Opportuniste, prétentieux, pompeux, tels sont les adjectifs qu’utilisent les détracteurs de U2 pour qualifier l’attitude et la musique du groupe durant ces 20 dernières années marquées pour le groupe par une carrière auréolé de succès qui a fait bien des envieux dans la sphère Rock. Pourtant, U2 en 1988, a su prendre le risque de retourner vers l’authenticité, voire la rusticité des sonorités bluesy...

Au sommet avec l’album The Joshua Tree accompagné d’ une tournée triomphale, les Irlandais sont confortablement installés dans la nomenclatura de la rock musique des années 80 aux côtés de Depeche Mode, The Cure ou encore Bon Jovi ; Bono devient avec Sting le porte parole des causes perdues. U2 a droit à son rockumentaire filmé par Phil Jaenou .
L’album Rattle And Hum, disque mi-studio, mi-live ( morceaux issus des concerts nord-américains de la tournée de The Joshua Tree), parait simultanément au film montre un groupe à visage humain, épanoui, curieux qui se fait plaisir, avec des prises live et studio de titres originaux et de standards.

Album surpenant à plus d’un titre en effet, le groupe prend le contre pied d’une production surfaite comme The Joshua Tree et s’attaque aux racines de la musique américaine, se fend d’un titre avec BB King (When Love Comes To Town), reprend Bob Dylan (All Along The Watchtower), enregistre avec des chœurs gospel le magnifique I Still Haven’t Found What l’m Looking For et rend hommage à Billie Hollyday pour un Angels Of Harlem aux accents soul (les cuivres sont joués par les mythiques Memphis Horns). Ce disque permet à U2 de revisiter ses racines et prend le risque de déplaire à un public plus habitué à la pop énervée et épique des Irlandais qu’aux sonorités Rythm’n’Blues. L’album surprend, encore, avec l’improbable reprise de la chanson Helter Skelter tiré du White Album des Beatles, et qui influença une bande de killers californien à son époque, mais également Van Diemen’s Land aux accents celtes chanté par The Edge, et dédié à un poète irlandais, John Boyle O’Reilly.

Certains verront dans cet album une opportunité pour le groupe de montrer un visage plus humain, avec une vision plus organique de la musique, une nécessité de retourner aux racines du rock, la recherche d’un son brut, moins surproduit que ce que U2 a pu nous livrer sous la férule d’un Brian Eno par exemple.
Rattle And Hum est incontestablement le disque qui se démarque du reste de la discographie d’un groupe qui est actuellement plus habitué à se vautrer dans les cérémonies sur MTV ou dans les B.O de blockbusters américains que de prendre des risques sur le plan artistique. A vouloir plaire à Universal et coller aux attentes du public, U2 a perdu le charme et l’aura artistique qui caractérisait ce petit groupe au début des années 80...