Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Fino le 23 janvier 2007
paru en décembre 1967 (Capitol Records)
The Human Beinz était le groupe garage par excellence : peu d’enregistrements (deux en l’occurrence), un bon répertoire basé sur des reprises très courtes (on est étonnés lorsque l’on passe les deux minutes trente, on s’étouffe lorsque l’on franchit celui fatidique des trois minutes), un seul maigre succès commercial, de merveilleuses coupes d’authentiques losers et un culte naturellement émergé une éternité plus tard. Et, cerise sur ce savoureux gâteau, ils venaient du coin le plus glamour du monde, dans notre cas du jour l’émoustillante bourgade de Youngstown, Ohio. Ce qui impressionne toujours autant chez les groupes de ce « mouvement », c’est que leur musique est pourtant terriblement sexy.
Nobody But Me, après une signature chez Capitol en 1967, fut à la fois, en tant qu’album et que titre, leur moment de grâce auprès du public (en particulier nippon, comme d’habitude direz-vous... allez savoir pourquoi). C’est donc le titre phare qui déballe le tout, reprise version main de maître d’une chanson des Isley Brothers, découverte par toute une génération sur LA compilation, Nuggets, qu’il ne devrait plus être nécessaire de nommer. Les paroles sont stupides mais, enfer !, qu’elles sonnent bien portées par cette voix arrogante et sensuelle (là encore, de l’habituel). Pour ne citer qu’un exemple de phrases pour lesquelles il est bien naturel de crier au génie :
No no, no, no no, no no no no, no, no no, no no, no, no...Nobody can do... the boogalooooooooLike I do
Oui c’est... enfin bref, mais ça nous donne quand même la chanson du siècle au final.
La version de Foxey Lady, imparfaite réplique quasi-exacte des rythmes tonitruant de qui-vous-savez-qui-jouait-avec-les-dents, a l’unique insignifiant intérêt de faire réécouter l’original. Mais il ne faut pas pour autant prendre nos quatre ex-jeunes insolents pour des incapables. Le disque ronfle, remue, fait indéniablement vibrer les amplis. The Shaman, son chant inquiétant et ses petits chœurs en est une illustration qui tombe de suite à point. Le guitariste s’amuse, la rythmique est intensément soutenue par des maracas... et le tout sonne divin, tout comme ce Flower Grave et sa guitare traînant son sanglot jusqu’à contaminer tout le morceau. Quand le mielleux est porté à de tels sommets, on ne sait plus que dire pour exprimer son respect.
Les pistes sont, de façon surprenante on l’accordera avec la meilleure volonté du monde, fort différentes. Le petit clavier années 60 fait son apparition tant attendue sur Dance On Through, alors que l’on vénère de plus en plus les cordes vocales de Dick Belly. Ça ressemble à Them et à tant d’autres, mais on en frissonne et ronronne quoi qu’il en soit. Les Beach Boys et Nico y passent simultanément dans un étrange cocktail au titre des plus spirituels (It’s Fun To Be Clean), piste hilarante et au chant à la limite du faux - mais souvent du mauvais côté de celle-ci.
La dernière page se tourne sur cette étrange contrefaçon de sérénade épinglée Spector et Zombies. C’est prétentieux et, comme la plupart du reste du disque, de bonne facture. On en demande une petite rasade de plus. Problème, il ne reste plus tant de choix que ça après tout ce temps : Evolution, deuxième tour de manège, a sonné le glas de la formation il y a quelque trente-neuf ans.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |