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mercredi 15 avril 2015
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par Giom le 19 juillet 2005
Il fait encore très chaud quand, vers 19 h 45, nous foulons le fameux tapis rouge de l’Olympia pour assister à l’unique date française du groupe islandais Sigur Ros que, pour une partie d’entre nous, nous n’avions pas vu depuis un petit peu plus de quatre ans à l’occasion de leur performance légèrement décevante dans un festival britannique pourtant mémorable au plus haut point.
Le temps d’un petit sitting de vingt minutes avec mes collègues où nous discutons dans la bonne humeur de tout et de rien, et la lumière s’éteint pour laisser place à quatre personnes de sexe féminin et à la blondeur de cheveux impressionnante. J’ai du mal à juger leur age tant deux d’entres elles me semblent de vrais enfants. Elles entament alors un show étonnant, mêlant leurs qualités d’instrumentalistes à cordes avec des boucles rythmiques sorties d’un Mac nouvelle génération à la pomme brillante. Ca ressemble tout de même à du Múm mal dégrossi et leur quarante cinq minutes d’exercice ont du mal à me convaincre. Le manque de partie vocale est sûrement pour quelque chose dans le fait que je n’ai pas vraiment apprécié leur prestation, mais de toute façon, je - et je ne pense pas être le seul - n’ai fait le voyage que pour une seule chose : Sigur Rós.
Une fois nos clones des actrices de Virgin Suicides parties, les techniciens recouvrent la scène d’un grand drap blanc, ce qui a pour conséquence d’impatienter ce public de néo-baba (en toute sincérité, je tiens à signaler que j’en suis membre à part entière) qui ferait le régal d’un sociologue des tendances de la jeunesse de ce début de siècle. Au bout d’une demi heure d’installation, les lumières s’éteignent à nouveau, laissant place au groupe qui délivre un superbe morceau introductif qui semble être une nouvelle composition. Même avec ce qui parait être un petit problème de micro (qui donnait, sans le vouloir une véritable tonalité expérimentale à ce titre) les bluebirds volaient déjà autour des oreilles et les pieds décollaient du sol.
Le plaisir dû au son est renforcé par le magnifique jeu d’ombres et de lumières permis par le rideau, qui crée un effet visuel d’une grande beauté.
Le rideau disparaît et s’en suit un setlist époustouflant, laissant la part belle aux perles d’Ágætís Byrjun mais proposant de nouvelles compositions prometteuses puisque le prochain album des Islandais est attendu pour la rentrée. Le déjà mythique Ny Batterí est joué très tôt et permet à la soirée de gagner en intensité dès le début. Car de l’intensité, il y en a eu, en veux-tu, en voilà ! Le groupe sachant créer à partir de leurs morceaux aux structures complexes, un son véritablement apocalyptique comme sur le démentiel Hafssól, (c’est très chiant d’écrire les titres des morceaux de ce groupe, tant les accents ne manquent pas), morceau du premier album Von et joué pour clore la première partie du show, qui provoqua une véritable transe chez votre rédacteur.
Le grand plus de ce live par rapport à celui que j’avais eu la chance de voir en 2001 consiste dans la présence d’un véritable quatuor de cordes (nos grandes amies de la première partie qui répondent au doux nom de l’Amina String Quartet) qui donne de l’ampleur à la musique et soutient les envolées androgynes du chanteur Jón Bór Birgisson qui, malgré ses problèmes de micro, possède le don de transporter votre esprit vers d’autres sphères. La bande vidéo reste insignifiante car elle n’est pas au niveau de la bande sonre, ce qui n’est franchement pas grave. La pureté du son est parfaitement retransmise par l’acoustique de l’Olympia qui tient sa réputation de salle parfaite, ce qui facilite encore plus le voyage musical.
Certes, il n’y eu qu’un rappel, mais quel rappel ! Sorte de point culminant sonore qui allait transporter un public, pourtant décevant tant la synchronisation des applaudissements laissait à désirer, au septième ciel parmi les neiges et les glaces, grâce aux deux joyaux atmosphériques que sont Olsen Olsen, à la batterie surpuissante, et Popplagi, très apprécié du « noyau dur » des fans du groupe. Après deux heures de trip intemporel et un grand Takk (merci pour les non linguistes) en fond visuel lors du salut du groupe, le retour au tapis rouge est difficile mais la majorité des visages semble illuminée. Certains n’ayant pas hésité, dans le fond de la salle, à s’installer dans une position de fœtus (!) par mimétisme avec la pochette d’Ágætís Byrjun pour mieux savourer la performance de leur groupe fétiche. Le jour où j’en serais là, j’espère que mes amis sauront me remettre sur des rails légèrement plus raisonnables. Mais bon, le fanatisme réserve bien des surprises !
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