Einstürzende Neubauten. Avec un peu plus de force et un son de guitare davantage acéré, Mirror Mirror aurait pu sonner bien mieux. Il reste un disque accrocheur et plaisant, qu’on écoutera plus longtemps que le dernier Kills.
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