Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Our Kid le 5 septembre 2005
sorti le 15 août 2005 (Parlophone / EMI)
Chaque nouvel album de Supergrass révèle des surprises : le troisième sonnait définitivement psychédélique, le quatrième sonnait glam et nous étions donc en mesure d’espérer quelque chose de différent sur ce cinquième album et là, effectivement, la surprise était de taille. Le dernier effort apparaît plus orchestré et rompt avec le son de Life On Other Planets :
L’album s’ouvre sur Tales Of Endurance (Parts 4,5 & 6), longue introduction acoustique rappelant We Love You des Rolling Stones, à laquelle succède, au bout d’une minute trente, le retentissement des trompettes comme pour annoncer le retour du groupe. La suite nous rassure : Gaz Coombes entonne son chant qui se révèle toujours aussi excitant. Ce morceau quasi-instrumental, proposé en guise d’ouverture de l’album, apparaît assez déconcertant notamment à la vue du titre et ce n’est pas l’harmonica final qui éclaircira ce mystère. Avec le morceau suivant et premier single extrait, St. Petersburg, l’auditeur se retrouve en territoire plus connu avec toujours cette dominance acoustique où on retrouve un Danny Goffey étonnament sobre aux fûts. Le mariage cordes, claviers et voix du chanteur rendent ce morceau sympathique.
Toujours dans cette mouvance acoustique et à tempo peu élevé, Sad Girl donne l’impression d’être le résultat réussi d’un collage de différentes chansons. La voix douce et sexy du chanteur procure un aspect romantique à ce morceau. Sur Roxy, le morceau débute par une intro calme au piano puis une montée électrique qui résonne pour la première fois ; du Supergrass classique quoique toujours orchestré. On peut y entendre un solo de guitare évoquant Let It Be sans pour autant le copier. Alternant pauses et explosions, ce titre est très convaincant et résume parfaitement Road To Rouen dans son ensemble : présence d’arrangements de cordes et tonalité acoustique mais pouvant être rejoints à l’occasion par un synthétiseur ou encore par des éclairs d’électricité. Le final de Roxy est un peu effrayant et nous plonge dans une atmosphère semblable à celle de 2000 Light Years From Home des Silex. Après plus de six minutes, le groupe et l’auditeur s’offrent une récréation avec Coffee In The Pot, expérimentation jazz manouche dont la présence sur ce disque est sûrement à mettre en relation avec la réalisation de l’album en territoire français.
Cette intermède semble présager d’une deuxième partie à l’album démarrant avec le titre éponyme dont l’introduction rappelle le Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (Reprise) ou encore The End de ces mêmes Beatles mais au bout de quelques secondes, c’est bien Supergrass que l’on retrouve avec une batterie qui s’est libéré de ses chaînes et prêtes à exploser comme le fan en rêve tant. On y retrouve le côté funky de In It For The Money qui fait de ce morceau une autre réussite, ne s’enfermant jamais dans un style mais réalisant une synthèse de genres. La piste suivante, Kick In The Teeth, démarre fort avec le riff emprunté au Come On Now des Kinks et indique que les guitares sont bien présentes. Les cordes ont déjà disparues et on écoute un tout autre album. C’est certainement la chanson la plus entraînante car bénéficiant des éléments caractéristiques du son Supergrass. Low C fait tomber l’ambiance et permet à l’album de retrouver son côté ballade avec son enchevêtrement piano/guitare également sautillant accompagnés de chœurs chauds sur fond de discrets synthés. Vers la fin du morceau, le tempo s’accélère quelque peu cependant mais ce sentiment ne dure pas puisque sur Fin, nous en sommes en présence d’une chanson léthargique qui peine à décoller, portant assez bien son nom. Ce titre dispose néanmoins d’éléments originaux comme la voix de Coombes passée au phasing, émergeant d’une ambiance calme. Ici, peu de guitares mais des synthés et des percussions flirtant avec la boîte à rythmes. En gros ce morceau pourrait être décrit comme du psyché pastoral électronique. A l’instar des quatre derniers morceaux de l’album qui laissaient croire à une toute autre réalisation du groupe, Fin présage d’une nouvelle orientation musicale que le groupe serait bien susceptible d’emprunter à l’avenir.
En résumé, Road To Rouen, bien que différent des efforts précédents manque de cohérence. On a l’impression que le tracklisting a été établi dans le désordre, donnant l’impression qu’il constitue un album de transition où le groupe se séparerait de ses influences précédentes et commencerait juste à mettre en place de nouvelles expérimentations, ce qui, à coup sûr, se traduira par une relative confidentialité de l’album. On ne peut pas reprocher au groupe d’innover car avec Supergrass, la musique est une affaire de plaisir. Vivement le sixième album...
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |