Confirmation que cette année 1995 était décidément exceptionnelle sur le plan musical pour l’Angleterre, I Should Coco apporta un zeste de fraîcheur dans un monde dominé par la britpop (Oasis, Blur, Pulp, Suede, Elastica ...). C’est ainsi que Supergrass a été hâtivement catégorisé britpop, même s’ils sont apparus après la première vague de groupes et que sa musique ne s’en apparente que sous quelques aspects seulement. Power pop semblerait mieux correspondre à la musique du trio d’Oxford composée d’une touche de punk, d’une pincée de pop britannique et desservie par une excellente rythmique (la batterie de Danny Goffey sonne comme celle de Keith Moon ...) et la voix incroyable de Gaz Coombes. Après avoir dû patienter avant de s’imposer en deux temps avec son single, Caught By The Fuzz, rejeté initialement par les radios, le groupe entre en studio pour graver son premier effort, sous la houlette de Sam Williams.

Accompagné d’un clavier sonnant tantôt new wave, tantôt glam, Supergrass enregistre treize pistes, témoignage absolu de ce qu’est le groupe : truffé d’humour et d’autodérision (We’re Not Supposed To), d’énergie (Caught By The Fuzz, composée après une nuit en prison d‘un des membres pour possession de marijuana), de rêveries d’adolescents (la relaxante Sofa (Of My Lethargy)), d’hymne à la jeunesse éternelle avec Alright, succès en single mais peu représentative de la musique du combo. Les morceaux, calibrés pour la scène et ne dépassant rarement les trois minutes, constituent de réelles réussites remplies de l’insouciance des vingt ans des membres du trio. De la sautillante I’d Like To Know en passant par le tube Strange Ones ou les morceaux plus mûrs, plus sérieux et plus orchestrés (She’s So Loose avec ses discrètes mais efficaces cordes) laissent l’auditeur pantois pour un premier effort. Variant les plaisirs, le groupe clôt l’album sur la fausse ballade acoustique Time To Go, en guise de remerciements et laisse suggérer son retour sur d‘autres aventures sonores, une affaire qui ne traînera pas.